
Est-ce le moment d’acheter de l’or ? « Oui, mais… »
Valeur refuge par excellence, l’or redevient prisé par les temps inflationnistes qui courent. Est-ce une bonne idée d’investir dans ce métal précieux ? Oui, « mais il y a moyen de trouver mieux ».
Le métal jaune est réputé offrir un refuge aux investisseurs quand tout va mal. Mais est-ce vraiment si simple? En vingt ans, le prix de l’or a été multiplié par près de six, jouant manifestement en plein son rôle attitré. Aujourd’hui, l’once fluctue autour des 1 750 dollars après avoir connu un pic de près de 2 000 dollars au plus fort de la panique, causée par la pandémie en 2020. Mais s’il est indéniablement sensible aux événements internationaux qui affectent les marchés, le métal jaune n’offre pas la parade parfaite pour automatiquement compenser les pertes que subiraient les autres actifs. Loin s’en faut.
«C’est une matière très spéculée par des fonds spécialisés. Ils ont recours à des stop-loss visant à limiter leurs pertes en cas de chute. Dès qu’un plancher est atteint, des ventes massives sont automatiquement déclenchées, ce qui amplifie très fort les mouvements sur le marché», prévient Nicolas Deltour chez Belfius. La chute peut parfois être vertigineuse, comme ce fut le cas juste après la crise de l’euro en 2012, lorsqu’il a perdu un tiers de sa valeur.
«Donc, oui, ce statut de refuge n’est pas usurpé et on peut toujours l’envisager, mais on peut trouver franchement mieux… Comme le dollar par exemple, ne serait-ce que parce que l’or ne fournit aucune rémunération, contrairement aux devises. Ce n’est pas un détail quand vous cherchez du rendement», poursuit le spécialiste. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, expliquent les gestionnaires de patrimoine, son poids ne dépasse jamais 2%, 3% voire grand maximum 4% dans les (gros) portefeuilles.
Quant à prévoir son évolution future, «c’est encore plus compliqué. D’abord à cause de ces ressorts particuliers liés aux fonds spéculatifs mais aussi parce que l’autre grand débouché de l’or, les applications industrielles, aujourd’hui en plein boom et dont la demande est donc intégrée dans le cours actuel, apporte, elle, de la cyclicité, c’est-à-dire le contraire de la contracyclicité recherchée.» Reste la demande pour les bijoux, typiquement en Inde, mais «on ne peut pas dire que la situation économique actuelle de ce pays soit appelée à soutenir le pouvoir d’achat de la classe moyenne ces prochaines années». Quant aux banques centrales, «elles préfèrent les paniers de devises aux métaux précieux» pour regarnir leurs réserves. En tout état de cause, «l’investisseur se protégera probablement davantage contre l’inflation par d’autres actifs, comme les actions de qualité».
Le statut de refuge de l’or n’est pas usurpé et on peut toujours l’envisager, mais on peut trouver franchement mieux…
Si malgré tout cela, il aura toujours ses aficionados, le métal jaune présente aussi le désavantage, quand on l’achète physiquement, d’impliquer des frais de manutention, de détention et de sécurisation. On peut éviter cette rente négative en achetant des ETF (part d’un stock d’or) mais «il faut s’assurer qu’il y a bien de l’or physique derrière et qu’il ne s’agit pas d’un montage synthétique qui vous fait supporter un risque de contrepartie». Enfin, les mines d’or dont on peut acheter des actions sont «terriblement énergivores» et «leurs coûts d’exploitation toujours plus élevés à mesure qu’elles creusent».
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