Le taux d’absentéisme ne cesse d’augmenter, en Belgique, surtout parmi les travailleurs à temps partiel. Selon Christine Nauwelaers, experte RH, plusieurs raisons expliquent ce phénomène qui impacte non seulement les entreprises, mais aussi les collègues.
L’absentéisme de longue durée a augmenté de 4% au cours du premier semestre de 2025. Alors qu’à la même période en 2024, 3,36% des travailleurs étaient absents depuis plus d’un an, ils sont désormais 3,51%. Cela représente 105.086 travailleurs en Belgique, ressort-il d’une nouvelle étude publiée mardi par Securex. Pour la première fois depuis 2021, le nombre d’absences de moyenne durée (malades entre un mois et un an) se stabilise, avec une baisse non significative de 2,53% à 2,46%, ajoute le partenaire RH. L’absentéisme de courte durée (moins d’un mois), quant à lui, reste également stable à 2,73%.
Quand la tête et le corps ne suivent plus
Plusieurs raisons expliquent ce phénomène structurel, expose Christine Nauwelaers, HR consultant chez Securex. La première est sociétale: «Les problèmes psychologiques sont plus importants que par le passé, et ce, aussi bien dans la vie privée que dans la vie professionnelle. Ceux-ci ont un impact sur les travailleurs, ils génèrent épuisement et fatigue au sein de la population.»
La seconde raison évoquée par la spécialiste de l’absentéisme est le vieillissement de la population et le fait que les Belges travaillent désormais plus longtemps. «C’est évidemment compliqué pour un ouvrier présent sur des chantiers depuis 40 ans de devoir continuer cinq ans de plus, alors que son corps n’en est plus capable, souligne-t-elle. Plus ils travaillent à un âge avancé, plus les risques d’absentéisme sont importants.»
Christine Nauwelaers note, en outre, un déséquilibre entre les ouvriers et les employés de bureau. Si ces derniers bénéficient d’une plus grande flexibilité en matière de travail, ce n’est pas le cas des ouvriers. «Il est plus difficile pour un ouvrier de demander à son employeur d’adapter son travail en raison des limites de son âge et de son corps, que pour une personne qui travaille dans un bureau», poursuit l’experte, qui ajoute que recaser un ouvrier qui n’a connu que les chantiers dans un bureau n’est pas non plus une solution.
Des vies privée et professionnelle difficiles à concilier
Chez les travailleurs à temps plein, l’augmentation de l’absentéisme en un an a été progressive, passant de 2,15% à 2,99%. Tandis que parmi les travailleurs à temps partiel, la hausse des absences de longue durée est plus marquée, alors que leur nombre sur le marché du travail est resté stable au cours de ces dix dernières années. La proportion de malades de longue durée parmi les travailleurs à temps partiel a, en effet, plus que doublé en onze ans, passant de 2,13% au premier semestre de 2014 à 5,41% au premier semestre de 2025.
«A côté de leur travail, les personnes en temps partiel doivent garder des enfants ou s’occuper d’un parent malade. La plupart du temps, ce n’est pas la charge professionnelle qui pousse ces personnes à s’absenter, ce sont toutes leurs obligations liées à leur famille.»
Securex avance donc une autre hypothèse: les travailleurs à temps partiel sont majoritairement des femmes qui sont, de façon globale, plus souvent confrontées à une charge privée plus élevée. En détail, 4,79% des femmes sont absentes de longue durée, contre 2,68% des hommes. Cette proportion est encore plus élevée chez les femmes travaillant à temps partiel: 6,37% des femmes à temps partiel sont absentes de longue durée, contre 3,62% des femmes travaillant à temps plein.
«Les chiffres sont très clairs: 30,5% des mères travaillent à temps partiel, contre seulement 6% des pères. Il est erroné de penser que moins d’heures de travail entraînent automatiquement moins de stress, insiste la HR consultant. Le temps partiel n’est généralement pas un choix. A côté de leur travail, ces personnes doivent garder des enfants ou s’occuper d’un parent malade, par exemple. La plupart du temps, ce n’est pas la charge professionnelle qui pousse ces personnes à s’absenter, ce sont toutes leurs obligations liées à leur famille.»
Un absentéisme qui pèse sur les collègues
L’absentéisme est un cercle vicieux. Au sein des organisations structurées pour gérer ce type d’imprévu, les réponses à l’absentéisme sont limitées. Les employeurs peuvent faire appel à des intérimaires, mais dans 70% des entreprises, le patron préfère répartir le travail des absents entre les autres collègues, qui, à leur tour, seront plus enclins à poser des jours de congé pour des raisons psychologiques ou physiques.