Un jeune Palestinien s’est donné la mort dans la nuit 6 au 7 octobre au centre fermé 127 bis. Ses co-détenus ont entamé une grève de la faim.
Mahmoud F., un Palestinien de 26 ans, s’est donné la mort au centre de détention et de rapatriement 127 bis de Steenokkerzeel, durant la nuit du 6 au 7 octobre. L’Office des étrangers, qui a confirmé l’information au Vif, n’a pas souhaité faire de commentaire à ce stade, en attendant les conclusions du dossier. Selon nos informations, Mahmoud F. vivait en Belgique depuis plus de trois ans. En août dernier, il essuyait son second refus concernant sa demande d’asile. Trois jours plus tard, il apprenait le décès de sa mère, restée à Gaza. Il avait soumis sa première demande d’asile en Grèce.
Une grève de la faim s’amorce
Le jeune homme était enfermé au centre de Steenokkerzeel depuis bientôt trois mois. «Il participait régulièrement aux rassemblements organisés pour la Palestine devant la Bourse de Bruxelles», témoigne Dounia Largo, l’une de ses proches. Une autre source rapporte que l’état mental de la victime s’était dégradé. Selon son avocate, Me Gloria Mweze, «il avait des pensées suicidaires depuis quelque temps, il aurait dû être hospitalisé plutôt qu’enfermé. Je l’ai eu hier soir au téléphone, il était encore désemparé, désespéré. Je devais introduire une requête de mise en liberté ce mardi.»
Dounia Largo précise qu’avec d’autres militants, elle déposera prochainement une plainte pour qu’une enquête soit ouverte sur les conditions à l’intérieur du centre 127 bis. «Depuis ce matin, son groupe de codétenus a entamé une grève de la faim pour attirer l’attention sur leurs conditions de détention, et notamment sur la gestion des traitements médicaux.» Dans l’après-midi, plusieurs détenus se sont rassemblés dans la cour pour protester, alors qu’une expulsion massive de ressortissants marocains était en cours dans le même temps. La situation sur place est donc très tendue, rapportent des témoins au Vif. L’Office des étrangers a dépêché un imam sur place afin de calmer la situation.
Contactée, l’association Getting The Voice Out, qui informe et alerte sur les conditions de détention en Belgique, confirme le début de la grève de la faim par 80% des détenus du centre fermé. «Dans le cas qui nous occupe aujourd’hui, il s’agit surtout d’une absence du suivi médical de monsieur F. Il recevait des calmants alors qu’il avait probablement besoin d’autres médicaments (NDLR: ce qu’indique également l’avocate du jeune homme)», relate Getting The Voice Out qui estime que l’Etat belge et les institutions impliquées portent une responsabilité dans ce décès. «On gère les médicaments au cas par cas, et chaque cas est supervisé par un médecin», pointe de son côté l’ODE.