10 placements qui sortent de l’ordinaire

Hors la Bourse, point de salut pour les investisseurs ? Bien sûr que si ! Ceux qui souhaitent diversifier leurs placements en quête de rendements attractifs ou de valeurs refuges, d’instruments plus éthiques ou qui procurent du plaisir, ceux-là ont l’embarras du choix. Et pas nécessairement besoin de gros moyens…

1. Le vin : réservé aux passionnés

Capital minimum : 250 000 euros

Profil d’investisseur : connaisseur et passionné

Horizon de placement : plusieurs années

Niveau de risque : élevé

Rendement possible : difficile à déterminer

De tous les grands crus, c’est le Château Lafite Rothschild que les Chinois préfèrent. Sans doute pour son goût, mais surtout pour son nom, qu’ils parviennent plus facilement à prononcer que d’autres. Ils apprécient aussi particulièrement le Château Beychevelle pour… le dragon qui figure sur l’étiquette. Le succès international d’un vin tient parfois à peu de chose. Des petits détails qu’il vaut mieux connaître lorsqu’on décide de se lancer dans ce type de placement. Néophytes, s’abstenir !

L’investissement dans l’or rouge peut prendre plusieurs formes. D’abord, l’achat d’un vignoble.  » Mais mieux vaut alors s’appeler Albert Frère ! « , sourit Peter Vanden Houte, chief economist chez ING, qui donne également des cours sur le sujet à l’Ichec Entreprises. Ensuite, l’acquisition d’actions de producteurs viticoles cotés en Bourse ou l’investissement dans des parcelles de vigne via des sociétés immobilières, mais les rendements seraient loin d’être faramineux.

Enfin, l’achat de bouteilles.  » Intéressant et dangereux à la fois « , résume le spécialiste. Car pas question de miser sur un breuvage acheté dans la grande surface du coin. On parle ici d’une gamme très spécifique (les vins de Bordeaux et quelques premiers crus classés), donc très restreinte (à peine 3 % de la production bordelaise).

Pas question d’organiser le stockage dans sa cave. Le petit monde de l’oenologie ne badine pas avec les conditions de conservation. Il faut dès lors passer par des firmes spécialisées, qui s’occupent non seulement de l’entreposage dans des conditions optimales, mais qui scrutent aussi les ventes publiques, participent aux primeurs (ces sortes de préventes avant embouteillage)… Un job à plein temps.

 » La mise de départ est importante : au moins 250 000 euros, précise Bernard Keppenne, chief economist chez CBC. Ce n’est pas le type d’investissement qui permettra d’avoir une rente.  » Le vin est en réalité très peu liquide : il faudra parfois plusieurs mois pour trouver un acquéreur.

Certes, les flambées des prix de ces dernières années ont fait miroiter monts et merveilles aux investisseurs en quête de rendement. Le Liv-ex Fine Wine, qui analyse l’évolution tarifaire des 100 plus grands crus, montre une progression impressionnante jusqu’en 2011, suivie d’une chute vertigineuse jusqu’à aujourd’hui.

Les millésimes de 2009-2010, jugés exceptionnels, ont été suivis d’autres plus décevants. Surtout, les Chinois, qui avaient jusqu’alors boosté le marché, sont devenus moins dispendieux, notamment en raison de l’instauration d’une loi anticorruption. Alors qu’auparavant, lorsqu’il fallait corrompre un fonctionnaire, le pot-de-vin n’avait jamais aussi bien porté son nom. Actuellement, les Etats-Unis montrent un certain intérêt, incités par un taux de change attractif, mais cela ne donne pas lieu à de grandes envolées.

Bref, les passionnés trouveront peut-être toujours un avantage à acheter une bouteille de luxe (comptez entre 500 et 1 000 euros pièce) aujourd’hui pour la garder à maturité, dans l’optique de la boire un jour. Ceux qui ne visent que le placement financier prennent le risque au final d’avaler de travers. M. Gs

2. Le whisky : à la recherche du tonneau en or

Capital minimum : indéterminé

Profil d’investisseur : passionné

Horizon de placement : long terme

Niveau de risque : élevé

Rendement possible : variable selon les bouteilles

De tous les spiritueux, le whisky est celui qui sera le plus souvent considéré comme un produit d’investissement, devant le rhum. Mais celui qui s’aventure sur ce terrain devra de préférence être un connaisseur. Le marché se révèle restreint. L’option la plus lucrative est l’achat des derniers tonneaux à une distillerie qui ferme ses portes. Celui qui met la main sur cette rare denrée pourra écouler ses bouteilles à prix d’or. Jusqu’à 2 000 ou 3 000 euros pièce, pour les plus recherchées. Ce fut notamment le cas avec la distillerie d’Ardbeg en Ecosse, qui avait fermé ses portes en 1981 avant d’être rachetée par un groupe international en 1996. Les centilitres de la belle époque attisent toujours l’intérêt des fortunés passionnés.

