Victime de son succès ? Le site social est de plus en plus fréquenté, mais aussi de plus en plus décrié. Se désinscrire de Facebook est devenu un must. Voici dix arguments pour vous convaincre
1. TROP POPU. Près de 4 millions de Belges, soit 69 % de la population connectée à Internet, ont craqué pour des sites sociaux, Facebook en tête, selon le bureau d’études InSiteConsulting. Aujourd’hui, au niveau mondial, le site de Mark Zuckerberg se targue de réunir 500 millions de membres. Affolant et fascinant. Quel produit de consommation de masse peut se vanter d’un tel succès ? L’inconvénient est que, désormais, Facebook est fréquenté par tous les collègues de bureau ou les copains de classe, sa mère, son grand-père, voire son arrière-grand-mère. Des gens qu’on voit tous les jours dans la vie réelle et à qui on peut difficilement refuser l’invitation à devenir leur » ami » dans la vie virtuelle. Bref, ne pas ou ne plus être sur Facebook est devenu branché. Voire salvateur.
2. CHRONOPHAGE. Voilà un beau slogan pour ses détracteurs : Facebook bouffe du temps ! En moyenne, le » facebookien » jacasse 55 minutes par jour avec 130 amis virtuels, soit 14 journées complètes (de 24 heures) par an, qu’il pourrait passer à se balader avec ses bambins, à jouer au badminton ou à la pétanque, à boire un verre avec ses potes, à dévorer des bouquins de philo sur le sens de la vie. Ou tout simplement à bosser. Ce n’est pas un hasard si nombre de patrons ont décidé de fermer l’accès aux sites sociaux sur le lieu du travail. En octobre 2009, une étude britannique a montré que l’utilisation de Facebook et Twitter faisait perdre, chaque année, 1,38 milliard de livres aux entreprises du Royaume-Uni.
3. ADDICTION. Facebook a transformé notre ADN social en nous encourageant à socialiser davantage, à nous ouvrir sans cesse à de nouveaux » amis « . Devenu notre seconde famille, le site social caresse notre narcissisme dans le sens du poil. On compare les curseurs indiquant le nombre d' » amis » avec une avidité infantile. Une course sans fin. D’où la propension des » facebookiens » à surenchérir et à faire saliver sur leur supposé bonheur, étalé à force de photos bien choisies ou d’humeurs bluffantes. Certains ne peuvent plus se passer de ce leurre exhibitionniste. Ne faut-il pas arrêter avant qu’il ne soit trop tard ?
4. NON-RESPECT DE LA VIE PRIVÉe. Agé de 26 ans, » Zuck « , le patron fondateur de Facebook, n’est pas un grand défenseur de la vie privée. Si, à sa création il y a cinq ans, le réseau était complètement fermé, les profils se sont très vite ouverts aux amis d’amis, aux membres de mêmes groupes d’intérêts, etc. Fin 2009, Facebook a poussé le bouchon encore plus loin en complexifiant de manière absurde les paramètres de confidentialité. Objectif : inciter les utilisateurs à partager toujours plus d’informations personnelles avec tous les internautes. » L’heure est au Web social par défaut « , martèle Zuckerberg. Réaction : des milliers d’utilisateurs offusqués ont formé un groupe décrétant le 31 mai dernier » Quit Facebook Day « . Un signe.
5. CAUSE DE DIVORCE. Combien de couples ne se sont pas séparés parce qu’un des conjoints a retrouvé un ancien flirt sur Facebook ? Environ 20 % des demandes de divorce sont liées à Facebook, selon le site Divorce-Online qui a étudié le phénomène pour un cabinet d’avocats anglais. Principale raison invoquée : des discussions en ligne trop intimes entre personnes qui ne sont pas censées en avoir… Parfois, cela peut franchement dégénérer : en janvier 2009, Edward Richardson, 41 ans, a été condamné à la prison à vie par un tribunal de Stafford, dans le centre de l’Angleterre, pour avoir tué sa femme de 26 ans, dont il était séparé, parce qu’il n’avait pas supporté qu’elle modifie son statut marital en » célibataire » sur son profil Facebook.
