1% des plus riches paie plus d’impôts que 40% des plus pauvres. Mais par rapport à leurs revenus, ce même 1% contribue proportionnellement moins que le reste des 10% les plus fortunés, selon les calculs inédits de la Banque nationale.
Pour faire partie du pour cent des Belges les plus riches, il faut disposer d’un revenu annuel de 142.265 euros pour une personne seule, 213.407 euros pour un couple sans enfant et 298.757 euros pour un couple avec deux enfants. Ces montants correspondent au revenu net après impôts, c’est-à-dire l’argent qu’un ménage peut réellement consacrer à ses dépenses ou son épargne. Près de la moitié de ces Belges les plus riches tire la majeure partie de leurs revenus de leur patrimoine.
Mais combien ces contribuables ultra fortunés versent-ils en impôts et cotisations sociales (qui englobent les contributions finançant la sécurité sociale, mais également les primes liées aux assurances sociales, comme les assurances de groupe par exemple)?
Focus, d’abord, sur les 10% des plus riches. Ils paient 25 milliards d’euros d’impôts sur le revenu et le patrimoine, auxquels s’ajoutent 24 milliards d’euros de cotisations sociales. Les 90% restants versent 43 milliards d’euros d’impôts et 75 milliards d’euros de cotisations sociales.
D’après les chiffres de la Banque nationale (BNB), à mesure que le revenu augmente, les contribuables les plus aisés paient de plus en plus d’impôts. Il en va de même pour les cotisations sociales: les 10% les plus fortunés supportent les montants les plus élevés. Cette tranche de la population paie ainsi plus d’impôts et de cotisations sociales que les six tranches inférieures réunies.
Que se passe-t-il alors si l’on isole le pour cent des plus riches et qu’on le compare au reste des 10%? Sur les 25 milliards d’euros versés par ces 10%, six milliards proviennent du pour cent tout en haut de la pyramide des revenus, et 19 milliards des 9% juste en-dessous.
En moyenne par ménage, les 50.000 foyers constituant le pour cent le plus fortuné paient trois fois plus d’impôts que les 450.000 foyers de la tranche suivante de 9%.
En élargissant encore l’analyse, on constate que le pour cent des plus riches paie plus d’impôts que les 40% de contribuables aux revenus les plus modestes.
Quid des cotisations sociales? Les 10% des plus riches paient 24 milliards d’euros de cotisations sociales. En détail: le pour cent le plus fortuné contribue pour environ trois milliards, tandis que les 9% juste en-dessous versent plus de 21 milliards. Même ramené par ménage, le pour cent le plus riche paie toujours le plus. Mais la différence est moins marquée que pour les impôts.
Contribution relative
Mais il ne faut pas se limiter aux montants exprimés en euros ou aux totaux absolus: il faut aussi examiner la contribution par rapport au revenu disponible, autrement dit la part relative de chacun. Formulé autrement: 200 euros représentent un poids bien plus important pour une personne qui gagne 2.000 euros par mois que 10.000 euros pour quelqu’un qui touche 200.000 euros mensuels.
Les chiffres de la BNB montrent que la contribution relative aux impôts augmente avec le revenu. Ainsi, les 10% des foyers les plus modestes consacrent près de 3% de leurs revenus aux impôts, tandis que cette part grimpe progressivement pour atteindre 31,5% pour les 10% les plus aisés.
Mais une analyse détaillée des 10% d’ultra riches démontre que le pour cent le plus fortuné consacre 30% de son revenu disponible aux impôts, contre environ 32% pour les 9% qui suivent. En d’autres termes, le pour cent des plus riches paie proportionnellement un peu moins que les 9% restants, mais toujours plus que le neuvième décile (la tranche juste en dessous), où la part relative atteint 28%.
Qu’en est-il des cotisations sociales? Jusqu’au neuvième décile, les contributions relatives augmentent avec le revenu: par rapport à leur revenu disponible, les 10% les plus modestes versent 15%, tandis que pour le neuvième décile, ce chiffre atteint 40%.
Avec une contribution relative de 30%, les 10% les plus riches dépensent moins en cotisations sociales que les septième, huitième et neuvième déciles.
Que se passe-t-il si l’on isole le pour cent des plus riches au sein des 10% des plus fortunés? Par rapport à leur revenu disponible, ils contribuent à hauteur de 12% aux cotisations sociales, ce qui est nettement moins que les 9% qui suivent, dont la part atteint 37%.
Cette dernière reste toutefois inférieure à celle du neuvième décile, où la part relative atteint 40%.
En résumé: le fait que les 10% des plus riches, et en particulier le pour cent d’ultra riches en son sein, contribuent relativement moins aux cotisations sociales est bien sûr lié à la nature de leurs revenus: les cotisations sociales sont principalement prélevées sur les revenus du travail, et non sur les revenus du capital.
Or, ces derniers prennent une importance croissante au sein de 10% et constituent la principale ressource du pour cent des Belges ultra riches.