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Congo/Wikileaks : Vital Kamerhe « sidéré par la gravité des faits »

Le ténor de l’opposition congolaise réagit aux mémos américains qui révèlent les pressions physiques et financières intenses exercées par le président Kabila en 2009 pour le faire tomber du perchoir de l’Assemblée.

Le Vif.be : Surpris par ces révélations ?

Vital Kamerhe : Je suis sidéré par la gravité des faits. Il y avait des bruits à l’époque, mais je n’imaginais pas de telles pressions, même si les méthodes du régime sont un secret de Polichinelle. La bataille entre Joseph Kabila et moi a duré cinquante huit jours. Je ne voulais pas céder avant la rentrée parlementaire, car il me semblait important de privilégier la stabilité des institutions.

Ces manoeuvres vous indignent ?

J’ai tourné la page. On a longtemps fermé les yeux sur la corruption et les violations des droits de l’homme en RDC. Je me demande pourquoi ces révélations tombent aujourd’hui.

Vous-même apparaissez dans les mémos diplomatiques américains comme un « ambitieux aveugle », soucieux de valoriser votre image à l’étranger. Vous auriez, en outre, bloqué des enquêtes sur des détournements de fonds survenus à l’Assemblée.

Je n’ai jamais bloqué une seule enquête ! Il faut bien distinguer le contenu des câbles des commentaires de journalistes. Un mot sur mon « ambition » : les ambassadeurs à Kinshasa n’ont peut-être pas compris, en 2009, qu’un président de l’Assemblée nationale s’élève contre une décision de Joseph Kabila, décision qui devait conduire à une nouvelle occupation de l’Est du Congo par des troupes rwandaises. Au cours des deux années qui ont suivi mon éviction de la présidence de l’Assemblée, j’ai gardé le silence, malgré les injures. Est-ce l’attitude d’un « ambitieux aveugle » ?

Entretien : Olivier Rogeau

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