Boisson fétiche des hackers berlinois et des fêtards en quête d’endurance, le Club-Maté, pétillant breuvage à base de yerba maté venue d’Amérique du Sud, connaît un essor fulgurant en Belgique. Prôné par certains pour sa faible teneur en sucre, il s’impose aujourd’hui comme une alternative aux sodas traditionnels.
On le boit à température fraîche, en plein blocus pour booster sa concentration, ou en sortie le week-end, pour danser toute la nuit. Certains le préfèrent au naturel, d’autres au goût grenade. Le Club-Maté, cette boisson gazeuse dont la couleur et la mousse blanche qui se forme sur la lèvre supérieure à chaque gorgée rappellent la bière, rencontre un franc succès en Belgique depuis trois ou quatre ans. Dans les supermarchés, dans les bars, dans les boîtes de nuit… ceux qui l’ont déjà adopté ne jurent que par ça, les autres en ont sûrement entendu parler.
Il suffit de voir le nombre de bacs de Club-Maté entassés dans certains Delhaize bruxellois, où les volumes semblent inépuisables. Ou encore dans ces Carrefour express où leurs boîtes sont mises en évidence près des caisses. «On remarque un taux de croissance des ventes de 60% par an dans nos magasins depuis leur première commercialisation en 2022», détaille Roel Dekelver, porte-parole de Delhaize Belgique. D’après les rapports chiffrés du groupe, le Club-Maté est principalement commercialisé dans les grandes villes telles que Bruxelles, Liège, Gand et Anvers. Chez Carrefour, on note une «progression significative par rapport à l’année précédente». «De manière générale, nous observons un véritable engouement des consommateurs pour des boissons plus saines.»
De l’Amérique du Sud à Berlin
Si son succès semble récent, le Club-Maté existe pourtant depuis 1924. Créée par des brasseurs allemands du fin fond de la Bavière, la boisson pétillante à base de feuilles de yerba maté cultivées en Amérique du Sud est restée peu connue jusqu’en 1994, au moment d’être rachetée par la brasserie Loscher. Le yerba est réputé pour ses vertus stimulantes riches en caféine, aux effets semblables à ceux du café ou du thé.
Et qui dit caféine, dit concentration et mémorisation. Les hackers berlinois vont s’en emparer dans les années 1980, avant de faire connaître cette potion magique qui booste leur système cognitif et les fait tenir des nuits entières sans risque de tachycardies, à leurs comparses du monde entier. Aux activistes numériques se succéderont les clubbers berlinois. Une alternative peu sucrée et non alcoolisée –à condition de ne pas le mélanger à du rhum, de la vodka ou du whisky– qui fait tenir les fêtards jusqu’au petit matin.
Peu sucré?
Les friands du Club-Maté vanteront sa teneur en sucre moindre que les sodas habituels. La marque se targue d’ailleurs d’un pourcentage qui n’atteint «que 5%» –soit deux fois moins qu’un cola classique– et aucun faux sucre (aspartame, stévia, etc.). «Ce n’est pas complètement vrai, ce sucre n’est pas naturel et du sirop de glucose y a été ajouté», dément Eléonore de Richecour, diététicienne.
Valentine Verdin, elle aussi nutritionniste, ne recommande aucune boisson sucrée à ses patients: «Le format standard de 500 ml contient tout de même 25 g de sucre, ce qui représente cinq morceaux de sucre par bouteille. Ce n’est pas négligeable.»
Autre argument de vente: les qualités détoxifiantes et antioxydantes de la plante maté, adoubée par les influenceurs bien-être qui l’utilisent notamment dans des tisanes nouvelle génération. «On y retrouve effectivement de l’extrait de maté, mais ce n’est pas comparable avec la boisson d’Amérique Latine qui contient juste du maté et de l’eau», met en garde Eléonore de Richecour.
Gare aux excès
Pris isolément, le maté –qui est donc très riche en caféine (un Club-Maté contient 20 mg de caféine pour 100 ml, là où un expresso en comporte 6,5)– possède un effet énergisant plus régulier et plus progressif que le café, explique la diététicienne. «La caféine n’est pas mauvaise pour la santé», rappelle Valentine Verdin, «à condition de ne pas dépasser 400 mg par jour pour un adulte en bonne santé».
L’OMS n’a pas émis d’avis à proprement parler sur le maté, mais met toutefois en garde contre une consommation excessive de ce dernier, «pouvant entraîner des insomnies, de la nervosité, des troubles digestifs ou des problèmes cardiaques». Les deux spécialistes interrogées résument: tout excès n’est jamais bon.
Pour Eléonore de Richecour, le Club-Maté reste une meilleure alternative aux sodas. «C’est un super substitut au coca ou n’importe quelle boisson –autre que l’eau– en festival, par exemple.» Valentine Verdin conseillera d’en boire occasionnellement, «lorsqu’il fait chaud et toujours en petite quantité»: «En principe, il faut limiter la consommation de soda de 330 ml à une fois toutes les deux semaines», rappelle-t-elle.
Le populaire Club-Maté n’est plus tout à fait tout seul sur le marché belge. L’entreprise noir-jaune-rouge Buddy, lancée en 2020, propose à la vente le Buddy yerba maté au sein de sa gamme de boissons énergisantes «100% naturelles». On pourrait citer encore les marques ChariTea, Kazidomi ou Bionade, qui se sont progressivement imposées parmi les alternatives solides à leur concurrent allemand.