Europe black-out
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L’Europe face au black-out électrique: il faut «protéger les interconnexions»

Après la panne d’électricité qu’ont subi l’Espagne et le Portugal, en avril dernier, la question de l’efficacité du réseau électrique européen est prégnante. Pour le think tank Ember, «sans action immédiate pour étendre et protéger les interconnexions, le risque de black-out augmentera».

Jusqu’à 55% du réseau électrique européen présente un risque de black-out sans une amélioration de l’interconnexion électrique, avertit le think tank Ember, spécialisé dans les questions énergétiques. Le groupe de réflexion souligne l’importance cruciale des interconnexions entre les pays européens, ce qui fait d’ailleurs de ces infrastructures une cible de choix pour les sabotages dans le contexte de la guerre hybride menée par la Russie contre les pays européens.

Selon Ember, les interconnexions transfrontalières ont empêché ou permis de gérer plusieurs pannes majeures dans l’Union européenne au cours des cinq dernières années. En 2020 et 2021, en Pologne, les conséquences de deux incidents électriques ont pu être atténuées grâce à des importations d’urgence d’électricité. En 2022, la France a massivement recouru aux importations d’électricité alors qu’une partie de son parc nucléaire était indisponible. Et plus récemment, les interconnexions ont aidé au redémarrage du réseau électrique de la péninsule ibérique après la vaste panne du 28 avril, souligne Ember.

« Les interconnexions forment l’épine dorsale de la sécurité énergétique, préservant l’Europe des pannes de réseau et des menaces géopolitiques. Plus nous avons d’interconnexions, plus nous sommes protégés face au sabotage », souligne Pawel Czyzak, directeur du programme Europe chez Ember.

Certains pays sont plus à risques

Alors que 55% du réseau électrique européen disposent d’options d’importation insuffisantes, Ember cite l’Epagne, l’Irlande et la Finlande comme les maillons faibles, soit les pays les plus exposés à des pannes de réseau liées à des infrastructures transfrontalières insuffisantes.

« Sans action immédiate pour étendre et protéger les interconnexions, le risque de black-out augmentera, particulièrement dans les pays avec une diversité d’approvisionnement limitée« , met encore en garde Pawel Czyzak pour qui « cela doit être traité non comme une priorité énergétique, mais comme un élément vital de protection de la société européenne contre les attaques ».

Pour Ember, la mer Baltique illustre parfaitement cette situation: elle devient la centrale électrique intégrée du nord-est de l’Europe et les pays riverains de la Baltique représentent déjà plus d’un tiers de la production électrique de l’UE. Or, la mer Baltique est également l’épicentre des incidents de sabotage visant notamment des câbles électriques sous-marins. « Protéger cette infrastructure doit dès lors aller au-delà du secteur énergétique lui-même, mais devrait être traité comme un élément de la défense collective de l’Otan et de l’architecture de sécurité de l’UE », conclut Ember.

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