Vampire Weekend était de retour au Pukkelpop vendredi après cinq ans d'absence en Belgique. ©  Steve Jennings/Getty Images

Vampire Weekend de retour au Pukkelpop après 6 ans d’absence en Belgique: Ezra Koenig n’a pas changé

Julien Broquet Journaliste musique et télé

17 ans après la sortie de son premier album, que reste-t-il de Vampire Weekend? De la fraîcheur et des couleurs.

Catapultés sur le devant de la scène indé par un premier album aussi irrésistible qu’ensoleillé, Vampire Weekend a en 2008 fait souffler un vent de fraicheur et d’exotisme sur un rock alors pas très bariolé. A l’époque, les amateurs éclairés de guitares ne juraient que par les Arctic Monkeys et les White Stripes. Les vilains Killers de Las Vegas partaient à la conquête des stades. Et l’avènement d’internet faisait frémir toute l’industrie.

Quelques mois avant de le sortir sur support physique, Radiohead, qui s’était déjà pris de passion pour l’électronique et n’était plus sous contrat avec EMI, venait d’ailleurs de proposer son nouvel album, In Rainbows, en téléchargement à un prix déterminé par l’acheteur. Même qu’il pouvait décider de ne rien payer en dehors des 45 pences (0,68 euro) de frais fixes.

Dans ce contexte chamboulé et un peu moribond, Ezra Koenig, Rostam Batmanglij, Chris Tomson et Chris Baio insufflaient une ouverture, une érudition et des couleurs bienvenues. Etudiants en musicologie sur les bancs de la faculté de Columbia (New York), les quatre Américains revendiquaient à la fois l’influence de la musique classique occidentale et de la musique populaire africaine. Tandis que le world wild web était définitivement son allié. Lui permettant d’attirer l’attention du public et des professionnels. Plus qu’un groupe internet (la bande à Alex Turner avait déjà montré comment exploiter la toile), Vampire Weekend allait incarner le hipster chic avec sa pop légère et savante, son look sage et ses bonnes manières…

17 ans plus tard, la planète a changé. Le monde est un village sens dessus dessous. Et celui de la musique célèbre plus que jamais le grand mélange des genres. Quant à Vampire Weekend, il a abandonné un gros label indé (XL) pour une major (Sony) et s’est un peu coupé de ses références africaines. Ce goût pour l’ailleurs qui lui avait valu des comparaisons avec Paul Simon période Graceland.

Le claviériste Rostam Batmanglij a quitté le navire en 2016 pour se concentrer sur sa carrière de producteur et de compositeur. Mais ce vendredi au Pukkelpop, les Américains ont débarqué en force. Violon, saxophone… Ils sont huit sur scène. Et apparemment contents d’être là (leur dernier concert en Belgique remonte à six ans et à un passage par l’AB quelques mois avant le début de la pandémie). Ezra Koenig n’a pas changé. Il a toujours ce visage poupon et imberbe. Et a tellement de cheveux sur la caboche qu’il a l’air de porter une perruque. Sa voix n’a pas bougé non plus. Toujours aussi douce et juvénile.

L’an dernier, Vampire Weekend a sorti son cinquième album, Only God Was Above US. Un disque rempli de pop songs à rebondissement salué pour sa maturité et sa complexité. Et c’est avec deux titres qui en sont extraits qu’il entame son concert. Prestation de festival, setlist best of. Tandis que défilent sur écran géant des images de New York en guise de décor, Koenig et sa bande picorent dans leur discographie. Leurs meilleures chansons figurent clairement sur leur premier album et ça tombe bien, c’est le mieux représenté de la soirée. Quasiment toute la fin du concert lui est d’ailleurs consacrée. Dans la foulée de Cousins (le tube de Contra), Vampire Weekend enchaine A-Punk, Campus et Oxford Comma avant de dire au revoir à la Marquee avec ce bon vieux Walcott. «Désolé. On n’a plus le temps que pour une seule chanson. Mais ne vous en faites pas. On reviendra. Et on jouera plus d’une heure la prochaine fois.» Rendez-vous est pris.

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