Le CD&V et la N-VA accusent la région bruxelloise d’avoir maquillé ses finances pour couvrir ses mauvais soldes budgétaires et son degré d’endettement. Sven Gatz, ministre des Finances en affaires courantes, dément.
Le CD&V et la N-VA, dans l’opposition au Parlement bruxellois sous la précédente législature et actuellement à l’écart des discussions budgétaires en cours à la Région, ont relayé mercredi les accusations de maquillage budgétaire des médias De Tijd et The Brussels Times. Le ministre Open Vld des Finances en affaires courantes, Sven Gatz, les dément catégoriquement.
Selon ces deux médias, le gouvernement bruxellois a utilisé au cours des dernières années des techniques pour présenter ses mauvais soldes budgétaires et son degré d’endettement sous un jour plus favorable: emprunts conditionnels présentés comme des liquidités, économies futures comptabilisées comme des recettes, dettes dissimulées.
Le député CD&V Benjamin Dalle a exigé la réunion sans délai de la commission des Finances pour faire la clarté. Selon lui, «en agissant de la sorte, on a aussi trompé potentiellement des institutions comme la Banque européenne d’investissement et l’agence de notation S&P». En juillet dernier, le ministre Sven Gatz avait contredit les constats du Tijd, note-t-il. S’il a délibérément fait de trompeuses déclarations, «c’est très grave.»
«S’il s’avère que le parlement a été trompé pendant des mois avec des chiffres falsifiés, ce n’est pas une simple erreur technique, c’est une question de confiance. Nous exigeons que toutes les cartes soient mises sur la table. Bruxelles a besoin de chiffres honnêtes, pas de rapports embellis», a-t-il ajouté.
Le député N-VA Gilles Verstraeten a dit voir dans ces informations la confirmation de ce que son parti dit depuis longtemps. Le gouvernement bruxellois en affaires courantes inscrit selon lui des provisions de centaines de millions d’euros pour embellir le déficit.
Sven Gatz se défend
Selon le ministre Sven Gatz, «toutes les informations financières disponibles» ont toujours été communiquées dans leur intégralité, au Parlement et aux partenaires externes impliqués dans l’évaluation de la situation financière. «A aucun moment, une image plus favorable des chiffres budgétaires ou de la dette n’a été présentée… Les chiffres montrent qu’en 2017, 2018, 2019, 2021 et 2022, selon les calculs de la Région, la dette était supérieure à celle de la Banque nationale, en utilisant exactement la même méthodologie. Le gouvernement bruxellois travaille avec un budget pluriannuel entièrement conforme aux avis du Conseil supérieur des Finances.»
Toujours selon le ministre bruxellois des Finances, les rapports destinés aux partenaires financiers et à l’agence de notation Standard & Poor’s ont toujours été établis «en toute transparence. Les deux parties savent parfaitement que les lignes de crédit de la Banque Européenne d’Investissement et de la banque de développement social pour l’Europe CEB sont liées à des projets spécifiques. La Région disposait de réserves de liquidités importantes à chaque prélèvement et n’a jamais utilisé ces fonds pour combler des déficits de liquidités», a-t-il insisté, précisant que ces fonds ont été utilisés «de manière progressive, ce qui témoigne d’une bonne gouvernance.»
«Depuis 2022, avant même la mise en place de la première ligne de crédit de la BEI, l’agence de notation a en outre confirmé que ces lignes étaient à juste titre prises en compte dans le calcul de la liquidité», a-t-il encore détaillé.
Le ministre Sven Gatz a enfin reconnu que la situation actuelle de la dette de la Région bruxelloise pourrait être mise sous pression à terme. «Si des réformes structurelles et des économies ne sont pas mises en œuvre à temps, il existe un risque de crise de liquidité», a-t-il conclu.