Mais si l’on s’en fie au World Whisky Index, les tarifs sont loin de certains sommets rencontrés pour le vin. Quelques centaines d’euros en moyenne. Par contre, cet alcool possède un sérieux avantage sur son concurrent vinifié : pas besoin de conditions de conservation particulières, pas de risque qu’il devienne  » bouchonné  » avec l’âge car il se préserve (une fois dans son contenant en verre) sans plus évoluer au fil des ans. Les bouteilles les plus anciennes ont toutefois la cote, par exemple auprès d’amateurs qui recherchent un flacon datant de leur année de naissance. M. Gs

3. L’art contemporain : miser sur le bon artiste

Capital minimum : quelques milliers d’euros

Profil d’investisseur : amateur éclairé

Horizon de placement : quelques années

Niveau de risque : variable

Rendement possible : aléatoire

C’est en misant sur de jeunes peintres qu’il avait rencontrés à leurs débuts que le galeriste parisien Paul Rosenberg, grand-père de la journaliste Anne Sinclair, a assis les bases d’une collection qui assurera à sa famille une fortune colossale. Leurs noms : Braque, Picasso, Matisse, Fernand Léger… Toutes proportions gardées, un tel scénario est encore possible aujourd’hui, assure Antonio Nardone, galeriste, organisateur de la Off Art Fair à Bruxelles, curateur de nombreuses expositions et éditeur de la revue d’art contemporain De Facto.

 » Selon un classement effectué chaque année par le magazine Trends, argue-t-il, l’art est le troisième véhicule d’investissement en Belgique, après la Bourse et l’immobilier. Jadis, les Belges investissaient surtout dans les antiquités et les peintres classiques. C’était un placement de bon père de famille qui procurait du plaisir à ceux qui en avaient les moyens et, faute d’assurer une plus-value mirobolante à la revente, garantissait au moins qu’on ne perdrait jamais sa mise. Mais depuis une vingtaine d’années, les investisseurs se tournent plutôt vers l’art moderne et les artistes contemporains.  »

Antonio Nardone ne le cache pas, c’est un placement risqué. Mais qui peut être rentable.  » Ceux qui placent plus de 50 000 euros dans une oeuvre pour la revendre espèrent une plus-value de 20 à 30 % dans les deux ans. Minimum.  » Conseil de spécialiste : à moins d’être un fin connaisseur, évitez les artistes qui ne sont pas situés dans votre zone géographique.  » Certains ont investi dans des artistes chinois parce qu’ils sont à la mode et qu’ils étaient prétendument exposés dans de grands musées en Chine. Ça ne veut rien dire : les Chinois n’ont pas la même notion de musée d’art moderne que nous.  »

En revanche, si vous misez sur des peintres ou sculpteurs belges, vous pourrez suivre de près l’évolution de leur carrière : expositions, ouvrages, ventes, présence dans les galeries et même les grands musées étrangers… Valeurs sûres : les Jan Fabre, Luc Tuymans et autre Wim Delvoye, pour ne citer qu’eux, dont la cote ne cesse de grimper.

Mais il ne faut pas viser si haut. La meilleure recette consiste à imiter les grands collectionneurs de l’histoire en pariant sur de jeunes artistes émergents, jusqu’à devenir acteur de leur notoriété.  » Avec 20 000 à 40 000 euros, vous pouvez investir dans l’achat de plusieurs toiles et contribuer ainsi à l’organisation d’une ou deux expositions et à la publication d’un livre qui fera connaître votre protégé. Vous exposez une toile chez vous et conservez les autres pour les revendre dans quelques années, lorsque son travail se sera développé et que ses oeuvres de jeunesse seront recherchées.  » Une forme de mécénat à but lucratif, en quelque sorte. Avec une dimension supplémentaire : le plaisir de posséder une (ou plusieurs) oeuvres, de pouvoir l’exposer, la prêter aux expositions et d’entrer dans le cercle fermé des collectionneurs d’art. Autre chose que d’investir dans des actions ou des sicav, non ? Ph. B.

