Guy Verhofstadt et Emmanuel Macron © BELGA

Pourquoi Verhofstadt et Macron convolent-ils au parlement européen?

Kamiel Vermeylen Journaliste Knack.be

A Bruxelles, les partis libéraux veulent conquérir le Parlement européen avec Emmanuel Macron. Mais pour réaliser leurs ambitions, Verhofstadt et Co. ont encore beaucoup de travail devant eux.

La République en Marche (LREM), le parti du président français Emmanuel Macron, coopérera au niveau européen avec l’ Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ALDE) du chef du groupe Guy Verhofstadt. C’est ce qu’a déclaré la conseillère de Macron, Astrid Panosyan, lors du congrès de l’ALDE qui se tient dans la capitale espagnole, à Madrid.

Depuis un certain temps, le groupe ALDE et le LREM travaillent en coulisses sur une éventuelle coopération au niveau européen. Ce n’est pas un hasard si Verhofstadt était présent au lancement de La République En Marche BeNeLux en avril dernier. Par ailleurs, dans une interview au journal Ouest-France début septembre, Verhofstadt a déclaré que l’ALDE était prêt à former un groupe avec le LREM. Mais à l’époque, les Français trouvaient son flirt ouvert trop prématuré et ont écarté les déclarations de notre ancien Premier ministre.

C’est la première fois que le parti français annonce lui-même son intention de coopérer avec les libéraux européens. Le fait que le LREM ait opté pour un tandem avec les libéraux européens ne devrait pas être une surprise en termes de contenu, bien qu’une analyse effectuée par des politologues néerlandais montre qu’une coopération avec les démocrates-chrétiens européens aurait très bien pu réussir en termes de programme. Verhofstadt et Macron sont tous deux très fédéralistes et souhaitent poursuivre l’intégration européenne.

Verhofstadt se réjouit déjà de la coopération : « Nous abordons les élections avec énergie et représentons l’alternative au nationalisme et au populisme en Europe. Nous voulons également transformer la Commission en un gouvernement européen plus petit et plus efficace. Nous plaidons également en faveur de la suppression du droit de veto au Conseil européen », déclare Verhofstadt. Même si cette dernière proposition, fédéraliste, exige une modification du traité – ce qui n’est pas exactement prévu dans l’Union.

Nouveau nom, nouveau caractère

La forme que prendra l’alliance n’est pas encore tout à fait claire. Jusqu’à la prochaine conférence de l’ADLE à Berlin en février, les deux partis discuteront de l’évolution future des plans. Il est certain, cependant, que la campagne électorale ne se déroulera pas sous le nom générique d’ALDE. Selon les initiés, des noms tels que Team Europe, Generation Europe ou le plus chauvin Europe en Marche sont à l’étude.

Contrairement aux autres groupes européens, le parti ne veut pas nommer de président de commission de candidat individuel, mieux connu sous le nom de Spitzenkandidat. Ce système prévoit que seul un candidat désigné par les groupes politiques européens peut être élu président de la Commission. Cependant, le groupe ALDE est pour l’instant trop petit pour avoir une chance d’assurer la présidence, les libéraux considèrent ce processus comme fondamentalement injuste. En guise de déclaration, ils choisissent de présenter une série de candidats. Certains semblent les noms de la commissaire européenne chargée de la justice, des droits des consommateurs et de l’égalité des genres, Vera Jourová, et la commissaire européenne chargée de la concurrence, Margerete Vestager. Reste à voir si Verhofstadt figurera également sur la liste.

Tout comme en France, Macron veut que la nouvelle plateforme – ou peu importe comment vous l’appelez – modernise son allure pour percer le paysage des partis européens. Actuellement, le groupe ALDE est le quatrième de l’hémisphère européen avec 68 sièges. En 2014, le parti a été dépassé par quatre partis, respectivement le Parti populaire européen (PPE), les socialistes et démocrates (S&D) et les Conservateurs et réformistes européens.

Les libéraux européens estiment que le moment est venu d’avancer. Alors que le Royaume-Uni quittera l’Union européenne l’année prochaine – bien qu’il reste à voir comment – le S&D (Labour) et ECR (Conservatives) devront tenir compte d’une perte importante de sièges. Comme les Liberal Democrats n’ont qu’un siège au Parlement européen, une grande perte sera épargnée au groupe ALDE.

L’ambition est grande

Le Brexit ferait des libéraux européens le troisième plus grand parti de l’hémisphère européen. Mais l’ambition de Macron et Verhofstadt va au-delà de la troisième place sur l’échafaud. Comme les sociaux-démocrates d’une série de grands pays européens sont exposés aux coups, l’ambition du groupe ALDE est de dépasser le S&D. De cette façon, le parti peut également remporter un certain nombre de hauts postes européens.

Mais ce ne sera pas une tâche facile. Selon les enquêtes les plus récentes, le S&D compte encore 138 sièges, soit une perte possible de 53 sièges. Mais c’est encore beaucoup plus que les 93 sièges que l’ALDE et le LREM obtiendraient actuellement à Bruxelles. Les libéraux européens tentent de combler cet écart en convainquant les partis d’autres groupes de rejoindre leur nouvelle plate-forme. À cet égard, on regarde notamment les socialistes espagnols du PSOE, qui, sous l’impulsion de Pedro Sanchez, veulent prendre une nouvelle direction.

Selon le professeur de politique européenne Hendrik Vos, cette stratégie ne porte pas encore ses fruits. A un moment donné, Verhofstadt a même essayé de convaincre la N-VA et le mouvement italien 5 étoiles. Ce ne sont pas là les partis les plus europhiles. Ce serait fort si le groupe parvenait à devenir le deuxième plus grand « , dit Vos. Reste à voir si Macron et Verhofstadt sortiront quelques lapins de leur chapeau.

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