L’extrême droite célèbre une nouvelle victoire en Amérique latine, celle de José Antonio Kast, élu à près de 60%, dimanche. Le nouveau président chilien a promis de rétablir «le respect de la loi».
Le candidat d’extrême droite José Antonio Kast est le nouveau président du Chili après s’être imposé avec 58,30% des suffrages, lors du second tour de la présidentielle qui l’opposait à la candidate de gauche Jeannette Jara (41,70%), selon le dépouillement de l’autorité électorale (Servel). Des milliers de personnes brandissant des drapeaux chiliens sont descendues dans les rues dans plusieurs villes du pays pour célébrer la victoire de M. Kast.
Moins exubérant que d’autres dirigeants d’extrême droite, son idéologie n’en est pas moins radicale: José Antonio Kast est un ultraconservateur et admirateur assumé du dictateur Augusto Pinochet. Celui qui doit être investi en mars sera d’ailleurs le président le plus à droite qu’ait connu le Chili depuis la dictature de Pinochet qui a duré jusqu’en 1990.
Un sombre passé familial
Avocat et ex-député de 59 ans, il est le benjamin d’une fratrie de dix enfants. Son père, né en Allemagne, s’est installé au Chili après la Seconde Guerre mondiale et y a fondé une entreprise de charcuterie prospère. Des enquêtes menées par des médias en 2021 ont révélé que ce dernier avait été membre du parti d’Adolf Hitler. José Antonio Kast affirme que son père a été enrôlé de force dans l’armée allemande et nie qu’il ait été un partisan du mouvement nazi.
Membre du mouvement Schönstatt, un courant catholique conservateur d’origine allemande, le nouveau président élu est marié et père de neuf enfants. Il considère la famille sous sa forme traditionnelle –avec un père, une mère et des enfants– comme le «noyau fondamental de la société». S’il a soigneusement évité de répéter ses positions en matière sociétale durant sa campagne, M. Kast s’est dans le passé dit opposé à l’avortement même en cas de viol, à la pilule du lendemain, au divorce et au mariage entre personnes de même sexe.
Son style dénote par rapport à celui d’autres dirigeants passés ou actuels auxquels il est parfois comparé, comme le Brésilien Jair Bolsonaro ou l’Argentin Javier Milei. Il «n’a pas une personnalité très charismatique», juge Robert Funk, professeur de sciences politiques à l’Université du Chili, mais il est «beaucoup plus conservateur».
Un sentiment de «chaos» artificiel?
«Le Chili a gagné […] L’espoir de vivre sans peur a gagné», a déclaré l’ex-député ultraconservateur lors de son discours de célébration à Santiago, qui a promis de «restaurer le respect de la loi».
Sa campagne a surtout reposé sur une promesse centrale: lutter de manière «implacable» contre la criminalité et les étrangers en situation irrégulière. «Si cela ne se fait pas volontairement, nous irons les chercher» pour les expulser, menace-t-il. Il rend les quelque 340.000 migrants sans papiers vivant au Chili, en majorité des Vénézuéliens, responsables de la recrudescence de la délinquance.
Lors de ses meetings, abrité derrière une vitre pare-balles dans l’un des pays pourtant les plus sûrs d’Amérique latine, il présente le Chili comme étant en proie au «chaos» et promet «l’ordre et la sécurité». Chiffres et experts nuancent fortement ce constat alarmiste. Au Chili, on constate «une augmentation de l’insécurité qui est relative et (…) bien inférieure à celle d’autres pays de la région», souligne Guillaume Long, analyste au Centre d’études économiques et politiques (CEPR).
Une victoire aussi pour Trump
Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a salué l’élection de M. Kast à la présidence du Chili, qui permet à un nouveau dirigeant d’extrême droite, aux vues plus proches de celles de Donald Trump, d’arriver au pouvoir en Amérique latine. Sous la direction de José Antonio Kast, «nous sommes convaincus que le Chili fera avancer des priorités communes, notamment le renforcement de la sécurité publique, la fin de l’immigration illégale et la revitalisation de notre relation commerciale», a déclaré M. Rubio dans un communiqué.
La candidate de gauche à la présidentielle au Chili, Jeannette Jara, a, quant à elle, reconnu sa défaite face à son adversaire d’extrême droite. «La démocratie s’est exprimée haut et fort», a écrit Mme Jara sur son compte X, disant avoir communiqué «avec le président élu pour lui souhaiter du succès, pour le bien du Chili».