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Comment l’Iran est parvenu à copier la plus secrète des armes américaines

Muriel Lefevre

L’armée israélienne a abattu la semaine dernière un drone. Les Américains ont cru à un cauchemar lorsqu’ils se sont rendu compte qu’il s’agissait d’une copie de leur RQ-170 Sentinel. Une de leurs armes les plus secrètes.

L’Iran avait réussi à capturer ce drone furtif américain en décembre 2011, lorsque ce dernier avait été intercepté dans son territoire aérien. L’appareil a pu être capturé soit suite à une erreur de software qui aurait poussé l’avion à voler trop bas, soit comme les Iraniens le prétendent eux-mêmes ils ont réussi à perturber le GPS de l’appareil grâce à du matériel russe. Quoi qu’il en soit, loin d’être un simple incident, la perte du Sentinel était d’une importance stratégique. Obama aurait pu bombarder les hangars où était stocké l’appareil, mais s’est abstenu de peur de faire capoter les avancées sur l’accord nucléaire avec l’Iran.

Les Américains n’avaient plus subi une telle perte stratégique depuis la disparition de l’appareil-espion U2 au-dessus de la Russie dans les années 1960.

A l’époque de la perte du drone au dessus de l’Iran, l’armée américaine avait pourtant minimisé l’incident, pensant que le pays n’avait pas l’expertise pour déchiffrer les secrets de l’appareil. De toute façon, toujours selon eux, l’appareil avait été pratiquement détruit. Pourtant, dès le mois d’avril 2012, un haut responsable militaire iranien affirmait qu’ils avaient réussi à prendre le contrôle de l’appareil, à le faire atterrir pratiquement sans dommage et à ensuite en faire une copie.

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Ils publient des photos et donnent de nombreux détails. C’était la première fois que ce drone était rendu public. Un véritable bijou technologique indétectable par les radars. Mais aussi un appareil ultra secret. Auparavant, seule l’élite de l’armée et des services secrets américains avait eu vent de l’existence d’un tel appareil.

Cependant, à l’époque, beaucoup, et les Américains en particulier, pensaient qu’il ne s’agissait là que de fanfaronnades de la part de l’Iran. La prise des Israéliens de la semaine dernière vient cependant de prouver par l’exemple que tout cela n’était pas que du bluff.

Israël a mené samedi une série d’attaques aériennes en Syrie, frappant des cibles militaires syriennes, mais aussi « iraniennes » et perdant un de ses avions au cours du plus sévère accès de tensions impliquant les trois pays depuis des années. Ces hostilités interviennent sur fond de crispations grandissantes coïncidant avec le cours pris par le conflit syrien en faveur du régime du président Bachar al-Assad, un ennemi d’Israël soutenu militairement par la Russie, mais aussi par deux autres bêtes noires de l’État hébreu, l’Iran et le Hezbollah libanais. L’accès de fièvre a été provoqué par l’intrusion dans l’espace aérien israélien d’un drone iranien lancé de Syrie, affirme l’armée israélienne. Elle dit avoir entre les mains les débris de l’engin et a publié une vidéo d’un véhicule en Syrie participant à son lancement. Le drone, suivi par la surveillance israélienne depuis son lancement d’une « base iranienne » proche de Palmyre (centre) en Syrie, a été abattu au-dessus de la vallée du Jourdain, a précisé l’armée israélienne.

Selon The Washington Post, ce drone serait donc en réalité une copie du Sentinel. Une information confirmée par la suite par l’armée israélienne. Les experts cherchent maintenant à savoir jusqu’à quel point les Iraniens ont réussi à percer les finesses technologiques de l’appareil. Néanmoins quand on voit que ce dernier a réussi à déjouer la surveillance aérienne très étroite d’Israël, on peut légitimement croire qu’ils y sont parvenus.

Selon certains experts militaires, l’Iran aurait depuis 2016 deux exemplaires de ce modèle. Mais le pays soutient mordicus que l’appareil abattu par les Israéliens n’est pas à eux.

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