Le parquet général a demandé, ce lundi, à la cour d’appel de Paris, la remise en liberté de Nicolas Sarkozy. La justice a tranché en faveur de l’ancien président français. Il est sorti lundi après-midi de prison dans la foulée de sa libération sous contrôle judiciaire, après 20 jours derrière les barreaux. Il s’est exprimé peu après sa sortie, assurant que «la fin de l’histoire reste à écrire».
La cour d’appel de Paris a tranché, ce lundi, et ordonné la remise en liberté de l’ancien président Nicolas Sarkozy, incarcéré depuis vingt jours suite à sa condamnation au procès libyen, et l’a placé sous contrôle judiciaire.
Lors de l’examen de sa requête lundi matin, le parquet général avait requis la sortie de prison sous contrôle judiciaire de l’ex-président, qui comparaissait en visio-conférence depuis la prison de la Santé. La cour lui a imposé une «interdiction de contact» élargie, notamment avec le garde des Sceaux Gérald Darmanin, et de sortie du territoire national.
Nicolas Sarkozy a quitté peu avant 15H00 la prison parisienne de la Santé, a-t-on appris de source proche du dossier. L’ancien président, âgé de 70 ans, a quitté la Santé à bord d’une voiture aux vitres teintées, escortée par des motards de la police.
«Le droit a été appliqué. Je vais maintenant préparer le procès en appel. Mon énergie n’est tendue que vers le seul but de prouver mon innocence. La vérité triomphera. C’est une évidence que la vie enseigne», a déclaré sur le réseau social X l’ex-chef de l’Etat dans sa première prise de parole, moins de trois heures après sa libération.
«Au moment où je retrouve ma liberté et ma famille, je veux dire à toutes celles et ceux qui m’ont écrit, soutenu, défendu, combien je leur en suis reconnaissant. Vos milliers de témoignages m’ont bouleversé et donné la force de supporter cette épreuve», relate-t-il également, en indiquant que «la fin de l’histoire reste à écrire».
«La prison, c’est dur, c’est éreintant»
La cour d’appel de Paris a examiné sa demande de mise en liberté lors d’une audience publique d’une cinquantaine de minutes, ce lundi.
La prison, «c’est dur, c’est très dur, ça l’est certainement pour tout détenu, je dirais même que c’est éreintant», a déclaré Nicolas Sarkozy, qui a suivi le visage fermé les débats en visioconférence, offrant par écran interposé la première image de l’histoire d’un ancien président de la République en prison, en veste bleu foncé, pull et chemise.
«Je me bats pour que la vérité triomphe», a encore affirmé l’ancien président, qui a fait appel de sa condamnation à cinq ans de prison ferme pour association de malfaiteurs. Cette détention, inédite pour un ex-président dans l’histoire de la République française, a suscité de vifs débats.
Il s’agit aussi d’une première dans l’Union européenne, où aucun ancien chef d’État n’a connu l’emprisonnement.
Pour Nicolas Sarkozy, «même s’il est un homme fort, robuste et courageux, cette détention a été pour lui une grande souffrance et une grande douleur», a souligné avant lui un de ses avocats, Me Jean-Michel Darrois, qui s’exprimait à ses côtés en visioconférence.
Différents critères
«C’est la détention qui constitue une menace pour Nicolas Sarkozy, pas le contraire», a souligné de son côté Me Christophe Ingrain, un autre de ses avocats, observant qu’il était pour des raisons de sécurité «placé à l’isolement» et qu’il bénéficiait de la protection de deux agents en détention.
Des dispositions justifiées par «son statut» et les «menaces qui pèsent sur lui», selon le ministre de l’Intérieur français Laurent Nuñez.
La cour d’appel ayant suivi les réquisitions, Nicolas Sarkozy devrait sortir dans la journée et attendra libre son procès en appel, qui devrait commencer la deuxième quinzaine de mars.
Sous les yeux de son épouse Carla Bruni et de deux de ses fils, Pierre et Jean, l’avocat général, Damien Brunet, a demandé que «soit fait droit à la demande de Nicolas Sarkozy» de le libérer sous contrôle judiciaire avec interdiction d’entrer en contact avec témoins et co-prévenus.
Le 25 septembre, le tribunal correctionnel de Paris l’avait reconnu coupable d’avoir sciemment laissé ses collaborateurs démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi pour solliciter un financement occulte de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007. Il a aussitôt fait appel.
«Risque d’obstacle à la sérénité»
Plus que la condamnation, c’est le mandat de dépôt l’envoyant en prison, non susceptible de recours, qui avait suscité la stupeur. Pour les juges, il est justifié par la «gravité exceptionnelle» des faits. Pour Nicolas Sarkozy, il a été motivé par «la haine».
Pour décider de la libération, les magistrats de la cour d’appel ne se sont pas appuyés cependant pas sur les mêmes critères que ceux du mandat de dépôt. L’appel de Nicolas Sarkozy replace son incarcération dans les critères de la détention provisoire, qui diffèrent de ceux de l’exécution de peine.
Le maintien en détention n’est possible que s’il est l’ «unique moyen» de protéger des preuves, d’empêcher pressions ou concertations, de prévenir fuite ou récidive, ou de le protéger.
Fin octobre, Nicolas Sarkozy avait reçu la visite du ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, une entrevue qui a suscité des critiques, notamment de magistrats.
Dans une rare prise de position, le plus haut procureur de France, Rémy Heitz, y avait vu un «risque d’obstacle à la sérénité» et donc «d’atteinte à l’indépendance des magistrats» avant le procès en appel.
Les dates précises du procès en appel, qui n’ont pas encore été officiellement annoncées, devraient être communiquées aux avocats jeudi, ont indiqué à l’AFP des sources proches du dossier.