
Payer pour accéder au magasin? Le nouveau système d’Aldi ne met pas tout le monde d’accord
Au Royaume-Uni, voilà un mois qu’Aldi teste un droit d’entrée de 10 livres sterling dans son magasin sans caisse situé à Londres. Perfectible, le système ne convainc par encore les clients.
Payer pour entrer dans un magasin d’alimentation comme on payerait pour entrer dans une soirée privée. L’idée peut paraître saugrenue. Pourtant, c’est le nouveau système à l’essai dans le tout premier Aldi Shop&Go britannique situé à Greenwich, un quartier de l’Est londonien.
Comme d’autres enseignes avant lui —par exemple, Amazon—, le magasin de grande distribution allemand a inauguré, en janvier 2022, une boutique sans caisse. Il suffit aux clients munis d’un compte Aldi lié à une carte bancaire de scanner un QR code pour pénétrer dans le magasin, et ensuite de faire leurs courses. Pas de passage en caisse ou de self-scan. Grâce à des caméras boostées à l’IA installées aux quatre coins du shop, l’enseigne est censée savoir quels clients ont pris quels articles, et débiter leur compte en banque à hauteur de la valeur des produits emportés.
«Censée», car la méthode n’est pas infaillible, et la succursale britannique de l’enseigne allemande compte bien y remédier. Depuis environ un mois, les clients qui entrent dans le Aldi Shop&Go de Greenwich voient une somme de 10 livres sterling (environ 12 euros) bloquée sur leur carte bancaire. Un système de réservation déjà en place en Belgique dans certaines stations essence, par exemple. Officiellement, Aldi explique que ce droit d’entrée doit rendre l’expérience client plus fluide. Mais surtout, il s’agit pour la société d’un moyen de vérifier les cartes de paiement des clients.
Premiers couacs et premières interrogations
Ce nouveau système, tout innovant soit-il, est, lui aussi, faillible. En cas d’achat, pas de problème. La somme réservée est déduite du ticket de caisse. Mais il arrive que les clients ne trouvent pas ce qu’ils cherchent et ressortent les mains vides. Dans ce cas, Aldi promet un remboursement dans les 48 heures «en fonction de la banque».
C’est là que le bât blesse. Selon les médias britanniques, plusieurs clients ont signalé avoir été facturés plusieurs fois lors de leur visite dans le Shop&Go de Greenwich. En outre, certains se plaignent de ne pas être suffisamment informés par la société sur cette nouvelle modalité d’accès au magasin, la phrase indiquant qu’ils acceptent qu’un «petit montant» soit prélevé de leur carte étant écrite en petits caractères.
La démarche soulève, en outre, quelques questions et des problèmes qui peuvent dissuader les clients de se rendre dans ce type de magasin. Si elles ne sont pas encore légion, certaines sociétés de la grande distribution veulent tendre vers un modèle de shop autonomes. Avec plusieurs conséquences possibles, surtout dans le cas des magasins Aldi.
Premièrement, la disparition progressive du personnel de caisse. Deuxièmement, l’exclusion de certains consommateurs —certes rares— qui ne possèdent pas de smartphone, et donc pas non plus l’application leur permettant d’accéder à ces magasins 3.0. Troisièmement, le tout numérique entraîne un risque de bugs qui peuvent rendre l’expérience des consommateurs plus désagréable. Enfin, la fiabilité des caméras, qui pourraient compter erronément un article qui n’a pourtant pas été emporté.
Le système Aldi possible en Belgique?
La popularité de ce genre de magasins reste pour l’heure incertaine. Quelques points de vente ouvrent aux quatre coins du monde, d’autres, en revanche, finissent par fermer après les grands coups d’annonces. C’est le cas du Aldi Shop&Go d’Utrecht, qui a fermé la semaine passée, car trop peu rentable en raison d’une clientèle anecdotique.
En Belgique, on est encore loin du droit d’entrée aux portes des épiceries. Des enseignes ont bien tenté une incursion sur le marché belge des magasins sans caisse, mais ce fut jusqu’à présent un échec. A l’image du Carrefour BuyBye de Zaventem, ouvert en janvier 2024, qui est aujourd’hui «définitivement fermé».
Un flop qui n’a toutefois pas dissuadé Colruyt de tenter sa chance. Dans son magasin de Halle, le groupe a testé, auprès de son personnel, un caddie intelligent. Il suffit de déposer les articles dans le caddie pour que ceux-ci soient comptabilisés. L’expérience a été un succès, et Colruyt a décidé de tester ce système auprès de ses clients dans le courant 2025.
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