Le mois de décembre constitue l’ultime opportunité de bénéficier des avantages fiscaux liés à l’épargne-pension. Qu’il soit investi dans un fonds de pension ou dans une assurance-vie, ce montant est remboursable jusqu’à 30%. Avec des retombées très attractives à long terme.
La saison des fêtes est ouverte, et avec elle, celle des emplettes de Noël. Pour un cadeau financièrement intéressant à glisser le sapin, pourquoi ne pas considérer un investissement dans une épargne-pension? Certes, il faudra être patient avant de pouvoir déballer l’entièreté du jackpot. Mais ses premiers bienfaits se feront déjà ressentir sur la prochaine déclaration fiscale, avec jusqu’à 315 euros de remboursement à la clé.
Pour rappel, l’épargne-pension existe en complément de la pension légale, appelé premier pilier de pension. «Comme cette pension légale en Belgique est assez faible, il est judicieux de mettre de l’argent de côté pour ses vieux jours via d’autres mécanismes, rappelle Anh Nguyen, professeur en finance (UCLouvain) et gestionnaire de fonds (Nagelmackers). Cela peut se faire par le biais d’une assurance groupe via votre employeur, si vous êtes salarié. C’est ce qu’on appelle le deuxième pilier de pension. Mais vous pouvez également le faire vous-même, en versant régulièrement une partie de votre épargne personnelle sur un « compte » pour plus tard. Il s’agit alors du troisième pilier de pension.»
Différentes solutions s’offrent alors à l’investisseur, qui doit être âgé de minimum 18 ans et maximum 64 ans et 364 jours lors de la conclusion de son contrat: l’épargne-pension sous forme de fonds de pension, via un organisme bancaire, ou l’épargne-pension via une assurance-vie. Attention: ce petit bas de laine ne pourra être débloqué qu’à partir de 60 ans (voire plus tard).
Deux plafonds
Dans le cas du fonds de pension, différents niveaux de risque sont généralement proposés par les banques, rappelle Testachats: un portefeuille dynamique (le plus courant, qui comporte davantage d’actions que d’obligations), un portefeuille neutre (composé à moitié d’actions et à moitié d’obligations) et un portefeuille défensif (qui comporte principalement des obligations).
Dans le cas de l’assurance, la même logique est à peu près appliquée, selon trois produits disponibles sur le marché: la branche 21, la branche 23 et la branche 44. «La branche 21 a un taux d’intérêt garanti, qui s’établit aujourd’hui aux alentours de 2% de rendement, parfois complété par une participation bénéficiaire de l’assureur selon ses performances», précise Anh Nguyen. Elle a été l’option privilégiée par 86% des Belges en 2024, selon les statistiques d’Assuralia publiées début décembre. La branche 23 est, elle, une assurance-vie à laquelle un fonds d’investissement est associé, et est donc assortie d’un plus grand risque. Enfin, la branche 44 est constituée d’un seul contrat avec deux composants différents: un de la branche 21, et un de la branche 23.
Quel que soit le produit d’épargne-pension choisi, tout contribuable peut en récupérer une partie via sa déclaration d’impôts. Que la somme soit versée mensuellement (par exemple 85 euros par mois) ou en une fois, l’essentiel est qu’elle ait été investie avant le 31 décembre. Et qu’elle ne dépasse pas un certain montant. En 2025, le Belge peut choisir entre deux plafonds d’épargne maximale:
- Un plafond de base de 1.050 euros avec un avantage fiscal de 30%, pouvant aller jusqu’à 315 euros de réduction d’impôt en 2026.
- Un plafond majoré de 1.350 euros avec un avantage fiscal de 25%, pouvant aller jusqu’à 337,50 euros de réduction d’impôt.
Effet boule de neige
Au-delà de la déduction fiscale avantageuse, l’investissement dans une épargne-pension peut garantir des rendements très intéressants à long terme. «Evidemment, tout dépend du profil de l’épargnant et de son appétence pour le risque, précise Anh Nguyen. S’il a 55 ans et qu’il compte récupérer sa mise dans quelques années, on ne va pas lui conseiller de prendre un portefeuille composé à 100% d’actions. Car, forcément, certaines mauvaises années, le fonds de pension ou la branche 23 peut perdre 10, 15 ou 20% de valeur. Donc il faut pouvoir dormir serein malgré tout.»
