6 ARCHEVÊQUES DE CHOC DE NOTRE HISTOIRE

Granvelle, premier archevêque de Malines

Conseiller de Charles Quint, puis de son fils Philippe II, Antoine de Granvelle accède, en mars 1561, à la dignité d’archevêque de Malines, diocèse nouvellement créé. Aux yeux des Belges qui le détestent, ce Franc-Comtois rusé, élégant et amateur de luxe passe pour un despote. Car il préside la Consulta, collège secret qui détient, dans les Pays-Bas espagnols, la réalité du pouvoir, confié nominalement à la régente Marguerite de Parme. Pamphlets et affiches, dessins et vers satiriques accablent d’injures le  » diable rouge « , l' » archi-vilain « , le  » pourceau d’Espagne « , exécutant servile de la politique intransigeante de Madrid. L’impopularité grandissante du cardinal Granvelle entraîne son rappel en 1564.

Méan, premier primat de Belgique

Parcours singulier que celui de François-Antoine de Méan, né au château de Saive : il est à la fois le dernier prince-évêque de Liège (1792-1794) et le premier primat de Belgique (1831). Avec sa minuscule armée et quelques centaines de partisans, il se réfugie à Erfurt quand les armées françaises mettent un terme, en 1794, à la souveraineté liégeoise. En 1815, Méan accepte de prêter serment à la Loi fondamentale du nouveau royaume des Pays-Bas, au grand scandale des catholiques ultramontains. Le roi Guillaume Ier, qui l’a nommé archevêque du diocèse de Malines en 1817, voit en lui un prélat souple et mondain, pressé d’obtenir le siège archiépiscopal en compensation de son long exil.

Sterckx, figure de proue de l’épiscopat

Homme de confiance de l’archevêque de Méan, Engelbert Sterckx anime, dès 1827, l’opposition du clergé à la politique religieuse du roi Guillaume. Après l’indépendance, le chanoine défend la nouvelle Constitution belge vis-à-vis de Rome. Comme archevêque de Malines, il influence, pendant trente-cinq ans (1832-1867), la vie politique et religieuse du pays : il soutient l’unionisme et les catholiques libéraux et réorganise complètement son diocèse : création d’écoles, de collèges, de petits séminaires. Le cardinal Sterckx impose son leadership aux autres évêques du pays grâce à des réunions régulières.

Mercier, archevêque patriote

Né à Braine-l’Alleud, Désiré-Joseph Mercier, 16e archevêque de Malines (1906-1926) se préoccupe de la qualité sacerdotale de son clergé et développe la dévotion mariale. Très attaché à la Belgique, le cardinal Mercier adopte une attitude négative à l’égard du mouvement flamand. Son action pendant la Première Guerre mondiale, en particulier ses interventions publiques contre les excès des autorités allemandes d’occupation, lui valent une grande popularité, y compris parmi les non-catholiques. Figure marquante des débuts de l’oecuménisme dans l’après-guerre, il oeuvre au rapprochement avec le monde anglican.

Van Roey, primat influent

Nommé en 1926, Joseph-Ernest Van Roey dirige son diocèse de Malines dans la ligne traditionnelle des prélats de l’époque préconciliaire. En 1937, lors de l’élection partielle à Bruxelles provoquée par Léon Degrelle, son appui à Paul Van Zeeland, candidat des partis démocratiques, joue un rôle majeur dans l’effondrement du rexisme. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il soutient la résistance de la population belge et proteste contre l’envoi forcé de travailleurs en Allemagne. Le cardinal Van Roey s’est encore montré influent lors de la Question royale, de la guerre scolaire et de la décolonisation du Congo. Son ministère, qui s’achève à sa mort, en 1961, aura duré plus de trente-cinq ans.

Suenens, premier archevêque de Malines-Bruxelles

A la tête de l’archidiocèse à 57 ans, ce Bruxellois d’origine flamande fait rétablir le diocèse d’Anvers en le détachant du sien, qu’il divisera par la suite en trois zones pastorales. Il est ainsi le premier archevêque de  » Malines-Bruxelles « , nouveau nom du diocèse. Créé cardinal en 1962, Léon Suenens est l’un des quatre modérateurs et l’une des personnalités les plus en vue du concile Vatican II. Conseiller spirituel du roi Baudouin et grand protecteur du Renouveau charismatique, il contribue à maintenir ce mouvement au sein de l’Eglise. Démissionnaire en 1979, à l’âge de 75 ans, selon la règle, il est remplacé par Mgr Godfried Danneels, archevêque pendant trois décennies (1979-2010).

O. R.

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