Médecins sans frontières
Après un bombardement à Gaza-City, une vie quotidienne qui devient de plus en plus dure. © BELGA

Médecins sans frontières contraint de cesser ses activités dans la ville de Gaza

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

L’offensive terrestre israélienne dans la ville oblige Médecins sans frontières, comme d’autres ONG, à se redéployer dans le sud de la Bande de Gaza. «Plusieurs centaines de milliers de personnes vont rester sans aide au milieu des combats.»

«Dans nos critères de sécurité opérationnelle, on ne veut pas que nos équipes rencontrent des troupes actives de combat. Or, on commence à voir les tanks qui sont à un kilomètre d’une de nos cliniques de Gaza-Ville.» Le constat est dressé le 23 septembre par Brice de le Vingne, le coordinateur de l’équipe d’urgence de Médecins sans frontières. L’organisation humanitaire a dès lors décidé de mettre fin à ses activités à l’hôpital Al-Shifa et dans sa clinique située à proximité. Une autre structure, plus éloignée des opérations militaires, devrait aussi être fermée dans les prochains jours.

Besoins innombrables

MSF étant une des dernières ONG étrangères présentes dans la ville même de Gaza, les habitants qui y resteront par la force des choses ne bénéficieront plus de ses structures. «D’expérience, dans pareilles circonstances, une ville avec plus d’un million de personnes, ne se vide jamais. Les besoins resteront innombrables. Plusieurs centaines de milliers de personnes vont se retrouver au milieu des combats, et vont passer sous la responsabilité de l’armée israélienne, qui doit prendre soin de cette population. Mais nous, nous sommes contraints de l’abandonner au milieu d’un champ de bataille», se désole Brice de le Vingne.

D’après le décompte de l’armée israélienne, plus de la moitié de la population de Gaza-Ville, soit quelque 550.000 personnes, avait pris ou repris la route de l’exode en date du 21 septembre. «Certains habitants en sont à leur quatrième, cinquième ou sixième déplacement depuis deux ans. On est dans cette situation hors de tout cadre connu», analyse le responsable de la cellule d’urgence de Médecins sans frontières.

Infrastructures insuffisantes dans le sud de Gaza

Un déplacement aussi massif de population pose en outre de nouveaux problèmes. Peu d’infrastructures sont prévues par les Israéliens pour accueillir les nouveaux déplacés dans le sud de la bande de Gaza, au nord de la ville de Rafah, dans «un no man’s land où tout a été rasé». Il faut donc y installer des tentes, des sanitaires, y organiser des distributions d’eau et de nourriture, et y pourvoir à des soins. «Les conditions sont de pire en pire. Il y a moins d’infrastructures qu’avant, s’inquiète le responsable de MSF. Les organisations humanitaires sont conçues pour apporter de l’aide dans des territoires où les déplacés, les réfugiés sont dans des endroits sécurisés. Ici, on est au milieu d’un champ de bataille où les gens se font déplacer plusieurs fois en fonction des combats. On n’a jamais vécu une telle situation où il faut constamment se réadapter en fonction des opérations militaires.»

Plus de 65.000 Palestiniens ont été tués depuis l’offensive israélienne à Gaza il y a bientôt deux ans, selon le ministère de la Santé du Hamas. Et la phase terrestre dans la ville de Gaza annonce une nouvelle hécatombe. La reconnaissance de plus en plus étendue de l’Etat palestinien n’y changera rien.

«Certains habitants en sont à leur quatrième, cinquième ou sixième déplacement depuis deux ans.»
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