La 30e conférence de l’ONU sur le changement climatique (COP30), premier sommet climat organisé en Amazonie, a été mouvementée du début à la fin. Retour sur les décisions majeures à retenir.
Présentée comme la «COP de la vérité», la «COP de la mise en œuvre», la «COP des forêts» ou encore la «COP qui devait faire progresser le monde sur le chemin semé d’embûches conduisant hors des énergies fossiles», la COP30 aura surtout permis de maintenir en vie le multilatéralisme climatique, malmené par la sortie des Etats-Unis de l’Accord de Paris et les turpitudes géopolitiques.
Que retiendra-t-on de la COP30? Passée par l’épreuve de l’eau (avec des averses tropicales qui ont malmené le site de la conférence climat) et par celle du feu (avec un incendie qui a contraint à l’évacuation de milliers de participants du centre de conférence), la COP30 a donné naissance à un «Mutirão mondial» contre le changement climatique qui ne mentionne même pas, ou alors indirectement, la sortie des combustibles fossiles. Une transition à laquelle avait pourtant appelé, dès 2023, la COP28 à Dubaï. Plutôt qu’une feuille de route pour sortir des fossiles, souhaitée par 80 pays, dont la Belgique, le texte se contente d’un «accélérateur mondial de mise en œuvre», une initiative sur base volontaire destinée à hâter les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre «afin de garder l’objectif d’1,5°C à portée de main».
Cette initiative «tiendra compte» des acquis de la COP28 sur la transition hors des énergies fossiles. Dans le même esprit, le «Mutirão mondial» (terme qui renvoie à un concept indigène d’effort collectif pour la collectivité) établit une «mission de Belém pour 1,5°C» visant à rehausser l’action climatique alors que les scientifiques s’attendent désormais à ce que ce seuil de réchauffement, pourtant critique, soit dépassé d’ici à la fin de la décennie.
Des nouvelles mesures concrètes?
Conscient que ce texte laisse sur leur faim près de la moitié des 194 pays représentés à Belém, le président de la COP30 a annoncé en séance plénière qu’il lancerait au cours des prochains mois deux «feuilles de route»: l’une consacrée à la lutte contre la déforestation et l’autre à la sortie des fossiles. La Colombie, en pointe sur ces questions, a pour sa part annoncé l’organisation, en avril 2026, d’un sommet international sur la sortie des combustibles fossiles. De quoi faire dire au patron de l’ONU Climat, Simon Stiell, que «la transition mondiale vers des émissions bas carbone et la résilience climatique est irréversible et constitue la tendance du futur».
Alors que la COP30 s’est déroulée au seuil de la forêt amazonienne, le texte adopté à Belém ne fait que rappeler l’engagement pris à Glasgow, en 2021 (COP26), de mettre un terme et d’inverser la déforestation d’ici à 2030.
Pas de nouvelles mesures concrètes donc, mais plusieurs initiatives lancées en marge de la COP30 en faveur de la préservation des forêts tropicales, comme le fonds TFFF (Facilité de financement des forêts tropicales) initié par le Brésil. Cet instrument innovant n’a toutefois pas encore atteint son objectif de réunir 25 milliards de dollars de fonds publics, auxquels s’ajouteraient dans un second temps 100 milliards de dollars de fonds issus du privé.
Sur le financement climatique, la COP30 se termine sur un appel à augmenter les efforts pour «au moins tripler» d’ici à 2035 le financement pour l’adaptation des pays en voie de développement aux conséquences du dérèglement climatique. Le texte prévoit en outre la mise sur pied d’un programme de travail de deux ans sur le financement climat. Mais la promesse faite il y a quatre ans à Glasgow de doubler le financement de l’adaptation en 2025, à 40 milliards de dollars par an, risque déjà de ne pas avoir été tenue…
Toujours sur la question du financement, les pays du Sud ont obtenu l’organisation d’une table ronde sur le nouvel objectif collectif décidé fin 2024 à Bakou (COP29) et qui prévoit de mobiliser pour 2035 au moins 300 milliards de dollars par an de financement public pour les pays en développement, et 1.300 milliards de dollars par le biais de toutes sources publiques et privées confondues. Une façon pour les pays en développement de garder la pression sur les pays développés qui ont, il est vrai, une fâcheuse tendance à ne pas respecter leurs propres promesses.
Une victoire diplomatique de la Chine sur le commerce
Les COP climat parviennent toujours à surprendre, même après 30 ans de négociations climatiques. La nouveauté réside cette fois dans le fait que l’accord conclu à Belém aborde la question du commerce international et affirme que des mesures de lutte contre le changement climatique, «y compris des mesures unilatérales», ne devraient pas constituer «une restriction déguisée du commerce international». Cette mention est présentée comme une victoire diplomatique de la Chine, en pleine guerre commerciale lancée par l’administration Trump et alors que l’Union européenne a été pointée du doigt à Belém pour son mécanisme d’ajustement carbone aux frontières.
Sur le commerce international, la COP30 a aussi décidé de la tenue d’un dialogue en juin 2027 et juin 2028 en vue d’un événement de «haut niveau» en 2028. Outre le «Mutirão mondial», la COP30 a pris une série de décisions, et non des moindres, comme l’adoption d’un plan d’action pluriannuel sur l’égalité des sexes face au changement climatique et d’une série de plusieurs dizaines d’indicateurs censés accompagner les pays dans leur plan d’adaptation au changement climatique. La COP30 s’est aussi mise d’accord sur un mécanisme de transition juste, qui vise à ce que personne, et notamment les travailleurs, ne soit laissé de côté dans le cadre de la transition climatique. Demandé à cor et à cri par les pays du Sud et salué par la Coalition Climat, qui y voit la «seule lumière dans la nuit» à Belém, ce mécanisme ne sera toutefois formellement établi que l’année prochaine, lors de la COP31. La 31e conférence des Nations unies sur le changement climatique aura lieu en novembre en Turquie sous présidence… australienne.