Israël frappe le palais présidentiel de la Syrie et ouvre un nouveau front au Moyen-Orient: «Nous nous préparons à une guerre de plusieurs jours.» © AFP

Israël frappe le palais présidentiel syrien et le siège de l’armée: «Nous nous préparons à une guerre de plusieurs jours»

Alors que la province syrienne du sud, Soueïda, sombre dans la violence avec plus de 300 morts en quatre jours, Israël a bombardé mercredi le palais présidentiel et le quartier général de l’armée syrienne à Damas. Une escalade majeure dans un conflit qui pourrait durer plusieurs jours, selon l’armée israélienne.

L’armée israélienne a frappé, mercredi, le palais présidentiel syrien ainsi que le quartier général des forces armées à Damas. Selon un communiqué publié par Tsahal, cité par le quotidien israélien Haaretz, Israël envisage une confrontation directe: «Nous nous préparons à une guerre de plusieurs jours». Ces frappes interviennent alors que la ville de Soueïda, majoritairement peuplée de Druzes, est devenue en quelques jours l’épicentre de violences sanglantes, laissant craindre un embrasement régional.

D’après les dernières données fournies par l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), plus de 300 personnes ont été tuées depuis dimanche à Soueïda. La ville, située au sud du pays, est le théâtre d’affrontements violents entre combattants druzes, tribus sunnites bédouines et forces gouvernementales syriennes, accusées de multiples exactions. «Si l’armée syrienne ne se retire pas immédiatement de la province de Soueïda, Israël intensifiera ses attaques», a prévenu le ministre israélien de la Défense, Israël Katz.

De la fumée s’élève du complexe de l’état-major général de l’armée syrienne après que des avions de guerre israéliens ont effectué de multiples frappes aériennes à Damas, en Syrie, le 16 juillet 2025. Le bâtiment a été visé trois fois au cours de la journée. © Anadolu via Getty Images

De Soueïda à Damas, une évolution rapide

En quelques heures seulement, la crise à Soueïda a radicalement évolué. Initialement centrée sur une lutte locale, elle s’est transformée en un enjeu stratégique majeur pour Israël. Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien, justifie l’intervention de son pays par la nécessité de «sauver nos frères druzes» menacés par «les gangs du régime.» Un message relayé par l’armée israélienne, qui, selon son porte-parole Avichay Adraee, reste «en alerte pour divers scénarios».

Cette situation marque un tournant important, comme le souligne Rami Abou Diab, docteur en géopolitique, spécialiste des Druzes et de la Syrie: «Nous sommes à un moment critique. Le nombre de morts dans l’armée syrienne dépasse les centaines. Le régime syrien subit davantage de pertes à Soueïda qu’au moment de sa prise de pouvoir à Damas. Ils ne s’attendaient ni à la résistance populaire druze ni au soutien israélien. C’est un échec total».

Pour autant, selon l’expert en géopolitique, le risque d’une véritable guerre ouverte reste limité. «On ne peut pas encore parler de guerre dans la mesure où le régime syrien et israélien ne se reconnaissent pas mutuellement diplomatiquement. Ces frappes israéliennes sont pour le moment, davantage des messages que des actions stratégiques. Mais la situation peut évoluer très vite.» Le régime du président syrien Ahmad al-Chareh, déjà affaibli par son incapacité à contrôler Soueïda, semble peu enclin à ouvrir un front militaire avec son voisin israélien.

Rami Abou Diab y voit surtout une crise humanitaire: «Les chars du régime syrien ont visé un hôpital à Soueïda. Ils contrôlent 70% de la ville qui est encerclée par plus d’un millier de soldats de l’armée syrienne. Les exactions sont documentées. Selon mon analyse, Israël réagit avant tout à cela et refuse de laisser l’armée syrienne s’installer aussi proche de sa frontière».

Toutefois, l’option d’une confrontation directe reste en débat au sein même des cercles politiques israéliens. Rami Abou Diab le confirme: «Il y a un débat réel dans les sphères politiques israéliennes pour savoir si Israël doit marcher sur Damas. L’objectif d’Israël est de libérer Soueïda des forces armées syriennes. C’est une ligne rouge qu’ils ne laisseront pas dépasser. Il faut comprendre qu’Israël ne laissera jamais tomber Soueïda, et son armée passera la frontière s’il le faut. Le doute est plus de savoir s’ils iront jusqu’à Damas ou se contenteront de reprendre la ville pour les Druzes».

Face à l’urgence, l’armée israélienne a ordonné un renforcement de ses troupes à la frontière syrienne. Le chef d’état-major israélien, Eyal Zamir, a demandé au commandement Nord, responsable de cette région frontalière sensible, de déployer des unités supplémentaires, renforçant les capacités de surveillance et d’offensive. Selon le Times of Israël, ce déploiement vise directement à «intensifier la cadence des frappes» et à mettre un terme aux violences contre les Druzes de Soueïda.

Les Etats-Unis, de leur côté, tentent d’apaiser la situation. L’émissaire américain pour la Syrie, Tom Barrack, a appelé toutes les parties à «faire marche arrière» et à engager immédiatement un dialogue pour parvenir à un cessez-le-feu durable: «Nous condamnons sans équivoque les violences contre des civils à Soueïda. Toutes les parties doivent faire marche arrière et s’engager dans un dialogue constructif qui conduit à un cessez-le-feu durable».

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