Steamboat Willie, le premier dessin animé avec bande son synchronisée. © MARY EVANS PICTURE LIBRARY/ISOPIX

Le 18 novembre 1928 : la naissance d’une immense petite souris nommée Mickey

Le petit marin sifflote joyeusement. Insouciant, il dirige le navire avec entrain, jouant du gouvernail comme d’une banale toupie. Mais lorsque le capitaine du bateau revient sur le gaillard, il se montre furieux, reprochant au petit mousse son inconscience autant que son impertinence. Voilà la souris rappelée à l’ordre, et contrainte de nettoyer le pont sous l’oeil moqueur d’un perroquet amusé. Fin du premier acte.

Confortablement lovés dans les fauteuils du Colony Theater – aujourd’hui Broadway Theater – de New York, les spectateurs sont partis pour sept minutes de détente. En première partie du film GangWar, on leur propose Steamboat Willie. Sans doute ont-ils la vague impression de vivre un grand moment : cette fiction leur est présentée comme le premier dessin animé avec bande son synchronisée. Et pourtant, bien que personne n’en ait conscience, la vraie nouveauté n’est pas technique. Qui donc, en effet, pourrait imaginer que derrière la petite souris farceuse qu’ils ont sous les yeux se cache l’une des figures marquantes du xxe siècle – dont on fête cette semaine le 90e anniversaire ?

C’eût pu être pourtant un lapin. En 1927, le réalisateur Walter Elias Disney planchait fermement sur les aventures d’Oswald, un lapin chanceux. Mais après quelques épisodes, Universal décida de confier le mammifère à d’autres studios. Et Walt se mit à la chasse d’un autre animal. Ub Iwerks, son célèbre cartoonist, lui proposa successivement des chiens, des chats, une vache, un cheval et une grenouille. Mais aucun d’eux ne charma le grand maître. Puis ce fut une souris. La souris.

Sous le nom de  » Mortimer « , celle-ci fait ses tout premiers pas au printemps 1928, dans Plane Crazy. Muet, le film demeure aussi sans succès. Mais Disney y croit. Après un second essai peu fructueux, il lance SteamboatWillie. Porté par une dynamique bande-son, le film triomphe. En peu de temps, la souris, rebaptisée Mickey sur les conseils de l’épouse de Walt, devient une petite star. En quelques années, avec un même panache, elle multiplie les sorties. Et se fait un parfait témoin de l’air du temps. Engagé dans l’armée, Mickey lutte contre des chats ornés de casques à pointe. Envoyé en Afrique, il adopte le profil du parfait colonial…

La machine est lancée, et Disney sait y faire pour en profiter. Dès 1930, l’homme d’affaires lance sa souris en BD. Puis, c’est la 3D : grâce à une talentueuse couturière, Mickey devient poupée, et rejoint les enfants jusque dans leur chaumière. Livres, spectacles, télévision… La souris traverse aussi les frontières. Entrant dans la cour des grands, voilà qu’elle se doit aussi d’apprendre les bonnes manières. Sous la pression des parents, la musaraigne fait de moins en moins de bêtises – laissant celles-ci à un (vilain petit) canard, Donald. Les bases de l’empire sont posées. Inlassablement, Disney s’y référera :  » J’espère seulement que nous ne perdrons jamais de vue une chose : que tout a commencé avec une souris.  »

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