Le télétravail à l’étranger, baptisé «workation», est une pratique de plus en plus courante. Mais pour rester dans la légalité, une communication transparente avec son employeur s’avère indispensable.
17h15: clap de fermeture de l’ordi. 17h20: plouf, un saut dans la mer. Télétravailler les pieds dans le sable, c’est un rêve devenu réalité pour certains Belges. Depuis la pandémie de Covid-19, les employés qui installent temporairement leur bureau à l’étranger sont d’ailleurs de plus en plus nombreux.
Mais pour un «workation» (contraction de work et vacation) réussi, plusieurs règles s’imposent. A commencer par obtenir l’accord explicite de son employeur. Cette forme de télétravail ne peut en aucun cas être considérée comme un droit acquis par le salarié, rappelle le secrétariat social Partena Professional. «Trop souvent, nous voyons des départements RH qui ne sont même pas informés de ces séjours professionnels à l’étranger», alerte Wim Lavaerts, business manager global employment chez Partena.
Pour éviter les mauvaises surprises, l’idéal est de conclure un accord écrit avec son employeur, qui mentionne le lieu du télétravail ainsi que la période et les horaires concernés. «Sinon, on considérera par défaut que le lieu d’exécution du télétravail est le domicile du travailleur», expose Catherine Mairy, legal expert chez Partena.
Workation: les mêmes obligations
Or, un accord écrit permet de se couvrir, notamment en cas d’accident. Ainsi, si le télétravailleur chute dans les escaliers du gîte qu’il loue dans les Ardennes ou en Provence au cours de sa période de travail, cette chute pourra être considérée comme un accident de travail et être couverte comme tel.
Mais derrière ses apparences, le «workation» ne peut aucunement s’apparenter à des vacances. Le travailleur nomade est soumis aux mêmes obligations que s’il travaillait au bureau ou à son domicile habituel. En termes d’équipement, il est tenu de se munir d’un PC portable fonctionnel et d’une connexion Internet sécurisée, stable et de qualité. «C’est une démarche qui incombe au télétravailleur», rappelle Catherine Mairy. Bref, pas question d’invoquer un «wifi foireux à l’hôtel» pour décliner une réunion Teams.
Gare aux surprises fiscales
En outre, le télétravailleur est également tenu de respecter les mêmes horaires de travail que d’habitude. Terminer une heure plus tôt pour profiter d’une balade en forêt, c’est non. L’employé doit également rester joignable durant les heures de travail, que ce soit pour son employeur, ses collègues ou ses potentiels clients. «Si le travailleur souhaite faire du télétravail dans un pays avec lequel la Belgique a un décalage horaire, cela risque bien évidemment de poser problème, soulève Catherine Mairy. Une concertation préalable avec l’employeur est alors essentielle.»
Enfin, en cas de séjour prolongé, le télétravailleur doit également être vigilant en termes de fiscalité et de sécurité sociale. Au-delà d’un certain nombre de semaines à l’étranger, «le télétravailleur pourrait devoir payer ses impôts et des cotisations dans le pays où il télétravaille», souligne Catherine Mairy. Pour éviter les déconvenues (para)fiscales, Partena Professional conseille à l’employé de s’informer en fonction du pays de destination, et de respecter scrupuleusement les conditions administratives imposées par celui-ci. «Le workation peut sembler flexible, mais une seule journée de trop à l’étranger peut déjà entraîner des répercussions», met en garde Wim Lavaerts.