David Clarinval a annoncé réintroduire la période d’essai sur le marché du travail dans le but de faciliter l’embauche. Si l’employeur veut mettre fin ou contrat de l’employé, ou si ce dernier veut quitter son poste dans les six mois, un préavis d’une semaine sera d’application. Les boulots les moins qualifiés peuvent redouter cette mesure.
Le gouvernement fédéral est parvenu à un accord lundi sur le retour de la période d’essai. Cette disposition n’existait plus depuis le 1er janvier 2014. Son retour était inscrit dans l’accord de coalition conclu par l’Arizona. Durant les six premiers mois du contrat de travail, chacune des parties pourra y mettre fin moyennant un délai de préavis d’une semaine. Passé cette période, les règles ordinaires de préavis prévues par la législation du travail s’appliquent intégralement.
Selon le ministre de l’Emploi, David Clarinval (MR), «la réintroduction de la clause d’essai constitue un levier essentiel pour stimuler le marché de l’emploi. Elle offre une première chance aux jeunes de trouver un emploi et aux entreprises de meilleures conditions pour recruter. Sans clause d’essai, les décisions d’embauche sont plus lourdes et prennent plus de temps. Cette mesure représente donc une excellente nouvelle pour les demandeurs d’emploi, en particulier les jeunes, pour les employeurs, en particulier les PME, ainsi que pour la compétitivité de nos entreprises.»
Les emplois peu qualifiés et les ouvriers désavantagés
Pour Fabienne Kéfer, professeure en droit du travail de l’Université de Liège, cette mesure permettra surtout aux entreprises d’employer de nouveaux éléments même si elles ne sont pas certaines d’être en mesure d’assumer leurs salaires six mois plus tard. Et ce notamment en raison de la période de préavis qui est réduite à une semaine, alors qu’elle pouvait s’étaler jusqu’à cinq mois aujourd’hui. «Au plus le préavis est long, au plus le travail est stable. Pour des emplois qui nécessitent un diplôme rare, ce n’est pas un problème car on peut imaginer que le travailleur négociera un contrat sans période d’essai. Mais pour les emplois plus communs, cela risque de s’imposer. Au final, on ne peut pas dire qu’il s’agit d’une mesure permettant d’insérer durablement les travailleurs sur le marché de l’emploi.»
Côté syndical, chacun voit naturellement midi à sa porte. Le Syndicat National des Indépendants se dit soulagé, «beaucoup réfléchissaient à deux fois avant d’engager, craignant de se tromper dans le choix de leur collaborateur». La FGTB, qui accuse la mesure de rompre l’équilibre entre ouvriers et employés par une harmonisation de ces statuts spéciaux, redoute une flexibilisation encore plus forte du marché du travail, et une compétition accrue entre les demandeurs d’emploi. «En limitant le délai de préavis à une semaine pour les personnes ayant moins de six mois d’ancienneté, il ne sera peut-être plus nécessaire de recourir à un contrat temporaire. En effet, même dans le cas d’un contrat à durée indéterminée, seul un délai de préavis d’une semaine doit être pris en compte pendant les six premiers mois. »