Les commandes en ligne entrent dans leur période la plus chargée alors que trois jours de grève nationale sont annoncés la semaine du Black Friday. Bpost promet de limiter la casse, mais prévient que les délais de livraison risquent d’augmenter dès la fin novembre et jusqu’aux fêtes.
L’excuse du «Je suis désolé, la livraison de ton cadeau prend plus de temps que prévu» ne sera jamais aussi vraie que cette année. Bpost se prépare à rentrer dans deux mois de livraisons intensives de colis. Première échéance, la Black Week (du 24 au 30 novembre) et son emblématique Black Friday (28 novembre), qui seront perturbés par trois jours de grève nationale, du 24 au 26 novembre.
Toute la chaîne de livraison va subir des ralentissements durant ces trois jours de piquet. «Une partie significative des employés participeront au mouvement. Mais nous éviterons la paralysie totale», ont fait savoir les délégués syndicaux de l’entreprise. Le timing ne joue pas en faveur de Bpost, qui s’attend plutôt à atteindre des records du nombre de colis traités, mais avec du personnel en moins pendant trois jours.
D’importants retards de plusieurs jours sont déjà prévus. Lors de la journée d’action nationale du 14 octobre, l’entreprise postale affirmait que 91% des facteurs avaient commencé le travail à Bruxelles, contre 59% en Wallonie, malgré une activité dans les centres de tri «chamboulée». Un avertissement circulait sur leur site: «En raison de la manifestation nationale, la livraison de votre colis et/ou lettre peut prendre plus de temps que prévu».
Pour cette période de grève plus longue et impactante pour les services de livraisons, la société postale belge va mobiliser un maximum de ses employés en renfort pour soutenir ses centres de tri et envois postaux. 700 volontaires, essentiellement du personnel du siège central habitués à des tâches de bureau, vont enfiler les gants, ou se transformer en facteurs. «Beaucoup d’employés et même des cadres vont devoir assurer deux shifts de nuit dans un centre de tri», explique Laura Cerrada Crespo, porte-parole de Bpost.
Moins d’employés, plus de colis
Ces dernières années, la stratégie de Bpost a été de réduire son nombre d’employés à temps plein (ETP) et de travailleurs temporaires, «afin de compenser les indexations salariales». Ce choix est confirmé noir sur blanc dans les résultats du troisième trimestre 2025. Le groupe explique que la légère baisse des charges d’exploitation est «principalement due à la diminution du nombre d’ETP et d’intérimaires», alors que les volumes de colis continuent à augmenter de presque 3% par an.
Les trois jours de grève nationale, deux jours avant le Black Friday, font tout de même planer un vent de panique. Tous les ingrédients sont présents pour faire vivre à Bpost une période de sueur intense: réduction d’effectifs, recrutement d’intérims et d’étudiants, grèves, explosion de la demande de livraison de colis…
Au total, en plus de la solidarité de main-d’œuvre au sein de l’entreprise, c’est plus de 1.500 intérimaires et étudiants qui sont appelés en renfort pour aider à traiter les demandes. Et ce jusqu’à la fin de la période des fêtes. «Ces derniers ne seront pas mobilisés lors des trois journées de grève nationale de la semaine prochaine, explique Bpost. Pour y faire face, nous augmentons notre capacité de tri grâce à l’ajout de tapis roulants. Nous mobiliserons également 1.000 camionnettes supplémentaires pour la livraison des colis.»
Hors période de fêtes, Bpost traite environ 500.000 colis par jour. «Ce chiffre peut facilement dépasser la barre des 700.000 colis lors des pics de novembre et décembre. L’année dernière, le record a été atteint le 4 décembre avec 813.000 colis livrés en une seule journée», explique la porte-parole de l’entreprise.
Dans une communication sur la période de fin d’année 2021, Bpost expliquait avoir livré «quelque onze millions de colis» entre le Black Friday et le Nouvel An, dont 622.000 pour la seule journée du 1er décembre. Dans ses comptes annuels 2023, le groupe évoque déjà plus de quinze millions de colis livrés en Belgique entre le Black Friday et la Saint-Sylvestre, avec là aussi des pics à plus de 700.000 colis en une journée.
Pour 2025, Bpost ne donne pas encore de chiffre global, mais le groupe assure que ses équipes sont «prêtes à gérer ce pic» et qu’il dispose de l’outillage nécessaire, des tournées réorganisées et un nouveau modèle d’exploitation pour absorber ces volumes.
Comment réduire les retards?
Une partie de la solution se joue dans les centres de tri et sur les tournées, mais une autre dépend des choix des personnes qui commandent en ligne. Bpost insiste depuis plusieurs années sur un point simple: faire livrer les achats en points d’enlèvement plutôt qu’à domicile réduit la pression sur le réseau, limite les kilomètres parcourus par les camionnettes et diminue le risque de voir des colis repartir au dépôt en cas d’absence.
L’entreprise revendique aujourd’hui plus de 3.500 points d’enlèvement en Belgique. Des librairies, supermarchés, bureaux de poste ou stations-service où les colis peuvent être déposés, puis retirés sur des plages horaires plus larges que les tournées classiques. Selon Bpost, il existe toujours un point d’enlèvement «dans le quartier ou sur la route», à quelques minutes de route tout au plus.
Concrètement, une tournée de facteur qui dépose une centaine de colis dans un même point d’enlèvement concentre les livraisons au lieu de multiplier les arrêts devant chaque maison. Les colis ne doivent pas non plus être représentés une deuxième fois si la personne n’est pas là. Les camionnettes passent moins de temps sur la route, les centres de tri dégagent de la capacité pour traiter de nouveaux flux, et évitent des «embouteillages de colis». Le risque de retard en chaîne diminue. Bpost résume ce raisonnement en interne en parlant de volumes «hors domicile», plus faciles à absorber que des livraisons éparpillées.