4. L’horlogerie et la joaillerie : d’excellentes valeurs refuges

Capital minimum : moins de 10 000 euros

Profil d’investisseur : amateur

Horizon de placement : plusieurs années

Niveau de risque : faible

Rendement possible : bon père de famille

Il y a quelques jours à peine, Jacques Wittmann animait une conférence destinée à des investisseurs privés réunis par Belfius. Thème du jour : investir dans l’horlogerie. L’orateur en connaît un cadran puisqu’il incarne avec son frère Arnaud la sixième génération des horlogers-bijoutiers De Greef, une maison bruxelloise qui vient de fêter ses 165 ans et représente les fleurons de l’horlogerie suisse. Pour lui, aucun doute, voilà un excellent investissement qui cumule deux atouts majeurs : un statut de valeur refuge et une grande liquidité.

 » En revanche, sauf exception, il ne faut pas en attendre de plus-value immédiate, tout comme dans l’immobilier. Mais une belle montre de marque ne perdra pas sa valeur et se revendra toujours facilement, en quelques heures ou quelques jours, sans qu’il faille passer par les salles de vente. C’est un marché mondial avec une demande forte.  » La plus-value, elle, dépend du modèle et de sa rareté… et doit être amputée des frais d’entretien si la montre est portée par son propriétaire, ce qui est le plus souvent le cas.

Comment faire son choix ? D’abord, en préférant les nouveaux modèles aux montres anciennes, dont le prix de vente intègre généralement déjà la plus-value. Ensuite,  » pour bien acheter, il faut aimer, tranche Jacques Wittmann. Investir dans l’horlogerie demande un minimum de connaissance. Certaines marques appuient leur notoriété sur 80 % de savoir-faire et 20 % de marketing. Pour d’autres, c’est exactement l’inverse.  »

Evitez de vous précipiter sur les pseudo séries limitées qui, le plus souvent, sont avant tout du marketing. Mais pas toujours : chez Patek Philippe ou Panerai, par exemple, elles reflètent généralement une vraie innovation. Dans un cas, on se situe entre 30 000 et 1 million d’euros ; dans le second, on trouve déjà de belles pièces à moins de 10 000 euros. Valeur sûre également, dans une gamme de prix qui reste accessible, l’éternelle Rolex ; pas seulement pour la demande, qui reste soutenue, mais aussi parce que la marque a  » toujours investi dans son propre ADN « , résume l’expert. Ph. B.

5. L’immobilier : le mariage entre sécurité et rentabilité

Capital minimum : 100 000 euros

Profil d’investisseur : Monsieur Tout-le-Monde

Horizon de placement : au moins 10 ans

Niveau de risque : faible

Rendement possible : entre 3 et 4,5 % par an

Le marché des secondes résidences a la cote. Jadis essentiellement considérées comme des maisons de campagne ou de vacances, elles tiennent désormais le plus souvent lieu de maisons de rapport. Investir dans la brique est devenu nettement plus rentable que laisser dormir son argent sur un compte épargne et moins risqué que de le placer en Bourse. Et surtout, souligne Eric Verlinden, CEO du Groupe Trevi,  » l’immobilier est la seule classe d’actifs qui permet de profiter de l’effet de levier du crédit hypothécaire.  »

Pour démarrer sur ce marché, un capital disponible de 100 000 euros suffit pour pouvoir en consacrer la moitié à votre investissement et conserver le reste pour la soif. Visez un studio à Bruxelles (très demandé en location) pour 130 000 euros, soit environ 150 000 avec les frais, empruntez-en 100 000, il vous en coûtera 500 euros par mois. L’emprunt sera plus que couvert par les loyers et vous bénéficierez d’une belle plus-value à long terme. Cerise sur le gâteau : les intérêts sont déductibles sous différentes formes.

En moyenne, selon Trevi, l’un des leaders du marché,  » l’immobilier procure en Belgique un rendement compris entre 3 et 4,5 % par an, ce qui est plus que correct.  » Le pourcentage d’investisseurs ne cesse d’augmenter et ils investissent, toujours en moyenne, entre 200 000 et 500 000 euros.  » S’ils en attendent une rentabilité correcte, ajoute notre expert, ce n’est pas l’élément-clé : ils veulent d’abord de la sécurité.  » Le revers de la médaille, c’est l’absence de liquidité. Une bonne opération suppose un horizon de placement d’au moins 10 ans.

