© (Photo by Edward Berthelot/Getty Images)

À New York, le café devient un luxe quotidien

Le gobelet de café, incontournable de la panoplie des New-Yorkais, est de plus en plus cher, une des conséquences de la hausse du coût des grains importés par les innombrables « coffee shops » de la ville.

Le constat est, en fait, d’ampleur nationale. Entre août 2024 et août 2025, le prix à la consommation du café dans les zones urbaines des Etats-Unis (premier consommateur au monde de cette boisson) a grimpé de 21%, selon des statistiques officielles. En cause, des aléas climatiques dans les pays producteurs qui ont porté le cours de l’arabica à un sommet historique en février 2025, la hausse des coûts de transport et surtout, depuis le 6 août, les taxes douanières de 50% imposées par Donald Trump sur de nombreux produits en provenance du Brésil (à l’exception du jus d’orange ou des avions, par exemple).

Sanctionné en représailles au procès intenté à l’ex-président Jair Bolsonaro pour tentative de coup d’Etat, le pays était jusque-là le premier importateur de café aux États-Unis, pourvoyant notamment en 2024 30% des grains de café verts, c’est-à-dire non torréfiés. « Cela a un impact considérable sur nous les propriétaires de petites entreprises, sur les agriculteurs, sur tout le monde », déplore auprès de l’AFP Jeremy Lyman, cofondateur de la chaîne new-yorkaise Birch Coffee.

Créée en 2009, la marque a ouvert 14 points de vente dans la ville et torréfie son propre café de spécialité (de meilleure qualité et donc plus cher que le café industriel, dit de commodité) dans le Queens depuis 2015.

« Inabordable »

« Le prix du café a augmenté d’environ 55% par rapport à la même période l’an dernier, cela a un impact sur la manière dont nous nous fournissons et sur les prix que nous pratiquons à la vente », ajoute Jeremy Lyman. La prochaine commande ne pourra pas être passée au Brésil, devenu « inabordable », explique-t-il. « Sauf demande particulière, l’importateur avec lequel nous travaillons là-bas a également appuyé sur pause ».

Le Conseil des exportateurs de café du Brésil (Cecafé) a d’ailleurs indiqué que les exportations vers les Etats-Unis avaient baissé de près de 53% sur un an en septembre. A la place, le secteur se tourne vers le Mexique, le Pérou, le Honduras ou l’Éthiopie.

Les entreprises américaines augmentent aussi leurs prix. Chez Birch Coffee, ces hausses ont été de moins de 50 centimes pour les boissons servies par les « coffee shops » et de 2-3 dollars par sachet de café torréfié, vendus essentiellement en ligne. « En général, ce sont de petites augmentations qui nous donnent un peu de temps pour trouver des solutions d’approvisionnement », précise Jeremy Lyman. Et « nous essayons de prévenir (les clients) au moins deux semaines à l’avance ».

Futures exemptions ?

D’autres ont opté pour une solution originale, raconte-t-il, appliquant au tarif de base « un pourcentage lié aux droits de douane. Lorsqu’ils augmentent ou diminuent, cela modifie le prix« . Ces augmentations, toutefois, ont leurs limites et le cofondateur de Birch Coffee est conscient du risque de perdre des clients.

Jason Nickel, 45 ans, client de l’enseigne dans l’Upper East Side, continue de fréquenter quotidiennement les « coffee shops » mais dit « faire un peu plus attention » aux tarifs. Il ne se voit pas dépenser plus de 6 dollars, pourboire inclus, pour un « cortado » (un expresso mélangé avec une quantité à peu près égale de lait chaud). Pour une autre habituée, Anna Simonovsky, 32 ans, le seuil est passé de 6-7 dollars à 10 pour un « latte » (contenant plus de lait et de la mousse) mais elle réserve désormais cette dépense à des « occasions » comme la visite d’une amie.

Lueur d’espoir pour les entreprises du secteur et les deux tiers d’Américains adultes qui consomment quotidiennement du café, le président Donald Trump l’a placé début septembre sur une liste de produits insuffisamment cultivés aux Etats-Unis et donc potentiellement exemptés de droits de douane à l’avenir – au même titre que le thé et le cacao. Et un projet de loi visant à protéger les produits à base de café est porté conjointement par des élus démocrates et républicains.

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