Autriche: le kidnappeur de Natascha Kampusch a agi seul

Le Vif

L’équipe internationale d’experts mandatée par le gouvernement autrichien exclut ce lundi la thèse de complices et fait une victime collatérale: le meilleur ami du ravisseur est épinglé pour une potentielle fraude fiscale.

A l’automne dernier, pour faire la lumière sur les zones d’ombre entourant l’affaire Kampusch, séquestrée pendant huit ans par son ravisseur, la ministre autrichienne de l’intérieur avait mis sur pied une commission internationale d’évaluation, chargée d’éplucher 270.000 pages de documents confidentiels. Des agents du FBI et de la police allemande y participaient. Ils rendent leurs conclusions publiques ce lundi après-midi. En exclusivité, L’Express révèle les grandes lignes de leur rapport:

1. Wolfgang Priklopil avait-il des complices? Non. Le seul témoin oculaire du rapt, une petite fille, affirmait avoir vu deux hommes enlever Natascha le 2 mars 1998. Les experts ont découvert des contradictions dans ses dépositions.

2. Natascha Kampusch était-elle victime d’un réseau pédophile? Non. Son ravisseur n’a pas eu de contact avec la propriétaire du sex-shop dont le numéro était enregistré dans le téléphone de son meilleur ami, Ernst. H., ni avec le haut gradé de l’armée soupçonné par les renseignements d’être impliqué dans des « activités illégales » au coeur du milieu sado-maso de Vienne. Ces deux témoins ont été interrogés par les experts sur la nature de leurs rapports avec Ernst H. et sont mis hors de cause. Aucun réseau pédophile n’a été découvert en Autriche.

3. Wolfgang Priklopil a-t-il été assassiné?

Non. Le conducteur du train de banlieue sous lequel il s’est couché après la fuite de Natascha en août 2006 a été de nouveau interrogé. Il a confirmé n’avoir vu qu’une « seule forme humaine » s’approcher de la voie ferrée.

4. A l’époque, les enquêteurs ont-ils commis des erreurs?

Oui. Il y a eu des pannes. La police et le parquet auraient dû découvrir Natascha quelques semaines après sa disparition au plus tard, grâce aux faisceaux d’indices qui menaient à Wolfgang Priklopil. Des pistes ont gravement été négligées sans qu’il soit expliqué pourquoi.

Difficile de dire à l’heure actuelle si cette « enquête sur l’enquête » fera enfin taire les suspicieux en Autriche. Par le passé, des personnalités diverses, au plus haut niveau de l’État, comme le président de la Cour constitutionnelle, ont mis en doute la version officielle. Une chose est sûre: le meilleur ami du ravisseur a désormais du souci à se faire… pour son compte bancaire!

En épluchant les milliers de documents, les enquêteurs se sont rendus compte que Ernst H. avait profité de la mort de Wolfgang Priklopil pour s’enrichir. Car ce dernier avait des dettes envers lui. Ses comptes épluchés, Ernst H. pourrait bientôt être inquiété pour escroquerie et fraude fiscale. On ne s’explique par l’origine exacte de sa relative richesse.

Par Blaise Gauquelin, correspondant à Vienne

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