Où investir et dans quel type de bien ? Réponse limpide : là où la demande locative est la plus forte ! Bruxelles, par exemple, compte 43 % de propriétaires contre 71 % en moyenne nationale. Cela fait donc 57 % de locataires et une demande soutenue, surtout pour de petites unités d’une à deux chambres maximum. C’est actuellement ce qui procure le meilleur rendement. Eric Verlinden préconise d’acheter plutôt du neuf que de l’ancien. Plus cher à l’achat, mais vous aurez peu ou pas de frais d’entretien ni de rénovation pendant les premières années, vous bénéficierez de la garantie décennale, les finitions seront au goût du jour et vous serez en ordre sur le plan énergétique.

Et la sécurité de l’investissement, est-elle réellement garantie ? On entend régulièrement dire que le marché immobilier belge est surévalué ou brandir la menace d’une taxation sur les loyers…  » Cette taxe, c’est un peu le monstre du Loch Ness qui réapparaît régulièrement depuis 25 ans, balaie le spécialiste. Il y a certainement plus de risque de voir augmenter la fiscalité sur les revenus mobiliers, surtout spéculatifs ! Quant à la surévaluation évoquée par le secteur financier il y a deux ou trois ans, après la crise immobilière qui a frappé d’autres pays européens, elle ne l’est plus aujourd’hui. Ceux qui l’annonçaient affirment même le contraire. En Belgique, le secteur bénéficie toujours d’un environnement très stable et très sain.  » Ph. B.

6. Le bois : patience, ça pousse !

Capital minimum : environ 5 000 euros

Profil d’investisseur : Monsieur Tout-le-Monde

Horizon de placement : 50 ans minimum

Niveau de risque : moyen

Rendement possible : 0,50 à 4 %

Les parcelles partent comme des petits pains. De la propriété de quelques ares à la forêt de plusieurs hectares, vierge ou déjà peuplée, qu’importe pourvu qu’il y ait la possibilité de récolter du bois. Pas tout de suite : tant les conifères que les feuillus sont des investissements à long terme. Très long terme. Celui qui plante un résineux aujourd’hui devra attendre 50 ans minimum avant la coupe. Plus d’un siècle s’il s’agit d’un autre arbre.

Cela ne rebute pas les amateurs. Depuis 2008, les terrains forestiers sont pris d’assaut. Tant par Monsieur et Madame Tout-le-Monde que par de fortunés investisseurs. Sans doute l’un des effets collatéraux de la crise.  » Cet engouement fait aussi suite à une modification du code forestier en Région wallonne, explique Olivier Noiret, expert forestier. Il y a désormais une exonération des droits de succession sur la valeur des arbres, pas sur celle du terrain.  » Mais puisque les troncs ont bien plus de valeur que les terres…

Ce type de parcelles reste en effet abordable. Le prix moyen de l’hectare tourne autour des 5 000 euros.  » Parfois 3 000 si la plantation est très jeune, mais jusqu’à 25 000 euros s’il s’agit de vieux arbres « , estime le spécialiste. Forte demande oblige, les tarifs ont presque doublé ces dernières années.

 » Quant au rendement, il varie entre 0,5 et 4 %, ajoute Pierre Fonteyn, expert forestier. Tout dépendra de l’essence : plus elle pousse vite, plus elle sera rentable. Il ne faut pas négliger les problèmes que peut rencontrer le peuplement au cours de sa vie : une tempête, une sécheresse, des insectes, du gibier… Ce n’est pas un placement sans risque !  »

 » Ce n’est pas l’eldorado qu’on imagine, enchaîne Olivier Noiret. L’avantage, c’est que le capital de base ne diminuera pas. Les intérêts seront par contre soumis à la loi du marché « . Marché qui reste fluctuant, surtout pour les résineux. Même si la demande au niveau mondial a plutôt tendance à augmenter, soutenue notamment par les pays asiatiques. Mais qui peut dire si ce sera toujours le cas dans 50 ou 100 ans… M. Gs

7. Les fonds de tiers : pour investir aux quatre coins du monde

Capital minimum : pas de minimum pour la plupart des fonds, mais il peut y en avoir pour accéder aux services gestion de fortune de la banque qui les distribue

Profil d’investisseur : dynamique ou agressif

Horizon de placement : 5 à 10 ans

Niveau de risque : élevé

Rendement possible : supérieur à la moyenne

Amundi, BlackRock, Carmignac, Fidelity, Pictet, JP Morgan Asset Management… Des noms qui font parfois rêver sur la planète finance. De quoi s’agit-il ? D’institutions financières internationales dont certains fonds de placement sont réputés offrir des rendements (nettement) supérieurs à ceux de la concurrence. Les plus connus sont distribués par les principaux private bankers du royaume, qui les désignent par l’expression  » fonds de tiers  » pour les différencier des fonds maison. En matière d’investissement financier, c’est ce que les spécialistes appellent l’architecture ouverte.

