Sebastien Lecornu © getty

Lecornu choisit un gouvernement quasiment inchangé

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu a composé son gouvernement, après avoir reçu dimanche le feu vert de la droite, encline à maintenir son alliance avec le camp présidentiel malgré les menaces de censure.

Au terme d’un long week-end de négociations, de réunions et de coups de pression venus de toutes part dans la coalition gouvernementale, les conditions étaient réunies pour que le chef du gouvernement dévoile la liste de ses ministres – une dernière étape à franchir pour le nouveau locataire de Matignon, avant son discours de politique générale mardi.

Le nouveau gouvernement dirigé par le Premier ministre Sébastien Lecornu est composé de 18 ministres. C’est le troisième en un an et dont les principales nouveautés sont le macroniste Roland Lescure à l’Economie et le retour de Bruno Le Maire, aux Armées.

Bruno Retailleau, patron du parti de droite Les Républicains qui a décidé in extremis dimanche de rester au gouvernement, reste à l’Intérieur, et le macroniste de droite Gérald Darmanin est reconduit à la Justice, a annoncé le secrétaire général de l’Elysée Emmanuel Moulin.

Les ex-Premier ministres Elisabeth Borne et Manuel Valls sont aussi confirmés, respectivement à l’Education et aux Outremer, tout comme le MoDem Jean-Noël Barrot aux Affaires étrangères, Catherine Vautrin (Santé et Travail) et la LR Rachida Dati à la Culture, malgré sa candidature à la mairie de Paris et son procès prévu en septembre 2026 pour corruption. A Bercy, Amélie de Montchalin reste ministre des Comptes publics.

« Des négociateurs »

Le Premier ministre Sébastien Lecornu a demandé à ses ministres nommés dimanche d’être « des négociateurs » et de « trouver des compromis avec l’ensemble des parlementaires », selon son entourage, alors qu’il est privé de majorité à l’Assemblée nationale et menacé de censure par les oppositions.

Ce gouvernement « ressemble au socle commun » de la droite et du centre de la précédente coalition gouvernementale et « allie la stabilité », car « certains acteurs et administrations ont besoin de continuité », et le « renouvellement puisque sur les ministres nommés ce jour, un tiers » d’entre deux « n’appartenaient pas au gouvernement précédent », fait valoir M. Lecornu par son entourage. Son « premier objectif sera « de faire adopter un budget pour la France avant la fin de l’année » et de « piloter quelques grands chantiers d’intérêts nationaux pour nos concitoyens », a ajouté la même source.

Majorité introuvable

Les Républicains avaient fait monter la pression ces derniers jours, déplorant que certaines de leurs revendications, notamment sur l’immigration, la sécurité et la baisse de la dépense publique, ne soient pas entendues. En parallèle, ils ont exigé qu’un tiers des futurs ministres soient issus de leurs rangs.

En place depuis le 9 septembre, Sébastien Lecornu a multiplié les consultations afin de tenter de résoudre l’équation d’une majorité introuvable et d’échapper à la censure dès le prochain écueil, le vote du budget 2026 à l’automne, comme cela avait été le cas pour son prédécesseur François Bayrou.

Mais il peinait à mettre un dernier coup de pinceau à son équipe gouvernementale. Et Emmanuel Macron commençait à trouver le temps long.

Déclaration de politique générale

M. Lecornu plaide pour porter l’effort budgétaire « essentiellement sur la réduction de la dépense publique », et appelle à répondre « à la demande de justice fiscale exprimée par nos concitoyens ». Il promet un projet de loi de lutte contre la fraude fiscale et sociale, pour dégager 2,3 milliards d’euros de recettes supplémentaires.

A l’adresse notamment de LR, il affirmait que « la sécurité du quotidien et la lutte contre les incivilités continueront d’être une priorité majeure », ainsi que la lutte « contre l’immigration irrégulière par la mise en œuvre de solutions techniques et efficaces ».

« Sébastien Lecornu s’est retrouvé piégé en donnant une date pour sa déclaration de politique générale mardi, alors qu’il n’avait pas fini de négocier » la composition de son gouvernement, commente encore cet interlocuteur régulier du président.

En toile de fond, la pression des socialistes ne faiblit pas. Malgré l’annonce du renoncement par M. Lecornu au 49.3 pour gouverner – un texte qui a été utilisé pour faire adopter tous les budgets depuis la réélection d’Emmanuel Macron en 2022 -, « nous nous dirigeons tout droit vers la censure » si « la donne ne change pas », a martelé samedi le premier secrétaire du parti, Olivier Faure.

En parallèle, la France insoumise (LFI, gauche radicale) promet déjà une motion de censure dans la semaine. Comme les Ecologistes de Marine Tondelier, qui a répété dimanche ne pas voir « d’autre chemin que la censure » et envisage de déposer un texte « unitaire » pour tenter de renverser M. Lecornu.

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