Quatre jour avant le second tour de l’élection présidentielle française, Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont croisé le fer lors d’un débat tendu. Le président sortant a notamment accusé sa rivale de « dépendre du pouvoir russe et de Poutine », un reproche particulièrement grave à l’heure où la Russie a envahi l’Ukraine.
Au cours du débat, Emmanuel Macron n’a pas manqué de rappeler à Marine Le Pen qu’elle avait reconnu l’annexion de la Crimée par la Russie. « Vous avez été, je pense, l’une des premières responsables politiques européennes, dès 2014, à reconnaître le résultat de l’annexion de la Crimée », a dénoncé Macron, faisant référence à l’annexion non reconnue par la communauté internationale de la péninsule ukrainienne par Moscou.
« Vous parlez à votre banquier »
« Vous l’avez fait pourquoi ? (…) Parce que vous dépendez du pouvoir russe et que vous dépendez de Poutine », a asséné Emmanuel Macron. « Vous parlez à votre banquier quand vous parlez de la Russie, c’est ça le problème », a encore lancé Emmanuel Macron, en se référant à un prêt de 9 millions d’euros contracté en 2017 par le parti d’extrême droite de Marine Le Pen auprès d’une banque russe.
« C’est faux et c’est assez malhonnête », a-t-elle rétorqué, en affirmant qu’aucune banque française ne lui avait accordé de prêt à l’époque et qu’elle n’avait « d’autre dépendance que de rembourser son prêt ». « Je suis une femme absolument et totalement libre », a-t-elle martelé.
En 2014, le Front National (l’ancien nom du Rassemblement National) a souscrit un emprunt de 9 millions d’euros auprès d’une banque russe, la First Czech-Russian Bank (FCBR) afin de de financer sa campagne des régionales élections régionales et départementales de 2015. Selon Le Nouvel Observateur, la FCBR est liée à l’oligarque Guennadi Timtchenko, ami de la famille Poutine.
En 2016, la créance a été cédée à une entreprise russe de location de voitures, Conti, puis revendue à Aviazaptchast, firme dirigée par d’anciens militaires russes. Cette dernière a attaqué le RN en justice pour ne pas avoir remboursé son emprunt. Finalement, un accord a l’amiable a été trouvée, et le parti a bénéficié d’un échelonnement de la dette.
Mercredi, l’opposant russe emprisonné Alexeï Navalny a appelé à voter pour Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle française, accusant le parti de Marine Le Pen de compromission avec Vladimir Poutine.
Une banque de blanchiment d’argent
« C’est sans hésitation aucune que j’appelle les Français à voter pour Emmanuel Macron le 24 avril mais je voudrais m’adresser à ceux qui n’excluent pas de voter pour Marine Le Pen », a écrit le militant dans une série de tweets. « Cette banque (FCBR) est une agence de blanchiment d’argent bien connue qui a été créée à l’instigation de Poutine. Ça vous plairait si un homme politique français obtenait un prêt auprès de la Cosa Nostra? », a lancé Navalny, qui a bâti sa notoriété avec ses enquêtes sur les réseaux de corruption de l’élite russe.
Emprisonné en Russie depuis janvier 2021, Alexeï Navalny s’est dit « choqué » du prêt de contracté en 2014 par l’ancien parti Front National auprès d’une banque russe. « C’est de la corruption. Et c’est une vente d’influence politique à Poutine », a dénoncé l’opposant.
Même si la candidate RN a condamné l’invasion de l’Ukraine par Moscou, elle a de nouveau plaidé la semaine dernière pour un « rapprochement stratégique entre l’Otan et la Russie » une fois la guerre terminée.
Avec l’AFP