On trouve une cinquantaine de fonds de tiers connus (et agréés) sur le marché belge. Et les investisseurs en sont friands. Une récente étude de la société Indefi, spécialiste de la gestion d’actifs, chiffre à 12 000 euros le montant investi en moyenne par chaque Belge dans des fonds communs de placements, bien au-dessus de la moyenne européenne. Et sur ce montant, 35 % seraient consacrés à des fonds d’institutions étrangères. Pourquoi un tel engouement ? Souci de diversification, d’accès aux marchés internationaux… et question de notoriété. Celle-ci est-elle justifiée ?

 » Nous proposons les fonds maison là où nous estimons pouvoir apporter une plus-value grâce à notre expertise, notre connaissance du marché et nos réseaux d’analystes européens, explique Jean-Marc Turin, gestionnaire de portefeuilles à la banque Degroof et chargé de la sélection des fonds. Par exemple, pour les actions belges et européennes. Mais nous n’avons ni les équipes ni des ressources infinies pour pouvoir suivre de près tous les actifs dans le monde. D’où notre volonté de travailler avec d’autres asset managers de talent, connus pour leur expertise sur des produits et marchés spécifiques comme ceux des pays émergents. Nous les sélectionnons sur la base d’une analyse scrupuleuse et nous établissons avec eux des relations à long terme.  »

Ils ne sont pas la panacée !  » Pour un investisseur, le plus important est de choisir le type d’actifs dans lesquels il souhaite investir selon son profil de risque, poursuit Jean-Marc Turin. Notre plus-value consiste à répondre à ses souhaits en offrant l’éventail de produits le plus diversifié possible.  » En gardant à l’esprit que les rendements du passé ne garantissent pas ceux de l’avenir. Au contraire : un fonds qui a particulièrement bien performé ces dernières années a d’autant plus de chance d’enregistrer tôt ou tard une contre-performance.  » Rares sont les gestionnaires de fonds qui parviennent à battre sur le long terme leur indice de référence « , conclut notre interlocuteur. Ph. B.

8. Le cinéma : fastidieux mais fiscalement avantageux

Capital minimum : non

Profil d’investisseur : sociétés

Horizon de placement : variable

Niveau de risque : faible (mais pas inexistant)

Rendement possible : 10,20 % (avantage fiscal + bonus)

Il fut un temps où, pour comprendre les mécanismes du tax shelter, il fallait presque détenir un master en gestion fiscale. Et encore : même les comptables hésitaient à mettre un pied dans cette jungle. Depuis l’entrée en vigueur, le 1er janvier dernier, d’une nouvelle loi, tout est censé être plus clair. En théorie, du moins. Car la compréhension de ce mécanisme fiscal reste ardue.

Première chose à retenir : si vous n’êtes pas à la tête d’une entreprise, passez votre chemin. Si vous êtes à la tête d’une société mais que celle-ci est taxée à taux réduit, idem. Par contre, si l’impôt à 33,99 % reste de mise, peut-être s’agit-il d’une piste à envisager. Car, deuxième chose à retenir : aucun autre avantage fiscal n’est potentiellement aussi attractif. Encore faut-il faire des bénéfices ou disposer de trésorerie. La loi ne prévoit pas de seuil d’investissement, même si en pratique certains intermédiaires (par lesquels il faudra nécessairement passer) en imposent un.

Un exemple vaut mieux qu’un long discours. Si une société investit 10 000 euros, elle bénéficiera d’un avantage fiscal de 310 % (10 000 × 3,1= 31 000 euros), qui sera soumis à l’impôt des sociétés (31 000 × 33,99 % = 10 536,9). Soit un gain de 536,9 euros.  » Soit on paie ses taxes au fisc  » normalement « , soit on investit via le tax shelter et le fisc octroie un gain « , résume Guy Pollentier, responsable de BNP Paribas Fortis Film Finance.