6. BIG BROTHER DES PATRONS. Un sondage de CareerBuilder.com révèle que la moitié des employeurs américains fouillent les sites sociaux, en particulier Facebook, pour y trouver des infos sur des candidats à l’embauche. Près d’un tiers des patrons interrogés disent avoir congédié un employé après avoir trouvé sur le Web du contenu qui nuisait à leur entreprise. On se souvient du licenciement de ce New-Yorkais qu’on pouvait voir sur Facebook déguisé en fée clochette à la fête d’Halloween alors qu’il s’était absenté du bureau pour raisons familiales. Une affaire secoue la France actuellement : trois salariés d’une entreprise des Hauts-de-Seine ont été virés après avoir égratigné l’image de leur patron sur le réseau social. En Belgique, des écoliers ont été renvoyés de leur école pour les mêmes griefs à l’encontre d’un professeur.
7. UN REPÈRE DE PIRATES. C’est la rançon de la gloire. Un peu comme une grande ville aimante les voyous, Facebook et les sites sociaux à succès attirent les hackers. Les assauts se multiplient en fonction du nombre de proies potentielles. Dernière attaque en date : des pirates ont caché une faille de sécurité derrière la fonction » j’aime » au bas des groupes Facebook. La technique connue sous le nom de » clickjacking » permettait de propager un ver informatique spammant les profils de tous les amis de l’utilisateur pour afficher sur leur page qu’ils aimaient eux aussi le groupe empoisonné. Une attaque résolue et sans conséquence grave, mais qui en dit long sur la maîtrise des hackers.
8. LES DANGERS DU SOCIAL ENGINEERING. Grâce aux sites sociaux, arnaquer via Internet ne nécessite pas des connaissances informatiques poussées. Certains pirates profitent de la tendance narcissique des utilisateurs pour devenir leur ami, puis les espionner et piquer des données personnelles sensibles. N’avez-vous jamais accepté un » ami » que vous ne connaissiez pas ? Epidémiologiste chez l’éditeur d’antivirus BitDefender, Marc Blanchard prévient : » Ces attaques de type social engineering sont en recrudescence. » Dernière grosse arnaque : des milliers de personnes se sont laissé piéger par une page événement de Facebook, qui leur proposait de tester un iPad, le nouveau joujou d’Apple, après avoir rempli un questionnaire fouillé. Les plus naïfs ne sont pas ceux que l’on croit. » Les cadres se laissent facilement avoir, car ils aiment les réseaux, y compris sur le Web « , explique Marc Blanchard. Un ami averti…
9. DE PLUS EN PLUS DE DÉRIVES. Miroir de la société, Facebook rassemble aussi des extrémistes de tout poil. La dernière polémique concerne les apéros géants antimusulmans, lancés entre » facebookiens « . En France, ce sont les apéros » saucisson et pinard « . En Belgique, un groupe organise des apéros » saucisson et bières « , à Molenbeek, justifiant que » cette bourgade et d’autres artères du quartier sont zones occupées par des adversaires résolus de nos bières de terroir et de nos produits charcutiers « . C’est sans équivoque. Les commentaires laissés sur le mur du groupe le sont aussi.
10. DÉSINSCRIPTION DU COMBATTANT. Une bonne raison de se désinscrire ou de ne jamais s’inscrire sur Facebook réside dans la difficulté de quitter définitivement le site social sans laisser de traces. Compliqué ? Il suffit de taper le mot » quitter » dans Google : au top des phrases les plus recherchées, juste derrière » quitter son domicile conjugal » figure » quitter Facebook « . Ce qui prouve que beaucoup de » facebookiens » lambda se posent la question. Et la réponse ? La solution de non-retour est bien planquée dans la rubrique » aide » (en petit tout, en bas à droite). Marche à suivre : » aide « / » profil « / » paramètres de compte « / » comment supprimer définitivement mon compte « / » faites la demande de suppression « / » envoyer « . Ensuite vous recevrez un mail signifiant que vos données seront supprimées dans 14 jours. Au cas où vous seriez rongé par le remords…
THIERRY DENOëL
Certains ne peuvent plus se passer de ce leurre exhibitionniste