La nuit sera un peu plus longue qu’annoncée par l’Arizona (de 23h00 à 6h00 plutôt que de minuit à 5 heures). Mais le travail de nuit est de retour. Quel impact pour le consommateur ?
Le kern débuté ce jeudi vers 18 heures s’est clôturé au milieu de la nuit et, à défaut de produire des définitions précises sur les augmentations de TVA, l’Arizona s’est mise d’accord sur la réintroduction du travail de nuit. L’exécutif a décidé que serait considéré comme «travail de nuit» tout travail exercé entre 23h00 et 6h00 (contre 20h00-6h00 actuellement). Une définition un peu moins sévère qu’initialement imaginée par le gouvernement fédéral (entre minuit et 5 heures)
Parmi les commissions paritaires concernées par cette nouvelle mesure, la plupart relèvent des métiers du commerce de détail et du transport. Dans ce secteur, la logistique pourrait s’en retrouver améliorée: si les camions peuvent rouler plus longtemps, ils pourront davantage être remplis, alors qu’ils ne le sont généralement qu’entre «25 et 50%» actuellement, selon Pierre-Alexandre Billiet, PDG de Gondola, la plateforme du retail. «L’impact pour le consommateur sera visible à différents niveaux. Les routes seront un peu désengorgées grâce à une meilleure logistique au niveau des camions. Et cela va également permettre une adaptation de la chaîne d’e-commerce, même si la Belgique a dix ans de retard et que le train est passé en la matière.»
Le travail de nuit coûte trop cher pour ouvrir les grandes surfaces
Est-ce que le consommateur peut s’attendre à une ouverture des grandes surfaces 24 heures sur 24, sept jours sur sept ? «Si c’est le cas, les prix augmenteront fortement, assure Billiet. Les seuls qui pourraient y voir un avantage seraient les magasins très spécialisés avec un mix Horeca, comme sur le modèle de Delitraiteur.» Pour les autres, la main-d’œuvre nocturne restera largement trop chère pour tirer une rentabilité des ventes entre 23h00 et minuit.
Alexandre Billiet espère donc pouvoir remettre en question le prix de la main-d’œuvre sous l’Arizona. «La facilitation du travail de nuit amène de l’oxygène dans un milieu restreint et complexe. Ce n’est pas un bond en avant, mais un pas, et il permettra peut-être de préparer le terrain pour l’e-commerce», soit le commerce automatisé (à l’aide d’IA notamment). Un train que la Belgique ne pourra pas manquer, prévient-il.
Des horaires atypiques, mais pas de compensation
«Une fois de plus, c’est le travailleur qui paie avec davantage de pression, plus d’horaires atypiques et moins de protection, sans aucune concertation», réagit Thierry Bodson, président de la FGTB. «L’accord d’été ne parlait que d’un élargissement du travail de nuit dans “le secteur de la distribution et les secteurs apparentés, y compris l’e-commerce”. Soudain, ce groupe s’élargit considérablement: le commerce des métaux, le commerce du bois, le commerce de combustibles, et les électriciens sont entraînés dans de nouvelles règles qui font commencer le travail de nuit plus tard et le rémunèrent différemment», dénonce la FGTB.
«Il est à craindre que la porte ne s’ouvre encore davantage», estime pour sa part la CSC. «Les flexi-jobs ont été inventés à l’origine pour lutter contre la fraude fiscale dans le secteur de l’Horeca. Regardez où nous en sommes aujourd’hui. Aujourd’hui, vous êtes client, demain, vous serez peut-être victime de cette fraude.»
La FGTB fustige également la règle qui permettra aux employeurs «en difficulté économique» de diminuer la prime accordée à leurs travailleurs de nuit: «Quelque chose nous dit que le nombre d’entreprises “en difficulté économique” va exploser.»
Plus globalement, les deux syndicats s’inquiètent de l’impact sanitaire d’une telle mesure et mettent en avant les problèmes de santé que peut provoquer le travail de nuit: troubles du sommeil, problèmes digestifs, risques cardiovasculaires, risque accru de diabète et de différents cancers…
9,2 milliards d’euros
Le gouvernement De Wever s’est, par ailleurs, accordé sur un effort supplémentaire de 9,2 milliards d’euros d’ici 2029. Cette trajectoire prévoit notamment deux plafonnements de l’indexation des salaires, une hausse de la TVA sur plusieurs biens et services, ainsi qu’une augmentation des droits d’accise sur le gaz naturel, tandis que ceux sur l’électricité seront réduits.
(Avec Belga)