Les femmes vivent plus longtemps que les hommes, ce qui augmente le temps passé à la pension et donc les besoins financiers associés. Avec une pension légale souvent inférieure, à cause de carrières parfois plus fragmentées, les pensionnées ont donc un trou à combler plus important que les hommes pensionnés. Pour conserver un certain niveau de vie et compléter ses revenus à la pension, les femmes ont intérêt à mettre davantage d’argent de côté. Combien? Réponses en un calculateur.
De quel montant un retraité a-t-il besoin pour vivre sans problèmes financiers? C’est la question à un million d’euros. Voire peut-être même un peu plus dans le cas d’une femme pensionnée. Selon les données officielles, en janvier 2024, les pensionnés ont reçu un revenu de pension légale de 1.998 euros en moyenne. Pour les femmes ce montant tombe à 1.806 euros en moyenne, soit 400 euros de moins que les retraités hommes (2.203 euros).
Ces montants représentent une moyenne nationale, tous types de carrières confondus. Le détail des pensions pour des carrières d’indépendantes ou salariées laissent apparaître des montants encore inférieurs: entre 900 et 1.500 euros, en moyenne toujours. Seules les femmes ayant prestées l’intégralité de leur carrière comme fonctionnaire touchent davantage, autour de 3.200 euros. Il s’agit ici de montants bruts. Les écarts entre régime se réduisent en comparant le net touché par les pensionnés, les retenues des ex-fonctionnaires étant plus importantes. Mais globalement, la pension de retraite des femmes est en moyenne 17 % moins élevée que celle des hommes, souligne le site pensionstat.be.
Face à ce constat, connaître ses revenus futurs et les anticiper est d’autant plus vital. Sans passer par une simulation complète sur mypension.be, il reste possible d’estimer son taux de remplacement, soit la part de salaire maintenue à la pension. Celui-ci est variable selon les cas, mais, globalement, un salarié part avec un taux de remplacement de 60%, un fonctionnaire avec un taux de 75%, et un indépendant avec un taux de 40% à 60%.
S’ajoutent à cette baisse de revenus de nouvelles dépenses et la perte d’avantages. Pêle-mêle, il faudra éventuellement rendre la voiture de société, reprendre l’abonnement GSM ou la police d’une assurance hospitalisation, se passer de chèques-repas… Sans oublier ces futures années où la santé sera moins bonne et exigera peut-être de résider en maison de repos. Le coût moyen d’un séjour mensuel y atteint 1.989 euros (étude Solidaris, 2023).
Une pension légale trop maigre
En clair, la pension légale, celle du premier pilier versée par l’Etat, est trop maigre pour maintenir son niveau de vie à la retraite. La pension complémentaire, celle du deuxième pilier financée par les entreprises pour leurs salariés ou leurs dirigeants, suffit-elle à combler le fossé? Pas sûr du tout…
En 2024, 30% des salariés n’en bénéficiaient pas. La moyenne des réserves acquises s’élève à 24.664 euros. Mais, derrière cette somme, se cachent des disparités entre ceux qui partent avec un maigre bas de laine et ceux qui perçoivent un montant plus conséquent. Ainsi, chez les 54-65 ans, la tranche la plus proche de la pension, la réserve acquise, se chiffre à 61.790 euros brut. Mais une grande partie des bénéficiaires empochent un montant nettement moindre: les statistiques du SPF Pensions montrent que la moitié dispose d’une réserve à peine supérieure à 10.000 euros brut.
En résumé, ces ressources sont trop faibles pour maintenir son pouvoir d’achat, sauf à réduire son train de vie. Or, les études montrent que les pensionnés conservent, en général, le niveau de dépenses auquel ils se sont habitués au cours des dernières années d’activité professionnelle. Il existe en effet plusieurs périodes. Durant les premières années de pension, les dépenses sont plus élevées et les besoins d’argent, plus importants. De fait, les pensionnés restent actifs, consomment des loisirs et des voyages. Durant la deuxième phase, ils consacrent leur budget à leur habitation et leur confort quotidien. La troisième voit les frais de santé augmenter et devenir conséquents.
Combien faut-il économiser pour sa pension?
Alors, combien épargner pour sa pension? La réponse demeure complexe. Car il existe une variable indéfinissable: la durée de vie, largement sous-estimée. Les Belges vivent en effet plus longtemps et, surtout, plus longtemps qu’ils ne le pensent. Et les femmes plus longtemps encore que les hommes, en moyenne.
En estimant – ou en connaissant – ses revenus futurs, ainsi qu’en calculant ce qui est nécessaire pour conserver son train de vie, il est possible de calculer l’écart à combler. Cela permet de visualiser le montant et éventuellement la somme à épargner chaque mois pour y parvenir, selon l’âge et le genre. Le calculateur ci-dessous permet une estimation simplifiée.
Un exemple: une femme de 52 ans, qui vivra jusqu’à 87 ans, soit 20 ans à la pension. Elle touchera une pension légale de 2.100 euros et une pension complémentaire de 326 euros. Avec des besoins annuels estimés à 33.600 euros de dépenses, soit 2.800 euros par mois, elle devra avoir épargné 89.760 euros pour conserver son niveau de vie. Parmi les individus du même âge et du même sexe, 10% pourraient atteindre 98 ans. Ceux-là auront dû épargner 139.128 euros. Des montants qui ne tiennent pas compte de frais imprévus.