Sur une scène de crime, les premiers prélèvements sont essentiels. © BELGA

Comment des mouches aident à élucider des crimes

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Damien Charabidzé a mis ses compétences d’entomologiste médico-légal pour aider la justice dans certaines affaires. En étudiant notamment les activités des asticots…

La biologiste Audrey Dussutour parle juste quand elle assène dans la préface du livre Le Petit Peuple des cadavres que «les asticots dégoûtent, les crimes fascinent». Une fois la répugnance –provisoirement– surmontée, le voyage dans les méandres de son métier d’expert en entomologie médico-légale auquel invite l’auteur Damien Charabidzé se révèle passionnant. Comme peut le faire un médecin légiste dans les premières heures de la découverte d’un corps, l’entomologiste l’étudie, lui, quand il est entré en décomposition et est envahi par les asticots, mais avec le même objectif: déterminer à quand remonte la mort. «Le raisonnement est simple, explique l’auteur. Les mouches nécrophages […] ne pondent que sur des cadavres. Donc si elles ont pondu quatre jours avant la découverte du corps, c’est que la victime était déjà morte à ce moment.» Une information qui peut être décisive pour élucider une affaire judiciaire. Mais il s’agit là d’un cas simple. D’autres le sont beaucoup moins.

Auriez-vous imaginé que l’étude des activités d’asticots aurait pu aider la justice?

On suit donc des –communément appelées– «mouches à merde» bleues ou vertes, les œufs qu’elles pondent, les larves (asticots) qui en éclosent, les pupes (l’enveloppe des œufs) pleines ou vides qui sont laissées sur place, et d’autres «travailleurs de la mort», dont des coléoptères. En théorie, «chaque insecte est attiré par un stade de décomposition précis». Mais «il est faux d’affirmer qu’une espèce arrive (sur un corps) à un délai post mortem fixe». Car d’autres critères interviennent comme les conditions climatiques sous lesquelles le cadavre a séjourné ou l’éventuelle enveloppe (couverture, plastique…) dans laquelle il a été placé.

Dans les exemples développés dans le livre, les analyses de Damien Charabidzé ou de certains de ses rares collègues ont permis d’établir ou d’affiner le moment de décès, y compris jusqu’à deux ans plus tôt. Elles ont aussi conduit à confondre un meurtrier parce que des pupes retrouvées dans la cave de son habitation ont démontré qu’un corps (celui d’un ami disparu) y avait été entreposé; ou à attribuer à un meurtrier de plusieurs femmes une nouvelle victime en prouvant que celle-ci avait subi les mêmes «plaies profondes et/ou ablation de tissus» que celles qu’il avait infligées aux autres. Auriez-vous imaginé que l’étude des activités d’asticots aurait pu aider la justice?

© DR

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