bon d'Etat
Le Belge reste vissé à son compte épargne. Le nouveau bon d’Etat, avec son taux facilement battu, risque de ne rien changer à cela. © BELGAIMAGE

Un nouveau bon d’Etat à taux étriqué: voici des produits aussi sûrs et plus généreux

Thomas Bernard
Thomas Bernard Journaliste et éditeur multimédia au Vif

L’appétit des Belges pour le bon d’Etat s’amenuise à mesure que les taux fondent. La dernière fournée ne devrait pas déchaîner les passions. Pour trouver d’autres produits aussi sûrs mais davantage rémunérateurs, quelques pistes à suivre.

Même en les passant sous la loupe, les deux nouveaux bons d’Etat de la Belgique apparaissent minuscules. Un taux de 1,8% sur un an et 3% pour la version sur dix ans, en brut. Respectivement 1,26% et 2,1%, en net, après retenue du précompte mobilier de 30%. Les conditions de marché maussades sont le coupable tout trouvé de ces taux faméliques. Pour obtenir mieux, il faut repérer les indices favorables, comparer, enquêter.

Du côté des banques, sur le prisé compte d’épargne, quelques établissements proposent encore des primes de fidélité supérieures à 1,26%. Pour obtenir cette prime, il est nécessaire de laisser son argent en place durant un an, exactement comme avec le bon d’Etat. Sur les quinze comptes dénichés, dix sont conditionnés à des versements limités (de 500 à 600 euros/mois) ou requièrent un montant minimum (de 15.000 à 50.000 euros). Cela laisse cinq véritables possibilités de surpasser facilement le bon d’Etat à un an, dans des conditions similaires.

Banque Nom produit Taux de base Prime de fidélité Taux global
MeDirect Fidelity Épargne 0,30 % 1,50 % 1,80 %
NIBC Compte fidélité 0,40 % 1,40 % 1,80 %
Keytrade Bank High Fidelity 0,40 % 1,40 % 1,80 %
ING Compte d’épargne 0,10 % 1,40 % 1,50 %
Belfius Compte d’épargne Fidelity 0,20 % 1,30 % 1,50 %

En additionnant la prime de fidélité et le taux de base, 31 propositions survolent le taux du bon d’Etat. Là aussi, des conditions peuvent s’appliquer et il est nécessaire de tenir compte de la volatilité du taux de base: celui-ci peut changer du jour au lendemain, produisant directement ses effets, alors que la prime de fidélité est acquise après un an au taux indiqué au moment du versement, même si ce taux déraille par après.

«Rien qu’en cherchant du côté du compte épargne, il y a effectivement mieux que ce que propose le nouveau bon d’Etat, acquiesce Nicolas Claeys, expert investissement chez Testachats. Les taux sont globalement faibles pour le moment, notamment pour les offres des grandes banques, parfois sous le pourcent. Si on a encore un vieux compte épargne avec ce genre de taux, il reste intéressant de voir s’il n’existe pas une autre solution en interne. C’est le cas chez BNP Paribas Fortis notamment, qui est à 0,6% pour un compte épargne ordinaire et 1,25% sur le compte plus. Les taux grimpent davantage du côté des challengers et des banques en ligne, avec 1,8% chez certains. Ouvrir un compte d’épargne ailleurs est une démarche facile, qui permet de profiter de meilleurs taux, sans forcément couper le cordon avec sa banque historique, où le client peut garder un compte pour ses opérations courantes.»

Essayer de battre l’inflation

Ces taux risquent d’encore se contracter à l’avenir, alors que les marchés anticipent des baisses des taux directeurs de la Banque centrale européenne. Sécuriser un taux aujourd’hui permettra de se prémunir de ces variations. Que ce soit via la prime de fidélité ou d’autres produits.

Les comptes à terme, proposés par les banques, sont une autre solution pour cela mais ne font pas vraiment mieux niveau taux: pour une durée d’un an, ils affichent de 1% à 1,7%. Cela suppose parfois plus de démarche dans certaines banques et l’argent sera bloqué pour la durée prévue. Les bons de caisses pour une année sont rares et ne font pas mieux non plus, selon les données des comparateurs en ligne.

Avec une inflation autour des 2%, certains taux affichés pour ces produits permettent tout juste de limiter la casse, mais l’épargnant y perd de l’argent. Pour battre l’inflation, avec un horizon un peu plus lointain, les obligations peuvent trouver grâce aux yeux de certains investisseurs. Ceux à la recherche de stabilité et de sûreté principalement.

«C’est plus de démarche que pour ouvrir un simple compte d’épargne, mais on peut trouver des offres battant le bon d’Etat. Il y a notamment une obligation européenne (EU000A3KTGV8), qui arrive à échéance en juillet 2026, et qui laisse entrevoir un rendement d’environ 1,75% annuel. On trouve également une obligation de l’Etat belge (BE0000351602), pour fin octobre 2027, qui permettra d’obtenir 2% net par an. Cela devient intéressant car on s’approche ici de l’inflation, ce qui permet de préserver son pouvoir d’achat», poursuit le spécialiste de Testachats Invest. L’idéal pour se lancer dans les obligations étant d’avoir un courtier bon marché et d’acheter à de bonnes conditions, avec des frais réduits.

Quid du long terme et du bon d’Etat à dix ans?

A encore plus long terme, l’assurance-épargne représente un autre choix. L’argent doit être bloqué durant huit ans minimum, sous peine de devoir payer un précompte et des frais de sortie, mais les taux grimpent. «Chez Ethias, l’épargnant peut obtenir 2,3% avec moins de 20.000 euros et même 2,5% si la somme dépasse ce montant», précise Nicolas Claeys.

Huit ans, c’est long reconnaît-il, l’horizon de placement devient proche de celui du bon d’Etat à dix ans (2,1% net), mais permet de gagner malgré tout deux ans avant de retrouver ses liquidités et quelques dixièmes de pourcent en taux. «On peut aussi sortir du bon d’Etat avant échéance, mais ce n’est pas toujours évident et le risque existe d’être perdant financièrement. Pour un investisseur qui a devant lui huit à dix ans, prêt à prendre un peu plus de risque, l’alternative à ces deux propositions, ce sont les placements boursiers

Le risque de volatilité est ici bien plus grand, notamment lors d’achat de certaines actions directement, mais la durée doit permettre de se prémunir des variations à court terme. «Sur une échéance de dix à quinze ans, les chances d’avoir un bon rendement, supérieur à l’inflation, sont assez élevées. L’idée en bourse est d’être le plus diversifié possible. Si vous achetez quelques actions qui se plantent, il sera évidemment plus difficile de compenser vos pertes. Mais avec un portefeuille plus large, vous divisez ces risques. Les ETF (exchange trade fund) permettent notamment cette diversité. On inverse alors la donne: ce qui apparaît comme risqué à court terme devient plus sûr à longue échéance, alors que le compte épargne c’est l’inverse, une forte sécurité à court terme mais des taux qui peuvent diminuer dans quelques mois, engendrant plus de risque d’être battu par l’inflation à long terme», conclut l’expert.

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