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Les salaires réels chutent: voici la raison

L’inflation affecte le pouvoir d’achat des classes moyennes et frappe sévèrement les ménages à faible revenu, pointe, sans réelle surprise, un nouveau rapport de l’Organisation internationale du Travail (OIT) publié mercredi. La crise inflationniste mondiale entraîne « une chute notable des salaires mensuels réels dans de nombreux pays », selon cet organisme international.

Pour la première fois en plus de 20 ans, l’OIT a enregistré, au premier semestre 2022, une croissance négative des salaires mensuels réels (-0,9%) dans le monde.

   Plus en détails, l’OIT a divisé les pays du G20 – qui concentrent environ 60% des salariés dans le monde – en « économies avancées », où les salaires réels durant les six premiers mois de l’année sont tombés à -2,2%; et en « économies émergentes » où les salaires ont là progressé de 08,%. Cette croissance reste toutefois bien moindre (de 2,6%) qu’en 2019.

   De manière générale, l’inflation a progressé proportionnellement plus rapidement dans les pays à revenu élevé que dans les autres. L’OIT pointe que dans l’Union européenne, la croissance des salaires réels a chuté à -2,4% au premier semestre 2022 (contre une augmentation de 1,3% en 2021). En Europe de l’Est, les salaires ont chuté de 3,3%, en Amérique du Nord de 3,2% et en Amérique latine et dans les Caraïbes de 1,7%. En Asie-Pacifique, la croissance des salaires a ralenti à 1,3% mais en excluant la Chine du calcul, elle se limite à 0,7%. En Asie centrale et occidentale, la croissance s’est élevée à 2,5% (contre +12,4% en 2021) tandis qu’en Afrique, les salaires réels ont baissé de 0,5%. Enfin, dans les États arabes, l’OIT estime que les salaires ont crû de 1,2%.

   « L’inégalité des revenus et la pauvreté augmenteront si le pouvoir d’achat des plus bas salaires n’est pas maintenu », prévient, dans un communiqué, le directeur général de l’OIT, Gilbert Houngbo. « En outre, la reprise post-pandémie, si nécessaire, pourrait être mise en péril. Cela pourrait alimenter de nouveaux troubles sociaux à travers le monde et compromettre l’objectif d’atteindre la prospérité et la paix pour tous. »

   La poussée de l’inflation comporte des conséquences « plus lourdes sur le coût de la vie pour les personnes à faible revenu », qui dépensent « une grande partie de leur revenu disponible pour des biens et des services essentiels, dont les prix augmentent généralement davantage que ceux des produits non essentiels », relève en outre l’OIT. Ces personnes avaient déjà été touchées plus lourdement par la crise sanitaire.

   Le rapport de l’OIT met encore en exergue que les personnes payées au salaire minimum souffrent également davantage de l’inflation. « L’accélération de l’inflation des prix grignote rapidement la valeur réelle du salaire minimum dans de nombreux pays pour lesquels on dispose de données. »

   Le rapport appelle à la prise de « mesures urgentes », telles que l’ajustement des taux de salaire minimum, la distribution de bons pour les ménages à faible revenu ou encore la réduction de la TVA sur certains produits.

   « Nous devons prêter une attention toute particulière aux personnes ayant un emploi et qui se situent au milieu et au niveau inférieur de l’échelle des salaires », estime, dans le communiqué, Rosalia Vazquez-Alvarez, une des autrices du rapport. « La lutte contre la détérioration des salaires réels peut contribuer à maintenir la croissance économique qui peut, à son tour, aider à revenir aux niveaux d’emploi observés avant la pandémie. »

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