Etienne Davignon : " Une étape dans un processus qui se veut évolutif. " © belgaimage

27 octobre 1970 : et l’Europe adopta le rapport Davignon

Approuvé ! Le 27 octobre 1970, rassemblés à Luxembourg, les ministres des Affaires étrangères des six Etats membres adoptent le rapport Davignon. La date entre dans l’histoire de la construction européenne, devenant le symbole des débuts de la coopération en matière de politique étrangère. Dans les coulisses cependant, nombre d’acteurs sont déçus du texte. Ils le trouvent trop vague, trop peu ambitieux. « Le « rapport Davignon sur l’Europe politique » ne comprend rien du tout », ose même écrire un certain… Etienne Davignon !

Tout avait commencé moins d’un an plus tôt. Fin 1969, les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté estiment que leur projet commun est  » à un tournant de son histoire « . Ils entendent aller plus loin, réaliser des progrès dans le domaine de l’unification politique. Pour ce faire, ils constituent un groupe de travail, auquel ils commandent un rapport. L’équipe est constituée des  » directeurs de la Politique  » des six ministères des Affaires étrangères. Puisque la Belgique exerce la présidence tournante, c’est le Belge qui prend la tête du groupe. Etienne Davignon.

Au soir des années 1960, Davignon est déjà une éminente personnalité de la scène continentale. Entré dans la carrière diplomatique en 1959, il est – par hasard – versé à la cellule congolaise du ministère des Affaires étrangères. Heureux hasard en réalité car, avec la crise de l’indépendance, le dossier congolais devient vite majeur. Et Davignon, incontournable. Chef de cabinet des ministres Spaak et Harmel, il est nommé directeur général de la Politique en 1969. Au département, son influence est sans égale – bien des diplomates seniors tremblent à l’idée de franchir la porte de son bureau.  » Grand, distingué, il allie à une intelligence très vive, une ingéniosité toujours en éveil, secondée par une mémoire infaillible et un certain sens naturel de l’intrigue « , décrit l’ambassadeur de France à Bruxelles. A 37 ans, Davignon est déjà au sommet.

Mais sa mission est malaisée. Les travaux sont rendus compliqués par de fortes divergences. Les Belges prônent une  » union politique « . Ils veulent que l’Europe puisse parler d’une seule voix sur bien des sujets de politique extérieure. Et puis, ils souhaitent que la coopération s’élargisse avec le temps aux questions de sécurité et de défense. Ils se heurtent particulièrement aux Français, qui craignent une trop grande mise en commun. La rédaction est compliquée, le résultat, discutable.  » Capitulation devant la position française « , regretteront les Néerlandais.

Et pourtant, quelques fruits sont bel et bien là. Le texte prévoit des réunions bisannuelles entre ministres des Affaires étrangères, et des réunions semestrielles entre hauts fonctionnaires. Le rapport Davignon donne une première dimension européenne à la politique étrangère des Etats. C’est peu. Mais c’est neuf.  » Il s’agit là d’une étape dans un processus qui se veut évolutif « , souligne Davignon. Certes, l’évolution sera lente. Mais le diplomate avait raison.

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