À DROITE, PANNE DE MESSAGE OU D’ÉMETTEUR ?

La droite aurait dû être le réceptacle de la colère ; elle semble en être une cause parmi d’autres. Si la crise a été évitée chez les Républicains au lendemain du premier tour des élections régionales, ce n’est pas parce que les résultats incitent à l’autosatisfaction : l’opposition aussi est dans l’impasse. La fausse unanimité lors du bureau politique (BP) du 7 décembre ne trompe personne.  » Chacun avait laissé les couteaux sur la table, on les voyait « , témoigne un présent. Sauf redressement le 13 décembre, sonnera vite l’heure des procès. Procès d’une ligne, procès d’un homme.

En 1988, Charles Pasqua, ministre français de l’Intérieur, avait additionné toutes les voix de  » droite « , dont celles du FN. La ficelle était grosse. Le 6 décembre, Nicolas Sarkozy a voulu être plus subtil en additionnant  » toutes les expressions de l’exaspération  » :  » Celles d’abord qui se sont portées sur les candidats des Républicains et du centre, mais aussi celles qui ont fait le choix du FN.  » L’ancien président court derrière les électeurs d’extrême droite, mais ces derniers courent plus vite que lui. Jusqu’à présent, il refuse de changer de stratégie.

 » La bêtise, c’est de faire toujours la même chose en espérant que le résultat sera différent  » : Gilles Boyer, le bras droit d’Alain Juppé, s’est contenté de ce tweet citant (approximativement) Einstein pour prendre rendez-vous pour le 14 décembre. Pour le moment, le maire de Bordeaux parle de  » se serrer les coudes  » – quand François Fillon préfère  » serrer les boulons « . Juppé constate simplement que la droite n’est  » plus audible « . Pendant le bureau politique, il a raconté que, lorsqu’il pointait devant des électeurs certaines mesures programmatiques, il s’entendait répondre :  » On vote pour le FN en sachant qu’ils n’appliqueront pas leur programme.  »

La droite connaît-elle un problème de message ou d’émetteur ?  » Aujourd’hui, je trouve que Sarkozy est perdu ; la marque Juppé n’existe pas autrement qu’en anti-Sarkozy ; et François Fillon est un simple remplaçant « , se désole un ancien ministre. Jean-Pierre Raffarin émet des réserves – lors du BP, Nicolas Sarkozy, qui les connaissait, a d’abord donné la parole à plusieurs intervenants pour énerver l’ancien Premier ministre, avant de lui téléphoner dans la foulée pour se justifier. Si Bruno Le Maire ou Jean-François Copé, deux candidats potentiels aux primaires, n’ont pas pris la parole, ils n’en pensent pas moins. Nicolas Sarkozy comptait transformer ces régionales en un tremplin pour la primaire. Il ne peut plus être exclu qu’après le second tour, certains tentent de le renverser.

Eric Mandonnet

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