Tirs israéliens sur un diplomate belge en Cisjordanie: «La Belgique demande des explications convaincantes»

Un diplomate belge a échappé à des tirs israéliens lors d’une visite officielle à Jénine, suscitant l’indignation de Bruxelles et un appel de l’UE à une enquête.

L’incident a éclaté en début d’après-midi aux abords du camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée, épicentre d’une vaste offensive militaire israélienne contre des groupes armés palestiniens. Selon un journaliste de l’AFP présent sur place, plusieurs véhicules diplomatiques ont précipitamment quitté les lieux après avoir essuyé des tirs nourris.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères a diffusé peu après une vidéo montrant deux individus en uniforme de l’armée israélienne pointant leurs armes vers un groupe de diplomates. Dans cet extrait, plusieurs coups de feu retentissent clairement, sans toutefois qu’il soit possible pour l’AFP d’en authentifier immédiatement l’origine et le contexte exacts.

Selon des sources diplomatiques européennes, le cortège comprenait notamment des diplomates venant de Chine, du Japon, du Mexique, ainsi que de plusieurs pays européens dont la France, les Pays-Bas et la Roumanie. Un diplomate européen, interrogé sous couvert d’anonymat par l’AFP, décrit un climat de chaos: «C’était la dernière partie de la visite, et soudain nous avons entendu des coups de feu venant du camp. Ce n’était pas juste une ou deux fois. C’était comme des tirs répétés. C’est de la folie. Ce n’est pas normal.»

En Belgique, les inquiétudes ont rapidement émergé concernant l’état de santé du diplomate belge présent sur place. Maxime Prévot, vice-Premier ministre belge et ministre des Affaires étrangères, s’est empressé de rassurer: «Le diplomate belge va bien, heureusement. Ces diplomates effectuaient une visite officielle à Jénine, qui avait pourtant été coordonnée avec l’armée israélienne, dans un convoi d’une vingtaine de véhicules clairement identifiables», a précisé le ministre belge dans une déclaration publique.

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Rapidement sollicitée, la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a exhorté Israël à mener sans délai une enquête approfondie afin de déterminer les responsabilités de cet incident. «Toute menace à l’encontre de la vie de diplomates est inacceptable. Israël est signataire de la convention de Vienne et doit à ce titre garantir la sécurité de tout diplomate étranger», a-t-elle rappelé fermement.

Israël s’explique

En réponse à la controverse grandissante, l’armée israélienne s’est expliquée dans un communiqué. «Dans le cadre de la coordination avec les autorités militaires israéliennes, un itinéraire approuvé a été fourni aux membres de la délégation, qu’ils ont été invités à suivre du fait que l’endroit est une zone de combats», détaille le texte officiel. Selon les premières conclusions israéliennes, le convoi diplomatique aurait dévié de cet itinéraire autorisé, pénétrant dans une zone interdite où des soldats israéliens étaient alors engagés dans une opération militaire. L’armée israélienne affirme que les tirs effectués étaient des «coups de semonce», destinés à éloigner la délégation, précisant qu’«aucun blessé ni dommage n’ont été signalés». Elle conclut en exprimant des regrets pour «les désagréments causés».

Cette explication est cependant contestée par les autorités palestiniennes, qui accusent clairement les soldats israéliens d’avoir tiré intentionnellement à balles réelles sur les diplomates. «Il s’agit d’une violation flagrante et grave du droit international. Nous condamnons dans les termes les plus fermes ce crime odieux commis par les forces d’occupation israéliennes», a réagi le ministère palestinien des Affaires étrangères.

Cet incident intervient dans un contexte particulièrement tendu, alors qu’Israël subit de fortes pressions internationales en raison de l’intensification de ses opérations militaires dans la bande de Gaza. De nombreuses voix, à travers le monde, s’élèvent pour dénoncer les lourdes pertes civiles et les souffrances engendrées par le conflit.

Face à ces critiques, le ministère israélien des Affaires étrangères a réaffirmé mardi que les pressions extérieures ne dévieront pas Israël de «sa voie pour défendre son existence et sa sécurité». La tension demeure vive et l’enquête sur l’incident de Jénine est désormais scrutée avec attention par la communauté internationale, notamment en Belgique où l’on attend des clarifications supplémentaires.

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