90% d'un panneau solaire peut être recyclé.

Le boom (et les défis) du recyclage de vos vieux panneaux photovoltaïques: ce silicium qui vaut de l’or

Le recyclage des panneaux photovoltaïques s’impose comme un nouveau défi. En Belgique, les quantités collectées explosent et des réflexions sont menées pour améliorer leur traitement.

Un investissement durable, bénéfique pour le portefeuille mais aussi l’environnement sur le long, voire le moyen terme: l’installation de panneaux photovoltaïques a le vent en poupe ces dernières années. En 2023, 4,4 millions de ces panneaux ont été déclarés en Belgique, un record. Si ce chiffre a depuis baissé (2,3 millions en 2024), un autre est en constante augmentation: celui concernant le volume de panneaux solaires recyclés.

1,5 euro de contribution environnementale

En 2024, 1.491 tonnes ont été collectées pour le recyclage dans le pays, soit plus du double comparé à 2023. Sur les premiers mois de 2025, ce chiffre était déjà de 1.100 tonnes. «Il est difficile d’estimer si cette croissance va continuer à être importante ou non. Mais de grandes quantités de panneaux vont devoir être remplacées, car leur durée de vie est en moyenne d’une vingtaine d’années. De nombreuses entreprises remplacent aussi leurs anciens panneaux par d’autres moins chers et plus efficaces», analyse Johan Goossens, directeur national de PV Cycle.

Cet organisme est chargé de coordonner au niveau national la collecte et le recyclage des vieux panneaux solaires, qui ne vont donc pas à la poubelle: 90% des matériaux peuvent être recyclés. «Le coût de cette action est financé par la contribution environnementale d’1,50 euro, versée automatiquement par un particulier ou une entreprise dès qu’un panneau est installé. Lorsqu’un panneau arrive en fin de vie, cela garantit qu’il sera bien collecté et recyclé.» Cette collecte est généralement assurée par un professionnel, mais un particulier peut également décider de retirer lui-même un panneau lui appartenant: il faudra alors le déposer dans l’un des 100 points prévus à cet effet à travers le pays.

«Cela ne concerne que les petites quantités: s’il y a plus de 40 panneaux à enlever, il faut alors contacter PV Cycle et nous venons sur place, ajoute Johan Goossens. Notre mission est aussi d’informer les différents intervenants, dont le client final, mais aussi les professionnels qui vont jouer un rôle d’intermédiaire et qu’il faut responsabiliser en tant qu’installateur.»

«Un mille-feuille» complexe à recycler

Vient alors l’étape du recyclage, assuré côté francophone par l’entreprise Comet. «La première étape, c’est de retirer le cadre, panneau par panneau, puis la connectique, via une opération automatisée, détaille Gregory Lewis, responsable R&D chez Comet. On va se retrouver ensuite avec le cœur du panneau, un mille-feuille assez complexe avec toute une série de couches reliées les unes aux autres. Il faut alors désolidariser tous les composants, avec par exemple le plastique qui compose l’arrière ou encore le silicium.» Ce dernier, un matériau semi-conducteur qui se raréfie et reste très énergivore à produire, représente quatre à cinq pour cent du poids d’un panneau et permet de convertir l’énergie lumineuse en énergie électrique.

«Quand vous regardez un panneau, il paraît bleu ou noir: ce sont les gaufrettes de silicium en-dessous du verre», éclaire Gregory Lewis, qui ajoute qu’un service pilote permettant de mieux mettre en valeur ce matériau difficile à recycler va être mis en place par Comet. Aluminium, cuivre, argent, verre: tous les matériaux vont aussi pouvoir être recyclés après divers processus et réinjectés des circuits les plus courts possibles… ou presque. «Il ne restera qu’un résidu composé de plastique, placé en centre d’enfouissement technique», précise le responsable R&D de Comet.

De nombreux points d’amélioration

Cela fait partie des points d’amélioration subsistant pour une filière finalement récente et en perpétuel développement sur le plan technologique. Surtout que ce défi s’annonce encore plus important dans les années à venir. «Le marché des panneaux photovoltaïques grandit très rapidement: la production double tous les trois ans et cela va continuer. Nous allons donc devoir utiliser de plus en plus de ressources et d’énergie pour les construire, et cela va poser des problèmes», analyse Michaël Daenen, professeur en technologie de l’ingénierie à l’université de Hasselt, spécialisé dans les énergies vertes et qui travaille notamment sur la fiabilité et la durabilité des panneaux solaires au sein du projet PV RESILIENCE.

«Rendre les panneaux solaires plus facilement démontables, plus durables, avec plus de matériaux recyclables et recyclés»

Michaël Daenen, professeur en technologie de l’ingénierie à l’université de Hasselt

«Nous effectuons des recherches pour utiliser de moins en moins de matériaux rares, mais aussi pour rendre les panneaux solaires plus facilement démontables, plus durables, avec plus de matériaux recyclables et recyclés.» Ces panneaux sont conçus «sans encapsulant», c’est-à-dire sans la couche plastique habituellement utilisée pour emprisonner et protéger les cellules solaires, ou avec des encapsulants facilement démontables, de manière à faciliter leur réparation et surtout leur réutilisation.

C’est là l’un des paradoxes de ce pilier des énergies renouvelables: la quasi totalité des «vieux» panneaux solaires ne peuvent pas être utilisés pour construire les «nouveaux». «Il faut du silicium très pur, qu’on ne peut pas encore atteindre après le recyclage», concède Johan Goossens, ajoutant que PV Cycle effectue un travail de standardisation pour définir les critères (techniques, sécurité…) qui pourraient permettre à terme de réutiliser des panneaux démantelés qui auraient encore un rendement suffisant pour être réutilisés. «Il faut nuancer le potentiel de cette réutilisation, car il y aura plusieurs tests à réaliser et cela représentera aussi du temps, de l’énergie et surtout un coût: sera-t-il moins important comparé à celui d’un nouveau panneau? Il n’est pas non plus gagné d’avance qu’un marché soit possible pour ce genre de panneau.»

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Expertise Partenaire