Horeca: les étudiants joueront un rôle clé en tant que main-d'œuvre flexible et indispensable". © Getty

Ces métiers en première ligne face à l’intelligence artificielle: «77% des emplois à Bruxelles sont fortement exposés à l’IA»

A Bruxelles, plus de 300.000 emplois pourraient être menacés par l’intelligence artificielle dans les prochaines années. Une étude d’Actiris révèle les secteurs et métiers particulièrement vulnérables face à cette révolution technologique.

Dans son rapport publié en ce mois de mai, Actiris tire la sonnette d’alarme. Trois quarts des emplois de la Région bruxelloise seraient exposés à l’intelligence artificielle (IA), soit environ 643.000 postes. Parmi ceux-ci, près de la moitié sont jugés faiblement complémentaires à l’IA, signifiant que leur suppression pure et simple n’est pas à exclure.

Le secteur horeca, souvent caractérisé par ses emplois accessibles aux moins qualifiés, est particulièrement exposé. Parmi les métiers menacés, les réceptionnistes hôteliers seraient les premiers touchés. Les systèmes automatisés pourraient gérer une grande partie des interactions avec les clients, allant de la prise de réservation jusqu’à l’accueil, limitant fortement le besoin d’intervention humaine. A moyen terme, la technologie pourrait même s’immiscer dans les cuisines, optimisant le suivi des stocks, la cuisson automatique et la préparation des recettes des plats, réduisant encore les emplois disponibles pour des cuisiniers et commis.

L’étude d’Actiris rassure quand même le secteur de l’Horeca: «L’IA ne remplacera jamais totalement le facteur humain, particulièrement dans les établissements où l’interaction humaine est essentielle à l’expérience client.» Ce sont principalement les tâches répétitives ou administratives qui seraient automatisées, libérant certes du temps mais menaçant directement certains postes qui demandent peu de qualifications.

L’administratif en ligne de mire

L’étude pointe un risque élevé pour les métiers administratifs, qu’ils soient dans le secteur public ou privé. Des emplois tels que les assistants administratifs ou les secrétaires médicaux pourraient rapidement être automatisés. Les technologies comme l’IA générative faciliteraient la gestion documentaire, la rédaction de rapports et le suivi administratif, menaçant directement ces postes. «Des emplois actuellement indispensables, deviendront rapidement obsolètes avec l’émergence de l’intelligence artificielle», prévient l’étude. Des entreprises bruxelloises ont déjà annoncé la suppression progressive de postes administratifs pour les remplacer par des outils intelligents capables de gérer plus efficacement ces tâches.

Il en va de même pour le secteur financier et juridique. Comptable, juriste ou conseiller analytique, tous se rangent dans une catégorie de professions hautement complémentaires à l’intelligence artificielle. Si cela ne signifie pas que ces métiers sont voués à disparaître, le rapport d’Actiris prévient que ces professionnels devront s’adapter.

La santé pas épargnée

Selon l’étude d’Actiris, même les métiers très qualifiés ne seraient pas à l’abri de cette révolution numérique. Le secteur médical pourrait voir certaines tâches et diagnostics réalisés par des systèmes d’intelligence artificielle, notamment dans l’interprétation des résultats d’imagerie médicale ou la télémédecine. Les médecins généralistes et spécialistes verraient leur pratique transformée, devant désormais superviser et contrôler les résultats produits par les algorithmes.

«L’humain restera central, mais il devra maîtriser ces nouveaux outils pour rester pertinent», analyse le rapport. Dans ce contexte, la formation continue à ces technologies deviendra indispensable pour la majorité des professions, des plus exigeantes en qualifications aux moins spécialisées. En conclusion, Actiris insiste sur la nécessité pour les autorités publiques bruxelloises de prévoir dès maintenant une stratégie d’adaptation: formations spécifiques, accompagnement des reconversions professionnelles et sensibilisation aux nouveaux enjeux liés à l’IA.

L’exemple IBM

Si le rapport d’Actiris se concentre surtout sur les pertes d’emplois potentiels, IBM, pionnier de l’informatique et des nouvelles technologies, est un contre-exemple de leurs conclusions. En 2023, l’entreprise annonçait un plan de licenciement massif où 3.900 employés étaient concernés. Ce personnel a été remplacé par des outils d’intelligence artificielle, permettant une économie de plus de 3,5 milliards de dollars à la boîte américaine.

L’automatisation de ses tâches administratives par l’IA et l’épargne sur la masse salariale qui en a suivi, ont poussé l’entreprise à effectuer une vague de recrutement importante en vue d’étendre son offre à d’autres secteurs. Le plan de licenciement s’est donc transformé en séance de recrutement. Dans ce cas précis, pour ce géant de l’informatique, l’IA a créé des emplois. Une logique seulement possible pour des grands groupes et difficilement transposable à des petites et moyennes entreprises ou au secteur public.

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