Munich © Getty

Drones à Munich : ce que l’on sait

Le Vif

Deux nuits d’affilée, l’aéroport de Munich a dû suspendre ses opérations après l’apparition de drones non identifiés. Entre perturbations massives, inquiétudes sécuritaires et soupçons géopolitiques, l’Allemagne se retrouve-t-elle au cœur d’une nouvelle menace hybride ?

Munich, deuxième aéroport d’Allemagne et véritable plaque tournante européenne, a vécu deux nuits chaotiques. Vendredi soir, comme la veille, le trafic aérien a été interrompu à la suite de signalements de drones évoluant à proximité des pistes. Résultat : des dizaines de vols annulés ou déroutés, des milliers de passagers bloqués, et une inquiétude grandissante des autorités. Alors que Berlin dénonce une “menace” pour la sécurité nationale, certains pays européens pointent déjà Moscou du doigt, accusée de tester la résilience du continent. Voici ce que l’on sait des drones à Munich.

Que s’est-il passé à l’aéroport de Munich ?

L’aéroport de Munich, deuxième plus grand d’Allemagne, a été contraint de suspendre son trafic aérien deux nuits consécutives à cause d’observations de drones non identifiés. Vendredi soir, les opérations ont été arrêtées vers 21h30, puis deux engins ont été repérés près des pistes vers 23h, avant de disparaître. Un nouveau signalement a eu lieu vers 3h du matin. Samedi, le trafic a repris progressivement, mais les perturbations restent considérables : 23 vols déroutés, plus de 50 annulés ou retardés, et près de 6.500 passagers affectés.

Sa première fermeture dans la nuit de jeudi à vendredi avait entraîné l’annulation de plus de 30 vols, avec près de 3.000 passagers bloqués et pris en charge sur place.

La date n’est probablement pas non plus le fruit du hasard puisque l’Allemagne célébrait vendredi sa fête nationale, qui commémore l’intégration de la République démocratique d’Allemagne née à l’époque soviétique à la République fédérale en 1990.

Comment les autorités allemandes ont-elles réagi ?

La police a confirmé avoir mobilisé des hélicoptères, sans parvenir à identifier ni intercepter les appareils. Le ministre de l’Intérieur, Alexander Dobrindt, a dénoncé une “menace”. Il a appelé à changer de doctrine : “Il faut désormais abattre les drones au lieu d’attendre.”

Le gouvernement du chancelier Friedrich Merz prévoit de réviser dès mercredi la loi sur la sécurité aérienne, qui réserve actuellement ce pouvoir à la police, excluant l’armée.

L’Allemagne est-elle un cas isolé ?

Non. Ces incidents s’inscrivent dans une série d’alertes similaires en Europe. Le mois dernier, des drones ont survolé l’aéroport de Copenhague, plusieurs installations au Danemark, mais aussi Oslo et Varsovie.

Au Danemark, l’aéroport de la capitale Copenhague avait dû être fermé le 22 septembre. D’autres aéroports ainsi qu’une base militaire dans le pays ont été survolés par des drones le 25.

En Pologne, 19 incursions ont été recensées début septembre.

Quelle menace représentent ces drones ?

Si leur origine reste incertaine, ces survols fragilisent directement le trafic aérien. Ils révèlent aussi les lacunes de la défense européenne face à cette nouvelle menace. L’aéroport de Munich est le plus important de l’UE à avoir dû interrompre ses activités. L’épisode intervient alors que les 27 discutent d’un projet de “mur” antidrones pour mieux protéger leurs espaces aériens.

Une arme hybride de Moscou ?

Derrière les questions de sécurité aérienne se profile aussi un enjeu géopolitique. Plusieurs États européens soupçonnent la Russie de mener des actions de “guerre hybride” en multipliant ces survols. Et ce afin de semer le chaos dans les transports, tester les défenses et fragiliser la confiance des populations. Une hypothèse que Moscou continue de nier, mais qui prend de l’ampleur à mesure que les incidents se répètent.

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