Cinquième langue la plus parlée au monde, l’arabe n’est enseigné qu’à une infime partie des élèves en France. Jack Lang a des arguments pour remédier à cette désaffection.
L’arabe est une des six langues officielles de l’Organisation des Nations unies, à côté du chinois, de l’anglais, de l’espagnol, du français et du russe. Il est la langue officielle de 22 Etats, de la Mauritanie à l’Irak, et est pratiqué par 450 millions de personnes sur la planète, ce qui en fait la cinquième langue la plus parlée au monde. L’arabe est aussi la langue de populations avec lesquelles l’Europe a une grande proximité (Maroc, Algérie, Tunisie) et celle d’Etats qui jouent un rôle notable dans l’économie mondiale (les pays du Golfe). Pourtant, l’arabe n’est enseigné qu’à 11.000 des 5,3 millions d’élèves que compte la France. La Belgique ne dispose de statistiques sur le nombre d’écoliers qui suivent les cours d’arabe dans l’enseignement officiel. «Il est plus aisé pour un élève d’accéder à l’apprentissage du chinois ou du coréen», assène, à propos de la situation dans l’Hexagone, l’ancien ministre de l’Education et de la Culture Jack Lang dans son opus La Langue arabe, une chance pour la France (1). Difficile de ne pas lier cette désaffection à l’image négative de l’immigration maghrébine véhiculée par certains dirigeants politiques…
L’auteur, qui est aujourd’hui, et depuis 2013, le président de l’Institut du monde arabe, à Paris, présente tous les avantages qu’il y aurait à accroître cet apprentissage. L’arabe est une «langue de civilisation, foisonnante, dense, vivante»; elle «figure en troisième position parmi les langues auxquelles le français a le plus emprunté, juste après l’anglais et l’italien», avance-t-il au plan strictement linguistique. L’intérêt peut être aussi, voire surtout, d’ordre sociétal. «Nombre de jeunes issus de l’immigration maghrébine et lévantine ne connaissent pas la langue de leurs parents (…) et souffrent parfois d’un « analphabétisme bilingue », insiste Jack Lang, qui avertit qu’à défaut d’être dispensé dans les écoles officielles, l’arabe est enseigné dans les associations, sans aucun contrôle.
Enfin, à côté de références datées (l’âge d’or des sciences, Les Mille et Une nuits…) qui peuvent donner le sentiment que la culture arabe a pris un sérieux retard sur la modernité, Jack Lang a raison de souligner la richesse de la création littéraire contemporaine, d’autant plus méritoire qu’elle s’exerce dans des Etats qui ne sont pas à la pointe de la promotion des libertés.
(1) La Langue arabe, une chance pour la France – Illustrations de Zeina Abirached, par Jack Lang, Tracts Gallimard, 48 p.«Il est plus aisé pour un élève d’accéder à l’apprentissage du chinois ou du coréen.»