Trump prix Nobel
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Donald Trump a-t-il des chances d’obtenir le prix Nobel de la paix? «Cela relèverait du miracle»

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’ajoute à la petite liste des personnalités ayant proposé Donald Trump comme candidat au prix Nobel de la paix. Si ses chances ne sont pas nulles, elles restent maigres, analyse Michel Liégeois, spécialistes des relations internationales. A moins d’un exploit de l’Américain dans la résolution des conflits en cours.

Alors qu’il rencontrait pour la troisième fois Benjamin Netanyahu depuis son retour à la présidence américaine, Donald Trump a reçu de la part de son homologue israélien un gage qui a sans doute dû lui faire plaisir. Lui qui entretient l’espoir pas vraiment secret de décrocher un jour le prix Nobel de la paix s’est vu remettre des mains du Premier ministre Netanyahu une lettre que celui-ci aurait adressée au comité de sélection. Une lettre présentant l’Américain comme candidat à ce prix si convoité.

«Je tiens à exprimer la gratitude et l’admiration non seulement de tous les Israéliens, mais aussi du peuple juif et de nombreux admirateurs à travers le monde, pour votre leadership du monde libre, votre leadership d’une cause juste et votre quête de paix et de sécurité», a lancé Benjamin Netanyahu, durant le dîner organisé à l’occasion de sa visite à la Maison Blanche. «A l’heure où nous parlons, il rétablit la paix dans un pays (après l’autre), dans une région après l’autre.»

La démarche du Premier ministre israélien ne lui coûte rien, mais fera en revanche, «plaisir à son interlocuteur, dont il a indéniablement besoin du soutien», analyse Michel Liégeois, professeur de relations internationales de l’UCLouvain et spécialiste des Etats-Unis. Quant à Donald Trump, s’il tient tant à obtenir cette récompense, «c’est parce qu’il représente pour lui une sorte de légitimité internationale, une reconnaissance envers ses actions pour résoudre les conflits en Ukraine, au Proche-Orient et pour contrer la prolifération nucléaire iranienne».

Comme Barack Obama avant lui

Trump lui-même n’a jamais proposé son nom –cela étant interdit par le règlement–, mais ses soutiens s’en sont déjà chargés pour lui par le passé, notamment des parlementaires républicains. Mais jamais cette candidature n’a été retenue, ce qui n’a pas manqué de le contrarier.

«Le prix représente pour lui une sorte de légitimité internationale, une reconnaissance envers ses actions pour résoudre les conflits.»

Michel Liégeois, professeur de relations internationales de l’UCLouvain

Surtout que son prédécesseurs Barack Obama –qu’il n’a eu de cesse de critiquer–, l’a obtenu en 2009, alors qu’il entamait à peine son second mandat. Le comité des Nobel avait notamment salué ses «efforts extraordinaires qui ont renforcé la diplomatie internationale et la coopération avec le peuple» et son engagement pour la non-prolifération nucléaire. Avant Obama, trois autres présidents américains ont reçu le prix Nobel de la paix: Theodore Roosevelt, en 1906, pour son rôle de médiateur dans la guerre russo-japonaise; Woodrow Wilson, en 1919, pour son action durant la Première Guerre mondiale; et Jimmy Carter, en 2002, «pour ses efforts infatigables en faveur d’une résolution pacifique des conflits internationaux, de la démocratie, des droits de l’homme et du développement économique et social».

Des résultats probants, sinon rien

Les chances de Donald Trump de devenir le cinquième président des Etats-Unis honoré ne sont pas nulles, mais tout de même plutôt maigres, commente Michel Liégeois. «Cela relèverait du miracle!» Bien que Donald Trump ait promis de régler rapidement les conflits en Ukraine et à Gaza, il n’en est toujours rien. Ce qui ne serait pas un obstacle, selon le spécialiste des Etats-Unis. «Ce prix n’a pas toujours été attribué à des personnes qui ont réussi. Parfois, le simple fait d’en exprimer une intention suffit, souligne-t-il. Si l’on repense à Barack Obama, par exemple, le principal élément qui avait décidé le comité Nobel à lui attribuer le prix, c’était son discours de Prague. Il avait évoqué la possibilité d’un monde sans armes nucléaires, tout en sachant que cela n’arriverait pas tout de suite. Ce ne serait pas la première fois que le comité Nobel donne un prix à titre d’encouragement», poursuit le professeur.

«S’il obtient effectivement un cessez-le-feu durable en Ukraine et/ou à Gaza, et un accord sur le nucléaire iranien en l’espace de deux mois qui suivent, il faudra lui reconnaître ses résultats.»

Michel Liégeois, professeur de relations internationales de l’UCLouvain

Cela étant, sa personnalité clivante et «sa façon de ne pas respecter les codes diplomatiques», en opposition avec un comité Nobel «composé de personnalités assez diversifiées sur le plan politique», réduisent les chances de Donald Trump, suppute Michel Liégeois. Une porte vers le prix Nobel de la paix commencerait néanmoins à s’ouvrir pour le candidat américain s’il obtenait des résultats dans les semaines ou mois à venir dans les différents dossiers en cours. «Jusqu’à présent, ces efforts n’ont pas été couronnés de succès. Ses méthodes sont ce qu’elles sont, on peut en penser ce que l’on veut, mais on ne peut pas être certain que cela ne va jamais fonctionner, avance le professeur. S’il obtient effectivement un cessez-le-feu durable en Ukraine et/ou à Gaza, et un accord sur le nucléaire iranien en l’espace de deux mois qui suivent, il faudra lui reconnaître ses résultats. Ses perspectives en tant que potentiel lauréat du prix Nobel de la paix pourraient alors changer.»

Benjamin Netanyahu a été reçu par Donald Trump à la Maison-Blanche, ce lundi.
Benjamin Netanyahu a été reçu par Donald Trump à la Maison Blanche, ce lundi.

Comment le prix Nobel de la paix est-il décerné?

Les prix Nobel de l’année 2025 seront décernés entre le 6 et le 13 octobre, avec, comme point d’orgue, le prix de la paix. Beaucoup beaucoup d’appelés (338 candidats cette année), mais un seul deviendra lauréat.

Pour être éligible à un prix Nobel, il faut que la proposition de nomination déposée auprès du comité émane d’une personne habilitée: un ancien lauréat, un professeur d’université, un ministre, un parlementaire… En revanche, comme évoqué plus avant, le nommé ne peut avoir lui-même candidater. Parmi les promoteurs d’une victoire trumpienne: le chef d’état-major de l’armée de terre du Pakistan Asim Munir, l’élu républicain à la Chambre des représentants des États-Unis Buddy Carter, ainsi que la professeure américaine de droit Anat Alon-Beck, laquelle participe à un programme éducatif à l’université d’Harvard. A cette liste s’ajoute donc désormais Benjamin Netanyahu.

Le dépôt de candidature s’achève en février, après quoi les cinq membres du comité Nobel élus par le Parlement norvégien se réunissent une première fois pour définir une liste restreinte de 20 à 30 nommés. Celle-ci est ensuite soumise aux conseillers permanents de l’Institut Nobel chargés d’établir des rapports sur chaque candidat. Suivent alors de nouvelles réunions du comité, jusqu’à la décision et l’annonce du prix.

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