100 000 bougies pour le dire…

Voilà trente ans qu’en Belgique, à l’invitation d’Amnesty International, des flammes d’espoir brillent le 10 décembre. Une façon aussi, pour l’organisation, de mettre un peu de beurre dans les épinards

Mieux vaut allumer une bougie que maudire l’obscurité « , dit le proverbe chinois. C’est donc tout naturellement qu’en 1961 la bougie est devenue l’emblème d’Amnesty International. Une bougie encerclée par des fils de fer barbelés : un symbole clair et universel. Voici quelques jours encore, ce sont les bougies qui exprimaient le deuil, le combat et l’espoir des victimes de la terrible catastrophe qui a frappé la ville de Bhopal en Inde il y a vingt ans.

Pendant les années 1970, la bougie devient pour Amnesty Belgique francophone le fer de lance de la campagne de sensibilisation annuelle pour la Journée internationale des Droits de l’homme. Cette journée, célébrée le 10 décembre, n’a pas été choisie au hasard : c’est la date anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des Droits de l’homme par l’Assemblée générale des Nations unies en 1948.

Organisation non gouvernementale, Amnesty doit subvenir seule à ses moyens. Pour cela, elle peut compter sur 1,1 million de membres et sympa- thisants. Grâce à eux, à leur cotisation et à leurs dons, Amnesty peut vivre et mener à bien ses nombreuses campagnes.

En Belgique, une partie de l’aide financière apportée à la maison mère d’Amnesty provient donc de la vente des bougies. Même s’il est possible de les acheter via Internet toute l’année, elles sont majoritairement vendues à l’occasion de la Journée internationale des Droits de l’homme. Cette initiative belge a connu une évolution constante et assez impressionnante :  » Au début, on vendait 500 bougies. L’année dernière, ce sont plus de 100 000 pièces qui ont trouvé un acquéreur « , explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty. Vendue à 5 euros, la bougie a son importance : elle représente 80 % des revenus commerciaux de l’organisation. Ce qui équivaut plus ou moins à 450 000 euros de bénéfices.

Ce sont les 70 sections locales qui gèrent elles-mêmes la vente dans leur région. Les membres choisissent leurs points de vente et trouvent des endroits – des pharmacies, des boulangeries…- pour faire des dépôts. Cécile Remy, d’une locale namuroise, raconte :  » Dans notre groupe, nous ne sommes que 10. Ce qui n’est pas assez pour la durée de la campagne. De nombreux amis viennent alors nous donner un coup de main. Deux heures de bénévolat à la sortie d’une grande surface sont pour nous plus qu’une aide appréciable.  » Cette ancienne psychopédagogue donne aussi des conférences dans des écoles.  » Parler directement aux jeunes permet de les sensibiliser plus facilement. Parfois avec succès : certaines classes où je suis allée ont organisé la vente de bougies dans leur école.  »

Mais le but de cette campagne n’est pas que lucratif, il se veut aussi symbolique. Il est demandé d’allumer les bougies le 10 décembre. Pour ne pas oublier que la lutte pour le respect des droits humains risque d’être longue et âpre, mais pas sans espoir.

Mateusz Kukulka

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