
Sophie Wilmès dénonce une « animosité frappante » lors d’une mission en Hongrie
La mission en Hongrie de plusieurs eurodéputés, dont la Belge Sophie Wilmès (MR), s’est déroulée dans un climat tendu.
Sophie Wilmès (MR) a dénoncé mercredi l’animosité dont une délégation du Parlement européen a été l’objet de la part des autorités hongroises, lors d’une mission dans le pays cette semaine. « Dans mon expérience des relations internationales, c’est vraiment frappant« , a décrit l’eurodéputée belge, regrettant un « dialogue de sourds » avec ses interlocuteurs.
Composée de cinq eurodéputés issus des groupes Renew, les Verts, la Gauche, S&D et PPE, la délégation s’est rendue en Hongrie de lundi à mercredi afin d’évaluer les récents développements en matière de démocratie, d’État de droit et de droits fondamentaux. Ce déplacement s’inscrit dans le cadre de la procédure « article 7 », déclenchée par le Parlement européen en 2018 à l’encontre de la Hongrie, en raison de préoccupations croissantes sur les dérives autoritaires du gouvernement de Viktor Orban. Cette procédure peut théoriquement conduire à des sanctions contre un État membre violant les valeurs fondamentales de l’Union. Un rapport parlementaire est attendu à l’automne.
La mission s’est déroulée dans un climat tendu. « Je ne pense pas avoir jamais eu une expérience aussi difficile dans des discussions avec les représentants de partis de la majorité ou les représentants des autorités », a décrit Sophie Wilmès. « Même des questions neutres sur le fonctionnement faisaient l’objet d’attaques. »
La délégation s’est entretenue avec des parlementaires, y compris de l’opposition, avec le maire de Budapest ou un ministre délégué aux affaires européennes. Les ministres de la Justice et de l’Intérieur ont refusé de les rencontrer. Par ailleurs, une vingtaine d’ONG ont participé à différentes discussions.
Au terme de ces rencontres, Sophie Wilmès a fait part de ses « fortes inquiétudes ». Elle a pointé la multiplication des modifications de la constitution via des procédures d’urgence et l’utilisation d’une majorité des deux tiers, dont le régime de Viktor Orban dispose, pour justifier des atteintes aux principes démocratiques.
Dernier exemple en date: un amendement déclarant que le droit des enfants prévaut sur tous les autres. Un texte qui, selon les observateurs, vise à faire interdire la Budapest Pride – la Marche des fiertés organisée chaque année pour défendre les droits des personnes LGBTQI+. Les défenseurs des droits redoutent que cet amendement ne serve de prétexte à une interdiction plus large des rassemblements publics, réduisant au silence toute forme de contestation.
Lors d’une conférence de presse, la présidente de la commission des libertés civiles (LIBE) au Parlement européen, Tineke Strik (Verts), a regretté l’absence d’améliorations par rapport à la situation soulignée dans différentes résolutions du Parlement européen. « On observe une tendance inquiétante à l’érosion, notamment en ce qui concerne l’indépendance du pouvoir judiciaire, la liberté des médias, la liberté académique et l’espace critique de la société civile », a-t-elle déclaré.
À la fin de sa mission, la délégation a demandé à la Commission européenne de prendre des mesures pour garantir la possibilité aux dissidents de se rassembler pacifiquement, et permettre la tenue de la Marche des fiertés le 28 juin.
Les cinq députés auront l’occasion de partager leur expérience avec les ambassadeurs des États membres avant que le sujet de l’État de droit en Hongrie ne soit abordé le 27 mai prochain lors d’un Conseil Affaires générales.