Mette Frederiksen
Mette Frederiksen © Getty

Danemark: la Première ministre va présenter la démission de son gouvernement

La Première ministre danoise, Mette Frederiksen, va présenter la démission de son gouvernement, a-t-elle annoncé mercredi matin aux membres de son parti, les sociaux-démocrates. Sa formation ne décrochant qu’une majorité de justesse, avec un siège, elle n’exclut pas de former un gouvernement large, composé de plusieurs formations du spectre politique.

Un gouvernement large est une forme de gouvernance assez rare dans le pays, mais M. Frederiksen estime que ce serait la bonne approche, compte tenu de la crise actuelle. La Première ministre a également précisé qu’il était très probable qu’il n’y aurait plus de « majorité dans sa forme actuelle » au sein du gouvernement.

   S’ils ne remportent qu’une majorité à un siège près, les sociaux-démocrates ont récolté 27,5% des suffrages, leur meilleur résultat en 20 ans. Selon toutes vraisemblances, Mette Frederiksen va être chargée de former un nouveau gouvernement.

Négociations sur « plusieurs semaines »

Pour le politologue Rune Stubager, les discussions avec la droite ont toutefois peu de chances d’aboutir, les formations de ce côté de l’échiquier politique, qui ont jusqu’à présent refusé sa main tendue, n’ayant « pas de raison » pour s’allier formellement avec elle.

Pour la forme, la leader des sociaux-démocrates va pourtant « commencer les négociations pour former un gouvernement large et ça va prendre du temps, probablement plusieurs semaines », dit à l’AFP l’universitaire. « Ensuite, elle passera au plan B, qui est je pense plus réaliste, qui consiste à former un gouvernement avec les autres partis du camp de gauche« .

Elle va devoir aussi composer avec le nouveau parti centriste, les Modérés, nouvellement crée par l’ancien Premier ministre libéral Lars Løkke Rasmussen. Les sondages sortie des urnes et les premiers résultats lui suggéraient initialement un rôle décisif d’arbitre.

Mais « le rêve n’a duré que quelques heures, résume le quotidien Jyllands-Posten. « Maintenant Mette Frederiksen peut en théorie éviter Løkke ».

Les Modérés de ce dernier vont participer aux négociations et pourraient s’ils le souhaitent entrer au gouvernement, « s’ils sont prêts à suffisamment de compromis », estime M. Stubager. Mais « je ne pense pas qu’ils franchiront le pas car celà les exposerait à la critique de la droite » dont la majorité de leurs cadres est issue.

Questions migratoires

Les questions migratoires, absentes de la campagne, pourraient faire leur grand retour dans ces négociations.

Les sociaux-démocrates, dont l’objectif est de n’accueillir aucun réfugié, travaillent à la mise en place au Rwanda d’un centre de gestion des demandeurs d’asile, un projet décrié par les sociaux-libéraux dont les mandats peuvent s’avérer cruciaux pour la constitution du prochain gouvernement.

« Ca sera très difficile pour les sociaux-démocrates d’adoucir leur position sur l’immigration, car ça a été un pivot de leur stratégie les cinq, six dernières années », note toutefois M. Stubager.

L’extrême droite, divisée en trois partis, cumule 14,4% des voix mais se retrouve affaiblie pour peser dans les tractations.

Le longtemps influent parti du Peuple danois (DF), qui caracolait au-dessus des 20% il y a quelques années encore, chute autour de 2,6%, son plus mauvais résultat depuis son entrée au Parlement en 1998.

C’est un nouveau parti fondé par l’ancienne ministre de l’Immigration, Inger Støjberg, les Démocrates du Danemark, qui rafle la mise avec 8% et 14 mandats.

Dans un pays où la participation est traditionnellement élevée, 84,1% des quelque 4,2 millions d’électeurs se sont déplacés pour aller voter, une part en très léger recul et au plus bas depuis plusieurs décennies.

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