Voilà pour l’avantage fixe. Il est aussi possible de percevoir des intérêts au bout de 18 mois, versés par le producteur. La nouvelle loi fixe ce bonus à 4,5 % plus la moyenne de l’Euribor à 12 mois du semestre précédant la signature du contrat. En clair, selon l’exemple précédent : 10 000 euros × 4,87 (4,5 % plus l’Euribor actuel), taxé à 33,99 % et répartis sur un an et demi = rendement de 482,2 euros.  » Mais il n’y a pas de garantie bancaire sur cette partie bonus, souligne Delphine Biller, conseillère en fiscalité chez Inver Invest. Si le producteur fait faillite, la société peut perdre ces intérêts, tandis que l’avantage fiscal reste.  »

Pour autant que le producteur joue son rôle. Si le fisc accorde un tel cadeau, c’est qu’il s’attend à une contrepartie : un pourcentage déterminé du budget du film doit être dépensé sur le sol belge. Facile à dire, mais pas toujours simple à faire. Or, si l’administration n’obtient pas satisfaction, la société qui avait placé ses deniers n’obtiendra pas d’attestation fiscale et ressortira bredouille (à moins d’avoir une garantie bancaire). Le risque n’est donc pas complètement absent… M. Gs

9. et 10. L’intérêt général : philanthropie et investissement responsable

Capital minimum : indéterminé

Profil d’investisseur : éthique

Horizon de placement : long terme

Niveau de risque : faible ou inexistant

Rendement possible : sociétal et financier

Il y a des investissements qui ne visent pas la rentabilité à tout prix – voire pas du tout. Des personnes fortunées qui veulent affecter tout ou partie de leur patrimoine à des causes d’intérêt général, qu’elles soient sociales, environnementales, médicales, humanitaires ou culturelles. En gros, elles peuvent choisir entre deux pistes. L’une est désintéressée : c’est la philanthropie. Outre son caractère généreux, elle peut s’avérer un excellent outil de planification successorale – raison de sa mention dans ce dossier.

L’autre consiste à privilégier des instruments de placement financier qui accordent une attention particulière à différents critères d’intérêt public : environnementaux, sociaux et de gouvernance. On parle alors de fonds d’investissement responsable et ils connaissent actuellement un développement fulgurant sur les marchés financiers.

Mais d’abord, la philanthropie. L’image d’Epinal du philanthrope est celle du milliardaire léguant (une partie de) sa fortune aux bonnes oeuvres après sa mort, souvent à travers une fondation. Les temps ont changé. Les nouveaux philanthropes sont vivants, encore jeunes, souvent des entrepreneurs ayant fait fortune et désirant en consacrer une partie à aider les autres, à travers la création d’une fondation d’utilité publique. Mais il n’est pas nécessaire d’avoir accumulé autant d’argent pour pouvoir s’investir dans la philanthropie.

 » Le petit épargnant, après une carrière professionnelle modeste, qui dispose d’une petite épargne et du bien immobilier qui lui sert de résidence, peut avoir une action très efficace avec ce seul patrimoine, confirme Dominique Allard, directeur du Centre de philanthropie de la Fondation Roi Baudouin. Par exemple, en soutenant de façon ciblée une école de devoirs pendant 15 ans, pour lui permettre de se consacrer à la qualité des prestations. La philanthropie est accessible à tout le monde.  » Et elle bénéficie d’une fiscalité avantageuse, ceci expliquant aussi cela (lire aussi l’encadré ci-dessous).

Le développement durable appliqué à la finance

De leur côté, les fonds d’investissement socialement responsable (ISR) rémunèrent le capital de façon classique en investissant dans des entreprises qui prennent en compte des notions pas uniquement financières mais de nature sociale, environnementale et de bonne gouvernance (ESG). C’est la logique du développement durable appliquée au placement financier. Tout le monde y gagne : l’entreprise, la société et l’investisseur.

 » Nous pensons que ces entreprises peuvent offrir des rendements supérieurs à long terme car en intégrant de tels critères dans leur modèle de développement, elles sont mieux préparées à affronter les défis du futur « , souligne Matt Christensen, directeur de l’investissement responsable chez Axa Investment Managers. De plus en plus de banques développent des fonds pur ISR ou investissent dans des sociétés qui intègrent les critères ESG à des degrés divers, et la demande explose depuis deux ou trois ans. Une classe d’actifs en phase avec les préoccupations de son temps et, donc, promise à un bel avenir. Ph. B.

Un dossier de Philippe Berkenbaum et Mélanie Geelkens – Illustrations : Faunesque

Les nouveaux philanthropes sont vivants, encore jeunes, souvent des entrepreneurs ayant fait fortune

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