Le Premier ministre français François Bayrou lors de la présentation du projet de budget 2025 devant l’Assemblée nationale le 3 février. © GETTY

Bayrou destitué, la quête d’Emmanuel Macron pour un Premier Ministre a commencé

L’Assemblée Nationale a rejeté le vote de confiance demandé par François Bayrou, à 364 contre 194. La France rentre officiellement en crise alors qu’elle n’a pas de budget.

L’Assemblée nationale française a renversé lundi François Bayrou, qui a échoué à obtenir la confiance des députés. Les regards sont désormais tournés vers Emmanuel Macron, obligé de trouver un nouveau Premier ministre s’il veut éviter une nouvelle dissolution.

« Notre pronostic vital est engagé » à cause du surendettement. « Notre État, notre indépendance, nos services publics, notre modèle social » sont en danger, a lancé à la tribune le Premier ministre, dans un dernier discours alarmiste sur les finances publiques. Sans conjurer le sort promis depuis quinze jours. Au terme d’un débat marqué par un sévère réquisitoire des oppositions, seuls 194 députés (macronistes, MoDem, Horizons et Républicains) ont voté pour la confiance qu’il a annoncé solliciter il y a quinze jours. Largement insuffisant face aux 364 voix conjuguées de ses opposants, allant du Rassemblement national à La France insoumise.

Bayrou: «une silencieuse, souterraine, invisible et insupportable hémorragie»

Et si le résultat était attendu, il n’en reste pas moins historique : François Bayrou, qui n’était pas obligé de solliciter la confiance des députés, devient le Premier chef de gouvernement de la Ve République à échouer sur un tel vote. Les tractations pour remplacer François Bayrou sont déjà bien entamées, pressées par l’impératif du budget 2026. Plusieurs dates plaident aussi pour une vacance courte: les mobilisations « Bloquons tout » le 10 septembre, syndicale le 18, ou la décision vendredi de l’agence Fitch qui pourrait dégrader la note de la dette française.

Le Parti socialiste s’est encore placé au centre du jeu. « Les socialistes sont prêts », a martelé à la tribune le chef de leur groupe, apostrophant Emmanuel Macron : « qu’il vienne nous chercher ». Mais dans l’entourage du Président, peu sont ceux qui l’imaginent nommer le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, quand ce dernier rejette lui-même l’idée d’un gouvernement « commun » avec des macronistes.

Plus probable donc: la négociation d’un accord de non-censure par une personnalité de droite ou du centre. « Le plus stable, c’est le socle commun qui dialogue avec les socialistes », estime un proche du président. Plusieurs noms circulent : les ministres Sébastien Lecornu (Armées), Gérald Darmanin (Justice), Catherine Vautrin (Travail et Santé), Éric Lombard (Économie), le président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand, l’ancien chef de la diplomatie et ex-socialiste Jean-Yves Le Drian… Un casting balayé dans leurs interventions par le Rassemblement national et La France insoumise.

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