Le professeur en finance conseille donc d’investir dans une épargne-pension «le plus tôt possible». «Plus vous êtes jeune, plus vous réduisez le risque car l’investissement se fait sur du très long-terme, insiste l’expert. Si vous perdez 30% sur une mauvaise année, ça reprendra l’année suivante ou celle d’après, car il n’y a pas de raison que cela stagne très longtemps.»
Commencer dès le plus jeune âge (par exemple, lors de son entrée sur le marchée du travail), permet en outre de maximiser les effets des intérêts composés. Prenons un épargnant de 25 ans, qui investit 85 euros par mois dans son épargne-pension. A l’âge de 65 ans, il aura investi pour un total de 40.800 euros. «Selon l’option choisie, il pourra en retirer jusqu’à 160.000 euros, soit près de quatre fois plus que sa mise initiale, ce qui est un beau petit pactole pour compléter sa pension, estime Anh Nguyen. Par contre, celui qui débute à 45 ans n’aura que 20 ans devant lui pour investir, et pourra à peine doubler sa mise initiale. Il y a donc un effet boule de neige à commencer tôt, qui permet d’aller gagner de l’intérêt sur de l’intérêt.»
Frais d’entrée et de gestion
Seuls les jeunes qui envisagent d’acheter ou de construire une maison font exception à cette règle, avertit Testachats. «Pour eux, il peut être plus intéressant de se constituer d’abord un capital d’épargne dans lequel ils pourront puiser lorsqu’ils auront besoin d’un crédit hypothécaire, insiste l’association de défense des consommateurs. Car sans capital propre, il n’est pas possible aujourd’hui d’y parvenir, avec le risque de payer beaucoup plus cher son crédit.»
Il faut également rappeler que cette épargne-pension ne peut être débloquée avant d’avoir atteint l’âge de 60 ans. Une récupération anticipée entraîne le prélèvement d’un impôt unique d’environ 33%, ainsi que des taxes communales pouvant aller jusqu’à 9%. Mieux vaut donc conserver un petit bas de laine à disposition pour les dépenses surprises (nouvelle voiture, hospitalisation de longue durée,…).
L’investissement dans une épargne-pension est également conditionné à certains frais. «Comme tout produit géré par des institutions financières, ces fonds ou ces assurances sont souvent assortis de frais d’entrée et de frais de gestion qu’il faut garder à l’oeil et comparer avant de se lancer», préconise Anh Nguyen. En outre, le retrait du capital final (hors pénalités liées à un retrait anticipé) est également assorti d’une taxe unique de 8%.
2.339 Belges piégés
Enfin, Ahn Nguyen alerte sur un «piège à éviter», relatif aux deux plafonds d’épargne différents (lire plus haut). Si l’épargnant vise le plafond supérieur (1.350 euros par an), il doit alors absolument dépasser les 1.260 euros d’investissement pour ne pas pâtir de la différence de pourcentage appliqué avec le plafond inférieur (1.050 euros). «Si vous investissez 1.100 euros, par exemple, vous allez récupérer 25% du montant et non pas 30%, illustre le professeur de finance. Or, 25% de 1.100 euros, c’est moins que 30% de 1.050 euros, et vous allez donc y perdre au final.» Une erreur commise par 2.339 Belges en 2024, note guide-epargne.be
Pour garantir plus de lisibilité, l’Arizona prévoit de modifier certaines règles à l’avenir. Dans son accord de coalition, le gouvernement prévoit en effet que «l’épargne-pension augmentée sera intégrée dans l’épargne-pension classique dans un cadre budgétairement neutre». Une mesure que la plupart des fiscalistes interprètent comme une disparition du plafond supérieur au profit d’un seuil unique, qui pourrait toutefois être légèrement plus élevé que le plafond inférieur actuel. La disposition doit toutefois encore faire l’objet de discussions avant d’être actée.
A noter que ces plafonds, habituellement indexés automatiquement chaque année, seront gelés en 2026 sur la base des montants fiscaux de 2025.