L’onde de choc avait surgi au c£ur de 2008, l’année qui allait faire voler en éclats toutes les certitudes. Elle a secoué avec la même violence 2009, l’année de tous les soubresauts et de tous les dangers. Drames humanitaires, tensions extrêmes sur tous les points chauds du globe (Gaza, Afghanistan, Pakistan), économie mondiale déboussolée, finances en lambeaux, ultras en progression, de même que les conservatismes les plus rétrogrades… la planète en a vu de toutes les couleurs ces douze derniers mois. Le choc est réel, l’enfer, c’est les autres, c’est nous, bref, tout a basculé.
Mais sous l’épaisse couche des désordres qui nous hantent pointent déjà des changements dont on veut croire qu’ils nourriront des impulsions nouvelles, des dynamiques créatrices, des stratégies progressistes. La main tendue d’Obama à l’Iran, sa volonté d’aller vers le multilatéralisme, une attitude en rupture totale avec l’ère Bush interpellent, même si le chemin est bien long encore. Un grand pas est franchi quand cesse la diabolisation de l’autre, le dialogue pouvant enfin s’inviter. Et pourquoi pas au Proche-Orient, là où on rêve de voir s’ouvrir une petite fenêtre dans le tragique dossier israélo-palestinien, là où quelques apôtres courageux font entendre leur voix ?
La Belgique n’aura pas été épargnée, non plus, cette année. Pour nous aussi, des certitudes se sont évanouies. Ainsi, des pans entiers de notre économie sont devenus si vulnérables qu’ils pourraient s’atrophier. Sans oublier la progression du chômage qui menace, la justice qui chancelle, les intégrismes qui relèvent la tête, l’ombre de BHV qui s’incruste, la N-VA qui s’agite, et bien des querelles stériles entre partis politiques qui se multiplient, même au sein de l’olivier tout neuf. La fin d’un état de grâce ? Van Rompuy sorti par la grande porte, Leterme revenu par la petite, le gouvernement réussira-t-il à maintenir une stabilité bien fragile, socle indispensable pour affronter la grande réforme de l’Etat à laquelle les francophones ne pourront plus se soustraire ? Nucléaire, asile, budget, l’équipe a semblé tenir bon. Mais qu’en sera-t-il demain, au moment même où, pour faire face aux changements radicaux inévitables, le politique, qui a prouvé qu’il était redevenu indispensable, devra occuper toute la place ? Non pas le politique éclaboussé par les scandales, les petites phrases assassines, les scuds destructeurs. Les citoyens désabusés attendent, plus qu’un zeste d’espoir, des perspectives. Il s’agira, alors, de repenser la réalité, rongée par les pertes d’illusions des citoyens, les peurs, les troubles d’identité pour trouver une forme de solidarité inédite, originale. Vaste programme, ambitieux mais nécessaire, qui exige l’engagement de vrais hommes d’Etat, des visionnaires qui nous conduiraient à croire en un inconnu qu’on voudrait autrement qu’en noir ou en gris.
Notre histoire n’est certes pas un long fleuve tranquille. On le sait bien, 2010 s’annonce incertain. Pays cherche avenir désespérément. Mais » le pire n’est pas toujours sûr « , disait Claudel. Shootés à l’optimisme, nous osons croire que, si rien ne va plus, tout ira mieux demain !
christine laurent
Si rien ne va plus, tout ira mieux demain