Les réseaux mobiles peuvent avoir du mal à absorber la charge lorsqu’un très grand nombre de personnes se retrouvent au même endroit. C’est notamment le cas avec l’afflux de festivaliers connectés. Les opérateurs font tout pour gonfler les capacités, mais font face à une consommation qui grimpe.
Devant soi, une nuée de smartphones, qui cachent parfois la scène et les artistes. Ça mitraille, ça filme, en direct ou pas, pour garder la trace d’un moment, d’une chanson, pour témoigner de sa présence. La musique se partage sur les réseaux sociaux et les souvenirs s’enregistrent en mégaoctets, en festival aussi. De plus en plus.
La concentration d’un nombre important de festivaliers au même endroit, consommant des données mobiles et passant des appels, représente chaque année un défi pour le réseau des opérateurs télécoms. Sur les gros événements de la saison des festivals, le renforcement des capacités est impératif pour éviter la saturation complète.
«Sur certains festivals, qui se déroulent là où le réseau est déjà existant et satisfaisant, nos équipes vont travailler à augmenter les capacités. C’est par exemple le cas pour les Francofolies à Spa, qui se déroulent en ville. Mais pour d’autres événements, le réseau sur place n’est parfois pas du tout adapté. Les concerts dans un champ, où il n’y a d’habitude que des vaches à l’année, nous demandent parfois d’installer une capacité équivalente à celle d’une ville comme Namur pour trois jours de concerts», détaille Haroun Fenaux, porte-parole de Proximus.
Différents types de saturation
Ce renforcement, ou l’installation complète d’antennes provisoires, ne suffit parfois pas. Des coupures peuvent survenir, rendant l’accès au réseau mobile impossible. «Il peut y avoir plusieurs saturations, soit parce qu’on dépasse le nombre maximum de personnes qui peuvent se connecter en même temps sur une même antenne, soit le volume des données transmises déborde les capacités prévues. En festival, on constate toujours des pics à certains moments, par exemple entre les concerts, où il y a d’un coup un afflux. Les gens partagent des choses à ces moments-là et consultent davantage leur smartphone», poursuit-il.
«Lorsque le réseau sature, c’est toujours dû à une combinaison de facteurs, ajoute Romain Bertrand, du service presse d’Orange. Ce n’est pas tant l’augmentation du nombre de personnes, car chaque festival affiche une certaine jauge connue à l’avance, mais la consommation globale grimpe nettement. Pour l’entièreté de la période des festivals, cela représente désormais 220.000 Go (gigaoctets) de données échangées via le réseau 5G et 400.000 Go en 4G.»
Pour saisir l’ampleur de ces chiffres, la comparaison avec la consommation totale de 5G, tous opérateurs confondus, est éclairante: elle représentait 240.000 Go pour toute l’année 2021, selon les données de l’IBPT, le régulateur des opérateurs. Ce chiffre a été multiplié par 860 en 2024, sans freiner la consommation mobile 4G, qui a encore doublé sur la même période.
En cas de saturation sur la bande 4G, l’utilisateur peut éventuellement essayer de basculer sur la 5G si son appareil le lui permet, ou vice-versa. La 5G, plus rapide et qui absorbe plus facilement les grosses charges, doit notamment permettre de répondre plus facilement à ce besoin croissant de consommation. Pour autant que la couverture du réseau sur place soit suffisante, évidemment.
Pour des centaines d’événements, mais pas tous
Outre les festivaliers, le réseau sert aussi à l’organisation et aux services gravitant autour de l’événement. Pour les paiements sur place ou la connectivité d’autres services, le réseau mobile se montre plus simple que de tirer des câbles et prévoir des installations réseau suffisantes. Certaines bandes de fréquences du réseau mobile peuvent d’ailleurs être réservées à certains services lors de festivals, afin d’assurer leur bon fonctionnement permanent.
La qualité de la couverture lors de grands événements est également surveillée par les opérateurs, avec des ingénieurs et techniciens prêts à intervenir en cas de problème. La collaboration entre les festivals et les sociétés télécoms est évidemment vue comme cruciale, pour tous les acteurs. Ne plus pouvoir accepter de paiements au bar parce que le réseau sature représenterait une perte difficile à encaisser.
Ces dispositions valent pour plusieurs centaines d’événements musicaux par an en Belgique, auxquels les opérateurs sont parfois associés très étroitement, s’y affichant comme sponsors. Mais il est impossible de couvrir toutes les festivités du pays, concèdent les deux porte-paroles.
Certains concerts, jugés moins critiques du point de vue de l’affluence ou localisés dans des endroits bien couverts en réseau, ne mobiliseront donc pas forcément les opérateurs. C’est alors le réseau en place, habituel, qui est chargé d’absorber le flux, aussi exceptionnel soit-il. Les coupures, si elles interviennent, ne disparaîtront généralement que lorsque la charge diminuera, souvent après dispersion de la foule. Les vidéos des derniers artistes populaires devront attendre.