Des milliers de manifestants sont attendus dans les rues de Bruxelles, jeudi, pour défendre le secteur non-marchand. Infirmières, puéricultrices ou encore éducateurs dénoncent les «politiques d’austérité» à tous les niveaux de pouvoir.
Six mois après avoir rassemblé près de 30.000 personnes dans la capitale, le non-marchand remet le couvert, jeudi. Le front commun syndical, représentant à la fois les travailleurs francophones et néerlandophones, issus du privé comme du public, appelle à la mobilisation face au manque de perspectives encourageantes pour le secteur. «Depuis novembre, rien n’a changé, regrette Eric Dubois, responsable sectoriel national CGSLB. Une nouvelle manifestation était donc inévitable pour répondre aux signaux très inquiétants envoyés par les différents niveaux de pouvoir.»
Concrètement, les professionnels de la santé, de la petite enfance, de l’aide à la jeunesse ou encore de la culture dénoncent les «politiques d’austérité» mises en place tant aux échelons fédéral que régional et communautaire. Voici leurs quatre principales revendications.
1. Un refinancement structurel du secteur
Les travailleurs réclament des trajectoires budgétaires d’investissement qui prennent en compte les besoins de la population. Or, celles-ci ne semblent pas figurer parmi les priorités politiques, dénonce Eric Dubois. «Si on trouve les moyens pour investir dans la Défense, on devrait aussi pouvoir les trouver pour garantir des soins et des services dignes aux citoyens.»
Le responsable de la CGSLB s’inquiète notamment de l’évolution de la norme de croissance pour le budget des soins de santé. Si l’Arizona a convenu de l’augmenter de 2 à 2,5% en 2025, elle repassera ensuite à 2% en 2026 et 2027, avant de grimper à 2,6% en 2028 et d’atteindre 3% en 2029. «Or, selon les estimations du Bureau du Plan, cette courbe devrait se chiffrer à 3,5% pour répondre aux besoins du secteur, notamment face à une population vieillissante qui nécessitera toujours plus de soins.» Une proposition qui figurait dans le programme électoral des Engagés, mais qui n’a pas été retenue par ses partenaires de coalition.
2. Des accords sociaux ambitieux
Comme d’autres secteurs, le non-marchand conclut régulièrement des accords sociaux avec les différents pouvoirs subsidiants, pour guider les réformes à entreprendre dans le milieu. En Fédération Wallonie-Bruxelles, par exemple, le dernier accord a été signé en mai 2023 et vaut jusque fin 2025. Mais à en croire les syndicats, les perspectives pour les futurs accords sont peu réjouissantes. «Ces textes sont censés redonner de l’attractivité au métier, rappelle Eric Dubois. Or, si l’on se réfère aux intentions des gouvernements dans la DPC, la DPR ou l’accord du fédéral, on ne va pas dans la bonne direction, ni sur le plan humain, ni sur le plan financier.»
3. Des conditions de travail dignes et attractives
Justement, l’un des grands défis du secteur est de pallier les pénuries de personnel. Pour ce faire, des conditions de travail «dignes, attractives et tenables» sont indispensables, estiment les syndicats. «On tire la sonnette d’alarme depuis longtemps, insiste Eric Dubois. Si on n’améliore pas les conditions de travail et salariales, on met en péril la qualité des soins et l’avenir du secteur. On en voit déjà les conséquences dans les hôpitaux, avec toute la difficulté à recruter du personnel infirmier, avec des délais d’attente aux urgences ou chez les spécialistes qui se prolongent.»
Le front commun syndical exige des mesures pour une meilleure conciliation entre vie professionnelle et privée. Il dénonce les mesures prises par le fédéral en matière d’allongement des carrières, de droits aux allocations de chômage et de travail à temps partiel. «Cette politique touche particulièrement les femmes alors que leur taux de représentation varie de 76% à 99,5% dans le non-marchand», souligne le Setca. «L’Arizona veut que les gens travaillent plus longtemps, mais ne fait rien pour améliorer les conditions de travail, observe Eric Dubois. Ca me paraît une équation difficile à résoudre.»
4. Une reconnaissance réelle
Enfin, le secteur exige une «reconnaissance réelle de l’utilité sociale» des métiers du non-marchand. «Pendant le Covid, tout le monde a applaudi le personnel soignant, rappelle le responsable sectoriel national CGSLB. On a fait du non-marchand un secteur essentiel, mais aujourd’hui, cette reconnaissance a disparu. Il faut absolument revaloriser les travailleurs et leur donner des perspectives engageantes à court et à long terme.»
En pratique
Le cortège s’élancera du quartier Nord et se dispersera aux abords de la place de l’Albertine. Le front commun donne rendez-vous aux manifestants à 10h30 à la Gare du Nord.
Les organisateurs espèrent rassembler 30.000 personnes, comme lors de la précédente édition.