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«Allô? J’aimerais vous proposer un travail»: quand les escrocs vous appelent pour vous soutirer de l’argent

Des escrocs ont mis au point une nouvelle technique pour soutirer de l’argent ou des informations sensibles: désormais, ils promettent… des emplois. Leurs lieux d’action sont multiples, des appels téléphoniques aux messageries instantanées, en passant par les réseaux sociaux.

De fausses offres de travail venant d’escrocs patentés circulent de plus en plus fréquemment sur les réseaux sociaux, les applications de messagerie et certains portails spécialisés, avertit Febelfin, la fédération du secteur financier. Ces annonces visent à soutirer des données personnelles ou de l’argent.

Les fraudeurs se présentent comme des recruteurs ou des agences d’intérim et contactent directement via WhatsApp, Telegram, LinkedIn. Ils appellent parfois directement leurs potentielles victimes via un numéro étranger (notamment avec l’indicatif français +33). Si l’appelé décroche, un message préenregistré se lance: «Allô? J’aimerais vous parler de travail. Ajoutez-moi sur WhatsApp, s’il vous plaît.» Une fois passé sur la messagerie chiffrée, les escrocs promettent des gains substantiels en un temps record: de100 à 300 euros pour 60 à 90 minutes de travail quotidien.

Sur WhatsApp, les escrocs promettent un travail facile contre rémunération. Si la victime accepte, le piège se referme. © Febelfin

Les arnaqueurs ont deux moyens de récupérer des numéros. La première, via l’achat de données piratées, indique Olivier Bonaventure, professeur d’informatique et d’ingénierie de l’UCLouvain. La seconde, grâce au web scraping, qui consiste à utiliser des bots qui collectent de manière automatique les données et contenus à partir d’un site, ajoute Michele Rignanese, porte-parole du Centre pour la Cybersécurité Belgique (CCB).

Quant aux numéros utilisés par les appelants, il peut s’agir de la technique du spoofing (usurper, parodier), qui permet d’afficher un faux numéro qui pourrait sembler légitime sur l’écran de la victime. «Les arnaqueurs relocalisent ainsi l’appel dans une certaine région pour coller au lieu où vit la victime. Même si, parfois, l’appel vient de l’éranger», commente le spécialiste en cybersécurité. Il est aussi possible que les numéros soient achetés dans l’unique but de réaliser des arnaques, indique Charline Gorez, porte-parole de Febelfin. «Au fur et à mesure que ces numéros arrivent sur les listes noires des opérateurs, les arnaqueurs en achètent de nouveau, et le cycle continue», précise Michele Rignanese.

Les jeunes, cibles potentielles

Plus alarmant encore: les arnaqueurs sévissent aussi sur les réseaux sociaux, à l’instar de TikTok. Le réseau social chinois est interdit aux moins de 13 ans (et autorisé pour les 13-17 ans avec l’aval d’un adulte). Pourtant, en 2020, les 10-19 ans représentaient déjà 25% des utilisateurs à travers le monde, selon une étude de Kantar Media.

On y trouve, par exemple, une annonce vidéo (mal) doublée avec l’intelligence artificielle promettant des gains allant 20 à 200 euros pour visionner des contenus en ligne. Temps nécessaire pour effectuer cette tâche? De deux à cinq minutes, selon les escrocs. Une autre publication sur le même réseau social, cette fois sous forme de photo, assure qu’il est possible de gagner 40 à 800 euros en regardant des courtes vidéos de dix à quinze secondes. De quoi faire rêver.

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Qu’il s’agisse des réseaux sociaux, d’un appel téléphonique ou d’un message reçu sur WhatsApp, les escrocs pratiquent l’ingénierie sociale. «Ils vont vous amener à vous connecter à un site frauduleux, qui prend parfois l’aspect d’un site légitime, pour que vous y laissiez vos données personnelles», prévient le porte-parole du CCB. Pour instaurer une forme de confiance et amener les victimes à faire ce qu’ils souhaitent, ces escrocs peuvent parfois verser une première rémunération, avant que ne surviennent des demandes de transferts d’argent ou de partage d’informations sensibles. Certaines victimes sont ensuite utilisées comme «mules financières», leur compte bancaire servant au blanchiment d’argent.

Comment éviter le piège?

Plusieurs signaux doivent alerter:

  • Une offre reçue sans l’avoir sollicitée;
  • Des conditions de travail trop avantageuses (salaire élevé, peu de travail, aucune expérience requise);
  • L’absence d’entretien d’embauche;
  • Une demande de paiement anticipé.

Les contacts proviennent souvent d’adresses e-mail génériques ou de numéros inconnus.

Febelfin recommande de ne jamais répondre à ces sollicitations, de vérifier l’authenticité de l’offre auprès de l’entreprise mentionnée, de ne jamais payer pour obtenir un emploi et de ne pas partager de données sensibles via les réseaux sociaux ou les applications de messagerie. En cas de fraude, il est conseillé de couper immédiatement tout contact avec l’escroc, de signaler le profil ou l’annonce, d’envoyer une capture d’écran du message à suspect@safeonweb.be, de prévenir sa banque en cas de paiement et de déposer plainte auprès de la police. Il est possible également de signaler toute arnaque sur le site via la plateforme ConsumerConnect du SPF Economie.

(Avec Belga)

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